LA GUERRE ENTRE GIOVANNINELLO DE LORETA ET GIUDICE DE CINARCA.
LA GUERRE ENTRE GIOVANNINELLO DE LORETA ET GIUDICE DE CINARCA.
LA PÉNÉTRATION DANS LE NEBBIO PAR LES PUISSANCES ÉTRANGÈRES.
La chose n’était certes pas nouvelle.
On se souvient que dès les années 1070 Pise et Gênes s’étaient affrontés pour le contrôle de la Corse, puis de nouveau vers 1119-1133.
Or, les tensions entre les deux cités redoublaient à la fin du XIIIe siècle.
Il est vrai qu’on en arrivait au combat décisif qui verrait la défaite de Pise lors de la bataille de la Meloria en 1284.
Les aristocrates corses, dont ceux du Nebbio, et ces puissances étrangères s’appuyaient les uns sur les autres pour tenter d’assouvir leurs ambitions.
De sorte que l’affrontement entre les pouvoirs étrangers se transportait dans l’île.
LA GUERRE ENTRE GIOVANNINELLO DE LORETA ET GIUDICE DE CINARCA.
Durant la seconde moitié du XIIIe siècle, Giudice de Cinarca (Sinucello della Rocca) , puissant seigneur du Sud, aspirait à se rendre maître de l’ensemble de l’île .
Après lui avoir fait un temps allégeance, le seigneur du Nebbio, Giovanninello de Loreta, devenait son principal adversaire.
Or, pour l’emporter, tous deux nouaient des alliances avec Gênes ou Pise.
D’après Giovanni della Grossa, Giudice de Cinarca serait né vers 1213.
Après l’assassinat de son père, Guglielmo delle Rocca, par ses neveux, en 1219, puis l’empoisonnement accidentel de sa mère, Finidora, il aurait été élevé en Corse, à Covasina, puis à Pise.
En 1245, les Pisans lui auraient donné les titres de comte de Cinarca et de juge de Corse.
Il faisait ensuite la guerre aux meurtriers de son père Rinieri Pazzo et Arrigo Orecchirrito.
Giudice obtenait l’aide de quatre galères pisanes tandis que ses adversaires s’alliaient à Gênes.
Or, la chronique de Jacopo Doria et les sources d’archives se contredisent s’agissant de l’orientation pro-pisane, supposée précoce, de Giudice de Cinarca.
En réalité, ses ancêtres étaient vassaux de Gênes : son oncle Arrigo était armé chevalier à Gênes, selon un acte notarié du 18 juillet 1239, tandis qu’Opizzo, le frère de ce dernier, avait été reçu citoyen de Bonifacio en 1222.
Surtout, le 4 décembre 1258, Latro de Cinarca, en son nom et en celui de son frère Giudice, donnait à la commune de Gênes leurs possessions de Cinarca, soit la moitié des terres comprises entre le Sia et le district de Bonifacio, lesquelles leur étaient simultanément restituées en fief.
Le 10 janvier suivant, Giudice donnait son accord à cette transaction.
En outre, entre 1259 et 1262, date de l’éviction de Guglielmo Boccanegra, le capitaine du peuple de Gênes, Giudice était armé chevalier dans la capitale ligure.
Enfin, à la suite de l’expédition en Corse du marquis Isnardo Malaspina, en 1269, Giudice devait fuir et trouvait refuge à Gênes, avant de retrouver une partie de ses terres, au début des années 1270, grâce à l’aide des Génois.
Incontestablement, le XIVe siècle se caractérise par ses tumultes, tant il fut émaillé de crises et de tensions liées aux schismes, aux révoltes populaires anti-seigneuriales et aux guerres qui impliquaient Pise, Gênes et l’Aragon.
Dans ce contexte, les populaires réussissaient à faire entendre leur voix : dans le Nebbio géographique, où ils détruisaient les châteaux et éradiquaient le pouvoir seigneurial ; dans les seigneuries de Nonza et de Canari également, où ils obtenaient la reconnaissance d’un régime communal.
Du reste, de cette manière, les Avogari-Gentile parvenaient à se maintenir au pouvoir.
Les anciens seigneurs Cortinchi, moyennant un revirement politique spectaculaire, se sauvaient en s’alliant aux caporali da Casta et en se faisant chefs du parti populaire.
Enfin, l’Église était sans nul doute maltraitée et anémiée, malgré l’arrivée des Franciscains.
Source : HAL archives-ouvertes.