De la vie de sainte Julie et du transfert de ses reliques

Les Martirologii Hieronymiani, qui remontent tous à un original du VIe siècle rédigé à 70

Auxerre , indiquent à la date du 22 mai que sainte Julie a subi le martyre en Corse (In Corsica insula, passio sanctae Juliae). Quant au martyrologe romain, il précise que la sainte était vierge et endurait le supplice de la croix.

Si l’on suit le récit de sa Passio, l’histoire de sainte Julie commence au moment de la conquête de Carthage, à une date non précisée. La jeune africaine était vendue comme esclave à un païen, citoyen de Syrie Palestine, du nom d’Eusèbe. Julie obéissait fidèlement à son maître, menait une vie exemplaire, faite de prière et de jeûnes. Alors qu’Eusèbe faisait voile vers la Gaule, accompagné de Julie, il jetait l’ancre dans le Cap Corse. Là, il rencontrait des païens qui sacrifiaient aux dieux. Eusèbe décidait de participer à la cérémonie en immolant un taureau, tandis que Julie demeurait sur le bateau. Un dénommé Felix Saxo, le gouverneur de l’île, apprenait que la jeune fille refusait de sacrifier aux dieux. Il demandait d’abord à Eusèbe de la lui livrer, lequel s’opposait à ce marché. Felix Saxo enivrait ensuite le maître de Julie et capturait la jeune fille. Celle-ci, qui persistait à refuser de sacrifier aux dieux, était giflée, flagellée puis crucifiée. Les anges, qui avaient assisté au martyre, prévenaient les moines du monastère de la Gorgone. Ceux- ci se rendaient en Corse et emportaient le corps de la sainte dans leur île. L’hagiographie rapporte aussi que les reliques de sainte Julie furent ensuite transportées à Brescia, en 763, sur ordre d’Hansa, l’épouse du roi des Lombards Didier.

Sainte Julie fit l’objet d’une grande dévotion en Corse du Moyen Âge jusqu’à nos jours. De nombreux pélerins, se rendaient à la Fontaine des Mamelles de Nonza dont les eaux étaient réputées apporter des guérisons miraculeuses. En outre, tous les trois ans se déroulait à Nonza une grande procession qui attirait une foule de fidèles. L’importance de cette dévotion fut en quelque sorte consacrée, en 1809, par le pape Pie VII qui proclama la sainte patronne de la Corse. En Italie, elle était vénérée à Livourne et à Brescia où le monastère dédié initialement à San Salvatore prenait son titre à partir de 915.

Le récit du martyre de la sainte et du transfert de ses reliques est anciennement attesté,

tout comme la tradition de la fondation à Brescia du couvent dédié à San Salvatore et Santa

Giulia. Il existe ainsi un hymne dédié à la sainte que les Analecta hymnica classent parmi les oeuvres ee 71

des XI -XIV siècle, sans plus de précision ni de justification , lequel fait mémoire du martyre et de la translation. De même, le livre des cérémonies liturgiques observées au monastère Santa Giulia de Brescia, rédigé en 1438, rappelait la fondation du couvent de moniales en 753, sa

consécration par le pape Paul I et sa dédicace à San Salvatore et à Santa Giulia . La référence à

ce souverain pontife est liée au privilège, semble-t-il authentique, qu’il accordait le 26 octobre 762

73
au monastère de Brescia . San Salvatore était donc attesté à cette date, tandis que dès 766 un

praeceptum faisait allusion aux corps des saints qui reposaient en son sein, sans qu’il fût toutefois 74

spécifiquement question de la dépouille de sainte Julie . En Corse, l’église piévane Santa Giulia

75 de Nonza était mentionnée dès l’épiscopat de Conrad entre 1246 et 1257 environ .

Le martyre de sainte Julie est souvent relié à la conquête de l’Afrique du Nord par les Vandales et aux persécutions du roi Hunéric. De la même manière, l’exil de saint Florent en Corse est attribué à cette période.

 

Source : archives-ouvertes.

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