Carroyage Sont donc notées les coordonnées du carroyage par méridienne et perpendiculaire qui permettent de reporter immédiatement la position du rouleau sur la carte générale de la Corse. Le côté de chaque cellule est de 200 toises soit 389,808 m. 1 toise de Paris = 1,94904 m. Echelles L'échelle des rouleaux est donnée en mesure de Paris, elle est de une ligne pour 12 toises 1/2 (1/10800e). On notera la présence d'une seconde échelle en verges -qui n'est pas une unité de la mesure de Paris- soit 1 verge = 3.333 toises=6,4968 m. La longueur de cette verge est de fait celle de la perche de 20 pieds à la mesure de Paris qui compose l'arpent défini par l'édit d'avril 1770 (voir plus bas la note métrologique).

Carroyage Sont donc notées les coordonnées du carroyage par méridienne et perpendiculaire qui permettent de reporter immédiatement la position du rouleau sur la carte générale de la Corse. Le côté de chaque cellule est de 200 toises soit 389,808 m. 1 toise de Paris = 1,94904 m. Echelles L'échelle des rouleaux est donnée en mesure de Paris, elle est de une ligne pour 12 toises 1/2 (1/10800e). On notera la présence d'une seconde échelle en verges -qui n'est pas une unité de la mesure de Paris- soit 1 verge = 3.333 toises=6,4968 m. La longueur de cette verge est de fait celle de la perche de 20 pieds à la mesure de Paris qui compose l'arpent défini par l'édit d'avril 1770 (voir plus bas la note métrologique).

PLAN TERRIER  :

Débroussailler le ''maquis'' de la propriété foncière.

Des ingénieurs cartographes envoyés en Corse afin d'établir avec précision la géographie physique de l'île.

Attaqués par les bandits, empêtrés dans leurs zizanies, ils mettront vingt-cinq ans à boucler ce travail gigantesque

Au lendemain de la bataille de Ponte-Novu qui, en 1769, précipitait l'exil de Paoli à Londres, ingénieurs et cartographes français sont envoyés dans l'île afin d'établir le Plan Terrier de la Corse.

L'objectif du gouvernement de Louis XV est d'abord de connaître de façon exhaustive les contours de ce territoire insulaire qu'il vient d'annexer, mais aussi et surtout d'y voir plus clair dans le « maquis » de la propriété foncière.

À cet effet, arrivent à Bastia le 30 avril 1770 les ingénieurs Pierre Testevuide et Bedigis du service des Ponts et Chaussées, spécialement chargés de l'élaboration des plans terriers avec le concours de cinq agents du service central sur ordre de Choiseul, Ministre de la Guerre.

Une tâche de longue haleine : les travaux de relevé de la route Corte-Ajaccio, confiés à trois ingénieurs en 1775, ne seront connus qu'en 1784 à travers deux cartes.

« Le Plan Terrier de la Corse avait deux objectifs distincts : déterminer, d'abord, certes, pour des raisons purement fiscales, l'état exact du foncier (en distinguant les biens du roi, des communautés et des particuliers), mais aussi réaliser une description détaillée et circonstanciée du pays, avec à la clé la définition d'un véritable plan de développement régional, le premier du genre... et le seul avant celui de 1957. »

Car au fil des siècles, la géographie physique de la Corse n'offrait qu'une image approximative.

Au milieu du XVIIe siècle, la cartographie de l'île reste fondée sur des documents peu précis, se limitant à des compilations successives de géographes travaillant dans leur bureau, sans aucun apport personnel.

Parmi les cartes de la Corse les plus détaillées, on cite celles figurant dans l'ouvrage en dix volumes réalisé à Amsterdam par Jean Jansson, offrant une représentation au 1/500 000e tout en perpétuant des erreurs :

 « La chaîne dorsale de la presqu'île du Cap Corse s'y intitule Monti della Serra à l'emplacement approximatif du Stello ;

- un Monte Tenda s'appliquerait assez bien au massif du Monte Grosso.

Quant aux systèmes puissants du Cinto et du Rotondo, ils sont probablement compris dans l'appellation de Monti du Mezzo, de Monte Serraglia et de Gualango Mons...

En résumé, la production cartographique du XVIIe siècle, puis celle de la première moitié du XVIIIn'apporteront guère de perfectionnement à la connaissance topographique et au dessin des formes de l'île. »

Il faut attendre le Siècle des Lumières, des voyages et des découvertes pour que l'image de la Corse fasse un saut qualitatif en devenant plus précise.

« Après trois cents ans de stagnation, la représentation cartographique de la Corse va passer de la phase des compilations et des copies à l'élaboration rationnelle et technique des principes de la topographie basée sur les données puisées à des sources originales. » 

Sous l'œil des Anglais.

À cet égard, l'Atlas de l'Isle de Corse de Bellin :

« opère un progrès fondamental tout au moins en ce qui concerne les lieux habités, les voies de communication et en général le système hydrographique. » 

Le voyageur écossais James Boswell, ami de Paoli, participe à cet effort scientifique en publiant une carte au 1/310 000e dans son ouvrage « L'Etat de la Corse ».

Pour les ingénieurs géomètres installés à Bastia au couvent des Jésuites, la tâche restant à accomplir est énorme.

 « Une équipe fut donc bientôt constituée, qui ne comptait pas moins de vingt-huit employés, soit quinze géomètres ou arpenteurs, deux clercs de notaire et trois écrivains. »

Leur métier de savant découvreur, pour exaltant qu'il soit, n'est pas une sinécure.

À plusieurs reprises, les géomètres sont attaqués par des bandits.

En 1773, ils s'en plaignent auprès de l'intendant général Colla de Pradines.

« En septembre 1786 de Marbeuf, lieutenant général, Commandant en chef de l'île de Corse, dut s'occuper de pourvoir à la succession de divers ingénieurs dont l'un fut grièvement blessé d'un coup de feu aux suites duquel il succomba, tiré du maquis, pendant son travail. »

De plus, l'équipe scientifique du Plan Terrier de la Corse pilotée par le contrôleur Pierre Testevuide, dont le savoir-faire fait autorité, subit une véritable implosion qui paralyse sa mission.

« Par suite d'une intrigue de bureau à la base de laquelle apparaissent la vengeance, la délation et la calomnie, Testevuide et Bédigis virent leur contrat résilié par arrêtés d'octobre 1784 et de mars 1786.

Le terrier de l'île fut alors mis en régie sous la direction d'un incapable qui pendant cinq ans, y apporta le plus grand désordre. » 

''Faire revenir à l'Etat les biens vacants ou non cultivés et peut-être remplacer les Corses par d'autres populations''. 

Mis à l'écart avec de faibles indemnités, Testevuide et Bédigis déposent plainte auprès de la Constituante. 

« Un décret du 30 août 1792 leur accorda une avance de 25 000 livres pour leur permettre de réinstaller leurs services et une somme de 38 234 livres pour payer les travaux restant à effectuer. » 

Mais après les accords passés entre Paoli et l'Angleterre, la donne politique est bouleversée.

Avec la prise de Bastia par les Anglais en 1794, la Corse est gouvernée par le vice-roi, Gilbert Elliot. 

« Le commissaire français Gosselin autorisa Testevuide à traiter avec ceux-ci pour achever l'exécution du terrier et pour obtenir une copie destinée au Gouvernement français. 

Testevuide s'engagea vis-à-vis du vice-roi à terminer en un an l'expédition du terrier qui devait rester à l'Angleterre pour 10 000 livres. » 

La cartographie de la Corse n'est sans doute pas la seule finalité de cette vaste opération qui, commencée sous Louis XVI se terminera sous la Convention en 1795.  

« Mais, outre la connaissance exhaustive du territoire, l'objectif est de faire revenir à l'Etat les biens vacants ou non cultivés et peut-être de remplacer les Corses par d'autres populations. Le Terrier doit « établir l'ordre dans les propriétés et particulièrement la reconnaissance du domaine du Roi. » 

L'exemplaire du Plan Terrier détenu par les Britanniques reviendra finalement à la Corse :

- racheté par le ministère français de la Guerre, il sera vendu au conseil général de la Corse en 1829. 

« C'est ce second exemplaire qui est depuis lors conservé aux archives départementales de la Corse du Sud. »

Pierre Portet.

Pierre Portet.

 
Bibliographie : 

Noël Pinzuti. Dictionnaire historique de la Corse. Albiana.

Paul Helbronner. Histoire sommaire de la représentation cartographique de la Corse. Paris 1930.

 J-M Arrighi et O. Jehasse. Histoire de la Corse et des Corses. Perrin.

 

Source photos : CG2A

Source : Corse Matin.
Publié le: 13 avril 2020
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