PASQUALE PAOLI ET LES PIÈVES DU CAMPOLORO MORIANI AU XVIIIe SIÈCLE.

PASQUALE PAOLI ET LES PIÈVES DU CAMPOLORO MORIANI AU XVIIIe SIÈCLE.

Parler de Pasquale PAOLI c'est se hisser d'emblée au niveau de la grande histoire de l'humanité et des grands courant de pensée qui ont contribué à l'émanciper.

Une conférence ayant pour objet de donner un contour au rôle joué par la région du Campoloro Moriani dans l'épopée du Général PAOLI qui a commencé à Padullella le 10 juillet 1739.

Ce jour là un adolescent Pasquale et son père Hyacinthe PAOLI s'embarquent pour l'exil.

Je déclinerai donc  mon propos en deux parties.

- Le contexte historique et politique qui conduit Pasquale PAOLI et son père à l'exil en 1739. 

- L'influence du Paolisme sur les Sociétés initiatiques du Campoloro Moriani

Si cette conférence nous ramène prés de trois siècles en arrière dans la vie de nos pièves, elle est aussi la conséquence de ce qu'est notre région aujourd'hui à travers les hommes et les femmes qui l'animent.

Cette conférence est née d'une idée de mes amis le Professeur Claude OLIVESI Universitaire auquel je rends hommage, et Corinne CHAMPIER de l'ADECEC association culturelle à laquelle j'ai l'honneur et le plaisir d'appartenir.

Le fond bibliographique utilisé est sensiblement le même que celui qui avait charpenté une précédente conférence sur "la Franc-Maçonnerie dans le rural Corse" que j'avais présentée au couvent Saint François de Cervioni le 5 mai 2000.

1°/ Le contexte historique et politique qui conduit Pasquale PAOLI et son père à l'exil en 1739. 

 

Pasquale PAOLI est né le 5 avril 1725 au hameau de la Stretta à MOROSAGLIA.

Il faut se resituer dans son époque et se représenter ce fils de chef charismatique reconnu par le peuple.

Son père Hyacinthe est un des dirigeants de l’insurrection contre GENES et il participe au gouvernement national en 1730. 

Les confréries religieuses jouent un rôle primordial en Corse à cette époque, en mars 1731, ce sont les 20 meilleurs théologiens de l'Ile qui déclarent "Que les peuples ont le droit de résister les armes à la main".

Pasquale PAOLI et son frère Clémente seront membres de la Confrérie du Rosaire.

C'est dans cet environnement qu'arrive un aventurier le Baron Théodore  de Neuhoff qui sera élu Roi le dimanche 15 avril 1736 à Alesani.

Ragon écrit que Théodore a été envoyé en Corse pour y établir une Loge Maçonnique. Il est vrai que Théodore appartient aux chevaliers teutons et à la Franc Maçonnerie.

Les Chevaliers Teutoniques sont un Ordre religieux de chevalerie fondé par des bourgeois de Brême et de Lübeck pendant le siège d’Acre (1191) où ils créèrent un hôpital, avant d’être transformé en ordre militaire (1198).

Ils sont soumis à la règle des Templiers pour le soin des malades, et dépendent étroitement de la curie. Leur uniforme est alors un manteau blanc avec une croix noire.

Théodore arrive en Corse avec les idées naissantes du siècle des lumières inspirées par les Encyclopédistes et les humanistes de la Renaissance.

Son élection est la négation de la monarchie de sang c'est la remise en cause des despotismes qui dirigent l'Europe. 

Mais les troupes françaises du Marquis de Maillebois ont vaincu celles du roi Théodore et ses partisans, dont la famille Paoli sont forcés à l'exil.

Tentons quelques instants de nous imaginer ce qui a du être un drame pour le jeune Pasquale âgé de 14 ans.

L'histoire nous a laissé le rapport que le Capitaine Giovanni KINIK envoi à Gênes "Les PAOLI sont escortés jusqu'à MORIANI par 30 chefs Corses à cheval et une grande escorte de paésani".

Hyacinthe est frappé par un décret d'exil, il laissera à Morosaglia le reste de la famille mais emmènera avec lui son fils le plus jeune Pasquale.

Hyacinthe sait que sans la proximité du père il n'y aura pas de salut pour le jeune adolescent qui sera l'objet de toutes les intrigues, de toutes les menaces physiques.

On s'embarquera pour Naples de l'autre côté de la plaine orientale.

La bas les Corses sont prisés dans le métier des armes et Hyacinthe sera intégré dans l'armée napolitaine.

Pour l'heure on s'affaire, les Paoli sont Nobles, de cette noblesse rurale qui n'a pas de serviteurs mais des partisans zélés.

Hyacinthe réuni les cousins les alliés.

Une famille apprête les montures, on charge les malles et les victuailles, un cousin des plus surs partira par un autre chemin avec l'argent et les documents.

On choisit de se déplacer par la vallée de l'Alesani pour arriver à Cervione d'où on enverra une escouade vers le Moriani pour préparer l'embarquement.

Un élément léger ouvre la route, les familles paolistes des villages qui se trouvent sur le parcours ont été prévenues.

Elles ont envoyé leurs combattants les plus jeunes pour assurer la garde de l'itinéraire.

Les chefs de familles viennent faire allégeance et marquer leur respect au vieux Chef et à son fils qui partent en exil.

Les plus pauvres apportent des victuailles, les plus riches des tissus et de l'argent mais tous pleurent.

Le jeune Pasquale ne dit rien, mais cet épisode a dû le marquer pour la vie. 

En bon militaire Hyacinthe a choisi cet itinéraire car il se situe en milieu favorable et qu'à tout moment en cas d'attaque il pourra regagner la montagne et un village ami.

Mais il n'y aura pas d'attaque et on arrive au dessus du Cotone.

Il est trois heures du matin le groupe rejoint les environs de la Scubiccia où on passera la journée à l'abri et d'où on pourra observer et rejoindre Padullella  par le Campoloro.

Si l'on est attaqués on pourra passer par monte Castellu, Santa Réparata, Tribiolu, puis arriver au dessus de San Nicolao avec pour les deux itinéraires la vue sur la mer et la felouque salvatrice qui doit venir d'Italie.  

La journée se passe sans encombre, des pêcheurs ont croisé la felouque qui s'est travestie en courrier reliant Livourne à Porto Vecchio.

Au signal elle ferra voile en moins d'une heure sur la tour de guet de Padullella.

On se remet en selle et on arrive du côté de Timone où l'on dresse un poste d'observation.

En TAVAGNA à Figaretto les partisans se tiennent prêts à barrer la route aux troupes venant de Bastia.

A Moriani l'embarquement est assuré car la bourgade ne compte que des familles acquises à la cause, le lieu est  sur.

La tour de guet située à quelques mètres est soit désaffectée, nous n'en sommes plus aux incursions barbaresques, soit la garnison est acquise soit elle ne livrera pas combat dans une région où elle est isolée au milieu d'un ennemi supérieur en nombre.  

Par la mer la sécurité de la felouque est assurée par les pêcheurs qui n'ont pas vu de navire de guerre sortir de Bastia.

De toute manière un gros navire armé ne peut mener d'abordage de nuit et il est moins rapide qu'un frêle esquif.

La nuit tombe, on se remet à cheval, une demi-heure plus tard hyacinthe, Pasquale et ses partisans sont devant la petite chapelle sur laquelle a été apposée une plaque commémorative en 1931.

Quelques barques de pêcheurs sont tirées sur la plage.

Là en face de la maison de Battisti on embarque au sec, Hyacinthu, Pasquale et leurs volumineux bagages.

Les chefs de famille du Morianiccu et leurs fils se font un honneur de pousser les barques jusqu'à plus pied.

Il est minuit  les exilés sont à bord, on hisse les voiles, on a éteint les lanternes. Pasquale à rejoint l'arrière de la felouque son père dignement, affectueusement, le tient par l'épaule.

Pasquale est maintenant un homme, il souffre en silence, il regarde les dernières lumières de Moriani qui se dissipent dans la nuit rythmée par le clapotis des vagues sur la coque.

Je crois que quelques instants l'histoire pouvait céder à l'imagination pour saisir le drame humain qui se joue en ces lieux il y a prés de trois siècles.

2/ L'influence du Paolisme sur les Sociétés initiatiques du Campoloro Moriani

A Naples une nouvelle vie commence pour Pasquale PAOLI. son père devient Colonel du Régiment CORSICA.

Le jeune Pasquale y sera nommé Officier quelques années plus tard, mais il montre peu d’attachement à la chose militaire et s’intéresse plutôt à la vie intellectuelle très riche de la ville.

Pasquale PAOLI suit l’enseignement du philosophe Antonio GENOVESI surtout connu plus tard pour ses leizioni di commercio.

Pasquale PAOLI sera affecté à la garnison Napolitaine de Porto Longone sur l'Ile d'Elbe en face de la Corse.

Nul doute que ses émissaires et ceux de son frère Clément utiliseront Padullella pour leurs allées et venues fréquentes.

Pasquale PAOLI rejoint enfin la Corse en 1755 après 16 années d'exil, et il y est proclamé Général de la Nation.

La législation qu’il met en place s’inspire de « l’esprit des lois » du Franc-Maçon MONTESQUIEU.

Il est admiré des plus fins lettrés tels James BOSWELL qui se rend en Corse en 1765 il rédigera une biographie de PAOLI titrée « An  account of Corsica ».

Nous l'avons vu Paoli a toujours gardé le contact avec les Cunfraterne également très actives dans le royaume de Naples.

Il a le goût de ces structures qui marquent un ailleurs spirituel.

Lors de son exil après Ponte Novu il sera initié à LONDRES le 15 juin 1778 au sein de la Loge « Les neuf Muses".

Paoli a toujours été soutenu par les milieux progressistes européens dont Voltaire initié également au Grand Orient de France la même année.

Cependant la Franc-Maçonnerie essentiellement formée de loges militaires et comptant donc les Officiers des troupes d'occupation ne lui était évidemment pas favorable ce qui amena les  partisans de PAOLI à fonder une contre maçonnerie, dite des Béati-Paoli qui s’appuyait  sur la société sicilienne des vengeurs.

Les Béati-Paoli furent nombreux et essaimèrent dans les Iles de la Méditerranée, ne dit-on pas dans notre région, « so quantu i béati-paoli ».

Il y a tout lieu de penser que les partisans de Paoli pourtant décédé en 1807 voulaient pérenniser son message au sein de ces sociétés secrètes.

Le lieu essentiel de l’activité de cette Franc-Maçonnerie très marquée par la ruralité  sera l’espace de l’actuel canton du Campuloro-Moriani.

Ces sociétés souvent secrètes, car pourchassées par le pouvoir, existeront sous des formes diverses jusqu'à la fin du second empire.

Malgré le labeur déployé par d'éminents chercheurs : Jean-Baptiste NICOLAI ou Jean-Victor ANGELINI, un important travail reste à faire sur les sociétés secrètes en Corse.

Ici à Moriani, nous sommes quasiment au cœur de ce mystère qui naît dans un triangle géographique reliant Naples, l'île d'Elbe et celle de Monte-Cristo. 

Notre région est liée à l'Ile de Monte-Cristo car le monastère des Moines Bénédictins bâti sur cette île possédait de grandes étendues foncières dans notre plaine.

Les premiers Bénédictins de Monte Cristo furent envoyés dans la plaine orientale par le Pape Grégoire Le Grand en 596.

 Naples a toujours constitué une métropole très prisée des grands esprits. L'œuvre d'Alexandre DUMAS est marquée par notre région dans sa façade maritime.

DUMAS a participé à l'expédition des milles avec GARIBALDI qui l'a nommé directeur des fouilles et musées justement à Naples.

DUMAS viendra également à Naples avec Gérard de NERVAL.

Cet écrivain par son ouvrage "Voyage en Orient" réinstalle la légende d'Hiram au centre du système initiatique de la Franc-Maçonnerie au sein de laquelle le mythe de la caverne est prépondérant.

Cette vision est déjà développée dans "la République" de PLATON. Ainsi le héros de DUMAS, Edmond DANTES, entre en contact avec l'abbé FARIA en passant par un tunnel creusé par les deux personnages.

Cette petite excavation ne figure-t-elle pas la porte basse des temples maçonniques ?

La rencontre de l'ecclésiastique et du détenu ne figure-t-elle pas le passage du profane au sacré ?

DANTES ne devient'il pas le Comte de MONTE CRISTO lorsque dans une caverne dans cette île il découvre le trésor indiqué par l'Abbé FARIA ?

Il y a un peu de roman de la Rose et de quête du Graal dans cette épopée.

Pourquoi DUMAS a t'il construit cette fresque avec pour centre cette île qui se trouve en face de PADULELLA ?

Nous savons que la chapelle la plus haute du Morianinccu communiquait par des feux avec les îles placées en face lors du solstice de la Saint-Jean.

 Je pense que DUMAS, par ses fonctions à Naples a eu accès à des documents qui prouvaient la liaison entre les sociétés religieuses et pré maçonniques de l'époque.

Pour ces sociétés la plaine occidentale constituait un espace privilégié qu'elles recommandaient à leurs membres.

Ce n'est pas un hasard si Théodore de NEUHOFF débarque à Aléria investi nous l'avons vu d'une mission politique mais également initiatique.

Mais revenons à l'année 1818 durant laquelle se crée dans le Morianinccu une société secrète de carbonari qui proclame " Une haine éternelle aux monarchies » comme on peut le lire dans un rapport du Sous Préfet de Bastia.

Le juge BONALDI  parle à l'époque d’une rixe qui a opposé des Carbonari de Santa Maria Poghju à des membres d’une autre société secrète, royaliste celle là, et donc certainement encouragée par le pouvoir en place.

Il s’agit des Fischjuloni dont le juge Bonaldi est justement à l’origine de la création.

Ces deux sociétés ennemies se réuniraient pour l'une au sud de la colline de Timone pour l'autre au Nord.

Les autorités n’arriveront pas à réduire ces carbonari.

De plus en plus nombreux après 1830, ils vont développer une forme locale, appelée « I pinnuti » sans doute parce qu’ils évoluaient la nuit comme «  i topi marini » ou « topi pinnuti » les chauves-souris.

  Rien de sérieux ne peut être fait au plan de la recherche sur cette société initiatique si l'on ne remonte une nouvelle fois au document qui m’a été fort aimablement commenté par le professeur Pasquale MARCHETTI et dont m’avait parlé il y a une vingtaine d’années, son regretté frère Luigi-Filippu.

Ce document était détenu jusque dans les années 30 par leur grand-père le Notaire MARCHETTI en résidence à San Niculaiu.

Le document MARCHETTI est rédigé en langue italienne, qui était alors la langue écrite des Corses, il est intitulé « Legge della famiglia di Santo Nicolao » la Loge de San Niculau porte le nom de  « Les élèves de la philanthropie cirnese ».

Le texte reprend mot pour mot les rituels de la franc-Maçonnerie de l'époque.

Il fait état des membres :

- 40 sont de San Nicolao, dont le Vénérable Don Giovanni de Battisti, apparaissent également les noms de Quilici, Giorgi, Raggi. 25 sont de San Giovanni, les Gigantei, Germani, Samani, Giordani, Reggeti, Dezi.

- 17 sont de Poghju, Poggi, Contri

On peut lire également les lieux de réunion qui sont :

- Busarese sur la commune de San Niculaiu, Coccola sur Santa Lucia, et Santa Cristina sur Valle de Campoloro.

Les Pinnuti se réunissaient également sur la propriété MARCHETTI à Acqua Callula.

Leur  mot d’ordre était, « nous sommes de Moriani combattants de la liberté ».

Les sociétés maçonniques de l'époque sont proches des cunfraterne religieuses, d'ailleurs il n'est pas venu jusqu'à nous le rapport d'un quelconque conflit sérieux.

Les membres sont souvent les mêmes.

L'anonymat leur est commun qui permet d'échapper au quadrillage des lieutenants de police et de maintenir la structuration d'une société dont les rites et le mode de vie sont mal compris par l'occupant.

Ces sociétés ont certainement beaucoup influencé l'évolution intellectuelle de Pasquale qui à Naples a certainement fréquenté ce genre de milieu secret et érudit à la fois.

Nous l'avons vu Pasquale PAOLI est initié en 1778 lors d’une réunion à la Thatched House Tavern de LONDRES.

Ses proches les Comtes POLI et GENTILE deviennent Francs-maçons dans la même cérémonie.

PAOLI va fréquenter avec assiduité sa loge durant 11 années jusqu’à son retour en France en 1790.

La vie continue à LONDRES et il est reçu dans les cercles les plus fermés, les plus grandes familles l'accueillent.

Le Général a été séduit par la rigueur morale des Constitutions d’ANDERSON le père de la Franc-maçonnerie moderne.

Dés lors, PAOLI gardera le contact plus ou moins volontairement avec le monde Maçonnique dont il a pu éprouver l’esprit de solidarité.

Le guide de PAOLI lors de son rappel à PARIS n’est-il pas LA FAYETTE Grand Officier du GODF qui le présente en héros à 100 000 gardes nationaux rassemblés au Champ de Mars ?

Il faut dire que La Fayette avait déjà beaucoup fait pour la popularité de PAOLI durant la guerre d'indépendance des Etats Unis lorsque les Insurgents du Franc-Maçon Washington se lançaient à l'assaut des troupes anglaises en criant "remember Paoli ! ".

Le Franc-Maçon MIRABEAU monte à la Tribune de la Convention pour regretter sa participation à la campagne de Corse.

MIRABEAU exprime alors le malaise des milieux progressistes car 20 ans auparavant une onde de sympathie, d’enthousiasme a traversé l'Europe.

L’opinion publique suivait avec attention le destin de cette petite île qui osait se lever contre le despotisme et le tenir à distance pour quelques années.

Catherine II invite PAOLI en RUSSIE et le congratule pour « la façon généreuse dont vous avez défendu votre patrie ».

FREDERIC II fait de même.

GOETHE tout juste âgé de 20 ans lui est présenté à Francfort. ROUSSEAU parle de l’expédition de PONTE NOVU et la qualifie «  d’inique et ridicule qui choque toute justice, toute humanité, toute politique, toute raison ». (Lettre à monsieur de Saint Germain, 17 février 1770 in œuvres complètes tome 12 page 195).


 

CONCLUSION :

Le philosophe Jean-Toussaint DESANTI a écrit que "l'identité naît d'un rapport entre l'ici et l'ailleurs".

Nous pouvons penser que la démarche intellectuelle de Pasquale PAOLI s'est construite entre l'ici de PADDULLELA et l'ailleurs qu'a constitué l'universalisme de sa vision d'homme d'Etat.

Ici à Moriani le 10 juillet 1739 il a connu la déchirure qui lui permettra sans doute plus tard de mieux accepter les revers.

John SAUL dans son livre les bâtards de Voltaire, traitant de la dictature de la raison en occident, range JEFFERSON et PAOLI dans ce petit groupe de dirigeants qui résistent aux impératifs structuraux en défendant farouchement une tradition humaniste.

Quel plus bel hommage que celui de cet écrivain américain ?

Pasquale PAOLI se considérait comme l’instrument de la raison.

Son solide bon sens lui permit d’agir raisonnablement alors que les forces de l’absolutisme -anciennes et nouvelles - s’agitaient autour de lui.

En définitive il fut vaincu à la fois par la fin de la monarchie absolue et par les forces nouvelles et bruyantes des Etats naissants qui allaient faire s’affronter les nations européennes avec une barbarie sans précédent.

Pour les hommes du XVIII éme siècle, la CORSE de PAOLI possède une signification, un sens mythique, avec une force, un sens dans l’adaptation aux nouvelles idées de nation et d’un nouveau concept de peuple.

On verra dans le Général Corse l’incarnation du héros romantique et du patriote qui lutte pour l’indépendance de sa patrie contre le Roi.

Ceci préfigurera les luttes nationales qui suivront et prépareront douloureusement l'ancien monde à la modernité.

PAOLI fut considéré dans toute l’Europe comme l’incarnation heureuse  des Lumières.

Il nous est agréable de penser, avec quelque modestie, que Pasquale PAOLI a puisé une étincelle de l'universalité de sa pensée ici dans le Morianincu une après midi de juillet 1739.

 

PHILIPPE GUGLIELMI.

BIBLIOGRAPHIE

  - Pasquale MARCHETTI "Une mémoire pour la Corse"

  -Rinatu COTI directeur de collection " A Vittoria di u Borgu" 1984

  -Jean-Victor ANGELINI : « Histoire secrète de la Corse » Albin Michel 1977

  - Jean-Baptiste NICOLAI : « Vive le Roi de Corse » éditions Cyrnos et Méditerranée 1981   et «  les sociétés secrètes en Corse" chez le même éditeur 1988

  - Charles SANTONI : « chroniques de la Franc-Maçonnerie en Corse 1772-1920 »  éditions Alain Piazzola 1999.

  -  Paul ARRIGHI : « La vie quotidienne en Corse au XVIII° siècle » Hachette 1970

  -  Daniel LIGOU : « Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie » éditions du   prisme  1974.

  -  Louis AMIABLE : «La Loge des neuf sœurs » PARIS 1897 réédition EDIMAF 1989 (commentaire de Charles PORSET) 

  -  Jacques BRENGUES : « La Franc-Maçonnerie du bois » Editions du Prisme 1973.

  -    Antoine-Marie GRAZIANI "Pascal PAOLI, père de la patrie Corse" Taillandier 2002

  -   Dom Jean-Baptiste GAI "Le Saint-Siège et la Corse" la Marge 1986.

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