Paese Vechju   La construction du castellu daterait de la fin du XIe siècle et aurait été édifiée par le seigneur d'Asco d'Ortofossano.

Paese Vechju La construction du castellu daterait de la fin du XIe siècle et aurait été édifiée par le seigneur d'Asco d'Ortofossano.

LA MARANA ET LES SEIGNEURS DE BAGNAIA.

Au tout début du XIIsiècle, deux grands lignages sont implantés dans la Marana.

Cependant, les Aschesi de Furiani n’ont pas connu la gloire et la puissance des Bagnaia qui, en 1247, exercent le contrôle de la région qui englobe la basse vallée du Golo et toute la zone délimitée par le Golo, la mer, la crique de Lavasina et la chaîne montagneuse de Stella.

Ils apparaissent en 1144 comme témoins de donations importantes mais ce n’est qu’à partir de 1189, alors que Ranieri offre de nombreuses terres et églises à l’abbaye de la Gorgone que nous arrivons à situer un peu mieux le lignage qui a sa souche dans l’habitat de Bagnaia, juché sur un immense éperon qui surplombe la vieille cité de Mariana et sa cathédrale.

Vers le mi- lieu du XIIIsiècle, ce centre résidentiel est constitué d’un palatium, de plusieurs tours et de maisons mais n’est à aucun moment qualifié de castrum.

En 1247, Alberto de Bagnaia, fils de feu Cacciabatis, jure fidélité au podestat Marino de Ebulo, représentant de la commune de Pise.

Il s’agit, en fait, d’un renouvellement car les majores et antecessores d’Alberto ont toujours détenu ces biens à titre de fief de la commune de Pise.

Alberto intervient ici en son nom et en celui de vingt-quatre autres personnes.

Celles-ci se divisent en deux groupes :

les membres de la famille d’Alberto de Bagnaia, parmi lesquels on compte son frère Tedicio et trois autres personnages qui sont très probablement les fils aînés de ses oncles, Rainero, Ildebrando et Mezolombardo;

– les fidèles d’Alberto et de ceux de Bagnaia : ... fidelibus meis et predic- torum omnium de Bagnaria.

Ces fidèles appartiennent à six lignages différents.

Ces six lignages sont originaires des localités suivantes : Furiani, Lucciana, Montechiaro, Rojo, Lonca et Cruce.

Pour chacun d’eux plusieurs prénoms sont donnés, à l’exception de la famille de Montechiaro qui n’est représentée que par un seul personnage, Uberto.

Comme pour les Bagnaia, les liens de parenté ne sont pas explicités en dehors des fratries.

Très probablement s’agit-il encore une fois de cousins germains.

Majoritairement, ces groupes semblent donc organisés sur la base d’un consortium familial étroit, réunissant deux à quatre personnes dont cha- cune est à la tête d’un rameau du lignage.

Le 25 février 1260 nous voyons encore Ranieri de Bagnaia pro se et siliis et omnibus suis consortibus de domo suo de Bagnaia, confirmer la donation faite à l’abbaye de la Gorgone par son père en 1189.

Le 15 août 1289, ce sont également cinq personnages, tous portant le nom de Bagnaia et omnes domini Bagnaire de insula Corsice, qui jurent fi- délité en même temps à la commune de Gênes.

Parmi eux se trouve un Guiduzurello que nous retrouvons dans un acte similaire, rédigé le même jour, dans lequel il s’engage en tant que châtelain et podestat du castrum de Belgodere; il est qualifié de dominus in partem totius terre Bagnaire.

Ces documents indiquent donc qu’il s’agit là d’une co-seigneurie à la tête de laquelle se trouvent les membres d’une unique famille.

Le patrimoine familial semble divisé et confié en gestion aux hommes des différents rameaux du lignage.

Nous retrouvons très probablement la même organisation chez les Cortinchi.

Ainsi, dans le serment de fidélité qu’ils prêtent à la commune de Gênes le 11 novembre 1289, il apparaît que Ugone Cortinco de Petralerata est à la tête du lignage et de la seigneurie;

le château de Petralerata est détenu par son fils et son neveu – fils de sa sœur – qui sont qualifiés de châtelains et de gerentes vices suas [de Ugone].

Les autres châteaux de la seigneurie sont détenus par des membres du lignage dont il est difficile d’établir les liens de parenté exactes.

Dans le cas du serment de 1247, un seul personnage, Alberto, représente l’ensemble du consortium de Bagnaia et des fidèles.

Un accord passé en 1336 entre des marchands pisans, les nobles de Bagnaia et les hommes qui en dépendent, fait état de cette association mais nous informe indirectement aussi sur le statut de ces fidèles : ... domini de Bagnaia et eus consortes atque eus fideles i vassallus i alius omnes...

Il y a donc entre les seigneurs de Bagnaia et les fidèles qui sont nobles, un lien très fort qui doit, toutefois, être différencié de celui des vassaux ordinaires.

Rien ne permet de penser qu’il existe une quelconque parenté de sang entre ces lignages mais on ne peut exclure que le mariage puisse constituer le ciment de cette fidélité.

Peut-être pouvont nous considérer, comme l’a fait Piero Brancoli Busdraghi pour la Toscane, que ces fidèles sont simplement des régisseurs, des sergents, des castaldi, à qui étaient confiés des châteaux et des charges de commandement.

En revanche, les homines, contrairement aux fidèles, sont assujettis au château : castrum de Cruce cum omnibus suis villis, et pertinentiis, et homi- nibus, et personis.

Ils sont tenus de faire la guerre avec Alberto et tous les suprascripti nobiles contre les ennemis, présents et futurs de la commune de Pise.

Dans ce cas, ces homines semblent bien être les vassaux des domini constituant le consortium et qui eux seuls conservent le privilège de faire hostem et cavalcatam dans toute l’île, selon la volonté des représentants de la commune de Pise.

Ainsi, se dessine la hiérarchie suivante : Alberto de Bagnaia, les membres de la famille Bagnaia, fideles, hominibus-vassalus, personis, que l’on retrouve, clairement formulée dans la phrase d’introduction de l’énumération des biens en 1247.

En gage de sa fidélité envers Pise, Alberto remet six châteaux, immédiatement rétrocédés en fief.

Ils sont situés à l’intérieur de sa terra, dont les limites sont indiquées (fig. 5) :

... de loco dicto Lavasina usque ad Limone, et a fauce de Gaulo usque ad locum dictum Locca sive Loccia.

Les châteaux de Biguglia et de Stella, situés à proximité du palatium de Borgo Bagnaia et mentionnés au début de la liste appartiennent très probablement directement aux Bagnaia.

En fin de liste est citée la forteresse de Patrimonio dont les co-seigneurs ne possèdent qu’un quart.

Les trois autres portent le nom de trois lignages alliés : Furiani, Croce et Montechiaro, et sont sans doute d’origine allodiale.

 

Figure 5

Figure 5

Durant la seconde moitié du XIIIsiècle, cette seigneurie qui s’étend de Lavasina au Golo et de la mer à Canavagia, en débordant sur l’évêché de Nebbio, est confrontée à des pressions militaires dans sa partie nord.

La pieve de Lota, au nord de la plaine de la Marana, ne semble pas avoir possédé de fortification.

Elle est alors une zone tampon entre la terra des Bagnaia et celle des Avogari, avec un habitat resté dispersé en hameaux répartis uniformément sur tout le territoire.

Dans la pieve d’Orto, la population est en revanche concentrée dans la moitié sud, autour de la plaine et de l’étang.

Les deux gros castra, Biguglia et Furiani, jouent ici le rôle de cata- lyseurs et concentrent une bonne partie de la population, la moitié nord de la circonscription restant alors peu peuplée.

Durant la seconde moitié du XIIIsiècle, cette petite portion de territoire a été le théâtre de conflits importants qui ont abouti à une modification profonde, mais non durable, de l’occupation du sol (fig. 4).

En 1289, les actes d’allégeance à la commune de Gênes font état de trois nouveaux châteaux et d’une distribution du sol bien différente.

Montebello, Petrabugno sont, nous l’avons vu, des possessions de Giovanninello de Loreto, tandis que Belgodere est sous le contrôle d’un seigneur de Bagnaia.

L’archéologie atteste aussi l’existence d’une quatrième fortification, celle de Lavasina, qui n’est mentionnée dans aucun document antérieur au XIVsiècle et qui appartient alors aux Avogari.

La topographie permet de mieux comprendre les raisons de l’apparition de toutes ces fortifications en moins d’un demi-siècle.

Montebello est situé sur un petit éperon rocheux, bien en vue de Furiani, et surplombe de quelques mètres la route est-ouest qui relie le Nebbio et la Marana.

C’est une position centrale, au point de contact des pievi d’Orto et de Patrimonio.

Le castrum de Petrabugno est également construit sur une très petite butte d’éperon, à quelques mètres du chemin en corniche qui conduit vers le Cap Corse.

Il ne peut communiquer visuellement avec Montebello mais assure, en revanche, le contrôle du mouillage de Cardo.

Il s’agit, avec l’anse de Figaiola, de la première zone d’accostage sûr après le long littoral sableux et rectiligne de la côte orientale, mais il est aussi l’un des points d’embarquement les plus proches de la côte italienne.

Pourtant, l’intérêt stratégique du site ne se limite pas là.

Il faut considérer aussi que, comme Montebello, il a été construit à une très faible distance de la frontière entre deux pievi : celle de Lota et celle d’Orto.

Enfin, le castello de Lavasina, tout au nord, occupe une situation similaire aux trois précédents : il est implanté sur une petite butte en limite de deux pievi et en position dominante par rapport à la route principale toute proche.

Comme le castrum de Petrabugno, il contrôle un mouillage.

La mise en place de ces fortifications de frontière sur le territoire des Bagnaia nous semble étroitement liée aux essais de conquête territoriale conduits par Giovanninello de Loreto, en direction de l’est et du nord-est, et des Avogari, vers le sud.

Il y a donc une tentative d’avancée de la faction pro-génoise sur le territoire d’un lignage encore fidèle à Pise.

Selon Giovanni della Grossa :

 «Giovanni Bagnaninco eut beau faire tous ses efforts et se faire appuyer, pour les combattre [les Avogari et les Loreto], par les Aschesi de Furiani, à la fin il dut céder et se retirer à Belgodere, où il fit construire un château pour les empêcher de faire des incursions dans le pays».

Effectivement, pour contrer cette avancée, les Bagnaia édifient, entre 1248 et 1289, la nouvelle fortification de Belgodere qui est le pendant de Petrabugno, de l’autre côté de la frontière.

Elle est si- tuée sur une belle colline, à 2,5 km du château précédent et à 800 m de l’anse de Figaiola.

Très vite un bourg, érigé en commune, s’y développe.

Ainsi, en 1289, la limite septentrionale de la seigneurie de Bagnaia s’est déjà déplacée vers le sud.

La position fortifiée la plus au nord est alors Belgodere.

Elle assure la défense de la nouvelle frontière afin d’empêcher la progression des assaillants vers le sud.

À l’ouest, le castrum de Montebello constitue une sorte de trait d’union entre la vieille seigneurie du Nebbio et les nouvelles conquêtes de l’est.

Mais il est aussi une menace pour Furiani et, peut-être, déjà un premier pas vers la plaine de la Marana et son étang, qui devait constituer un enjeu majeur dans ce conflit.

 

DANIEL ISTRIA.

Source : persee.fr

 

LA MARANA ET LES SEIGNEURS DE BAGNAIA.
Généalogie non exhaustive. Source wikipédia.

Généalogie non exhaustive. Source wikipédia.

Retour à l'accueil