Évolution de l'heure sur l'horloge de la fin du monde au fil des ans.

Évolution de l'heure sur l'horloge de la fin du monde au fil des ans.

 

2019 : DEUX MINUTES AVANT LA FIN DU MONDE.

 

Nous avons échappé à la pseudo fin du monde de 2012 qui inquiétait, de manière irrationnelle, tant de personnes et pourtant l'humanité ne semble pas prendre la mesure des véritables défis qui pourraient bien sceller notre avenir.

Une horloge conceptuelle pour estimer le temps qu'il nous reste avant la fin du monde.

L'horloge de l'Apocalypse est une horloge virtuelle qui décompte le nombre de minutes qu'il reste avant minuit (la fin du monde).

Elle fut créée en 1947, peu de temps après les bombardements atomiques américains sur le Japon, par les membres du Bulletin des scientifiques atomistes, (BAS) basé à l'Université de Chicago.

La menace d'une guerre nucléaire planétaire a très largement contribué à diminuer le nombre de minutes qu'il reste à l'humanité avant de sombrer dans le chaos.

Depuis 2007, ce terrible compte à rebours intègre les changements climatiques et les nouveaux développements en matière de sciences de la vie, menaces qui pourraient compromettre de manière irrévocable l'avenir des sociétés humaines.

 

Avant 2018, c'était l'année 1953 qui détenait le record avec seulement 2 minutes avant minuit à cause de la guerre froide entre les deux superpuissances.

Après une vraie accalmie à la fin des années 1980 et au début des années 1990, la situation s'est fortement dégradée.

Depuis le début du XXIe siècle, presque chaque année, l'horloge avance ses aiguilles vers minuit.

Comme en 1953, depuis 2018, 70 ans après sa création, l'horloge n'est plus qu'à 2 minutes de l'apocalypse.

Soulignons les limites de cette pendule : il ne s'agit pas d'une prédiction, personne ne connaît le futur, mais d'un outil d'alerte, un moyen clair et compréhensible par tous pour mesurer l'urgence des décisions à prendre.

Comme en 2012, les décisions politiques ne sont manifestement pas à la hauteur des défis posés par le changement climatique en cours, la multiplication et modernisation des armes nucléaires.

Changement climatique : il est déjà trop tard !

"Malgré des développements modestement positifs dans le domaine du changement climatique, les efforts actuels sont absolument insuffisants pour éviter un réchauffement catastrophique de la Terre", soulignent les chercheurs.

Et pourtant, fin 2015, la COP21 avait suscité un immense espoir :

"L'Accord de Paris est un triomphe monumental pour les gens et notre planète", déclarait le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

En fait, il n'en est rien : l'Accord de Paris est déjà impossible à tenir et sans moyens d'action.

En outre, 17 des 18 années les plus chaudes depuis 1880 appartiennent au XXIe siècle !

Pourquoi en serait-il autrement alors que les "engagements volontaires pris à Paris pour limiter les émissions de gaz à effet de serre sont insuffisants pour éviter le drastique changement climatique" réaffirmaient les membres du BAS, début 2016.

 

Sivan Kartha, membre du Conseil de la science et de la sécurité du Bulletin of the Atomic Scientists, et chercheur à l'Institut de Stockholm pour l'environnement, a déclaré :

"les émissions de gaz à effet de serre mondial sont maintenant 50% plus élevé que ce qu'ils étaient en 1990.

Depuis 2000, les taux d'émissions ont augmenté plus rapidement encore que les trois précédentes décennies combinées.

Les investissements ont continué d'être portés dans les combustibles fossiles à un rythme qui dépasse les 1 000 milliards de dollars par an, auxquels il faut ajouter des centaines de milliards de dollars de subventions.

Nous pouvons et devons inverser cette tendance"

Les puissances nucléaires se réarment dangereusement.

"Le 24 janvier 1946 la première résolution de l’ONU appelle à l’élimination des armes atomiques.

Malgré cela, aujourd’hui les Etats détenteurs de l’arme nucléaire persistent à ignorer cet appel et au contraire se lancent dans une nouvelle course aux armements nucléaires", rappelle le Mouvement pour la Paix.

En juillet 2015, après 2 ans de négociation, un accord nucléaire historique - le Plan conjoint d'action global - a été signé entre l'Iran et six grandes puissances mondiales (Russie, Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Allemagne).


Malheureusement, cet accord a été remis en cause par l'administration Trump et "les Etats-Unis et la Russie se sont lancés dans des programmes massifs de modernisation de leurs 'triades' nucléaires, compromettant ainsi les traités existant sur les armes nucléaires", ajoutent les membres du BAS, évoquant les trois composantes terrestre, aérienne et navale des arsenaux nucléaires.

 

De nouveau, chaque partie s'emploie à augmenter considérablement ses capacités de dissuasion nucléaire détenues à 90 % par la Russie et les Etats-Unis.


Résultat :

"Si quelqu'un perd son sang-froid durant cette période surchauffée, nous n'allons pas survivre aux années à venir" a déclaré Mikhaïl Gorbatchev, âgé de 83 ans.

"Ce n'est pas quelque chose que je dis à la légère. Je suis extrêmement préoccupé" a t-il ajouté dans un entretien donné dans un journal allemand.


Soulignons par exemple que le commandement militaire américain pour l'Europe (EUCOM) publiait stratégie pour l’année 2016 avec comme principal objectif de « dissuader la Russie de commettre une agression » avec toutes les conséquences que cela comporte en moyens de pression militaires et donc de risque d'escalade.

Malgré l'engagement des Etats-Unis et de la Russie, inscrit "dans le traité de non-prolifération des armes nucléaires, à poursuivre le désarmement nucléaire", précise le BAS, l'armement nucléaire se sophistique et s'accroît.


Ainsi la Russie se dote d'une force de frappe plus mobile et réactive (nouveaux sous-marins, nouvelles rampes de lancement de missiles...) et les USA devraient dépenser "350 milliards de dollars sur 10 ans pour maintenir et moderniser leurs forces nucléaires malgré leur rhétorique sur un monde sans armes nucléaires", ajoute le BAS.

 

Enfin, le Pakistan, l'Inde, la Chine et la Corée du Nord augmentent également leur arsenal nucléaire.

Rappelons que des escarmouches éclatent régulièrement dans la région du Cachemire entre le Pakistan et l'Inde.

Des tensions de plus en plus fortes entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine.

Parallèlement, le conflit en Syrie a révélé le soutien officieux des Etats-Unis, de l'Arabie Saoudite et du Qatar pour les mouvements qui composent ou appuient Daesh.

Bonne nouvelle cependant : le 6 décembre 2017, l'état-major russe a annoncé la libération totale de la Syrie de l'occupation de l'Etat islamique, ce qui n'est pas encore tout à fait le cas en 2019.

 

Pour la première fois depuis la guerre froide, les troupes de l'OTAN se massent aux frontières russes et procèdent régulièrement à d'importants exercices militaires qui pourraient faire basculer l'Europe dans la guerre.

La Suède se prépare à une "invasion russe" tandis que l'Ukraine ne cesse de pilonner les populations civiles de la République Populaire de Donetsk, en violant les accords de Minsk.


"Toute erreur pourrait faire dégénérer ces exercices en conflit réel. La sécurité de l'ensemble de l'Europe est menacée.", déclarait dans RT, Elsa Rassbach, membre de Code Pink, organisation anti-guerre internationale.


L'appui américain (livraison d'armes anti-char) envers l'Ukraine aggrave encore la situation :

"les Etats-Unis entraînent [les autorités ukrainiennes] vers un nouveau bain de sang", a déclaré le 23 décembre le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Ryabkov.

En outre, les chercheurs évoquent les revendications territoriales de la Chine (qui a considérablement augmenté ses capacités militaires) et les provocations des Etats-Unis en mer de Chine qui pourraient déclencher "un conflit majeur entre puissances nucléaires".

A ce titre, la Chine prévoit d'envoyer son deuxième porte-avions (en construction) en Mer de Chine méridionale alors que la nouvelle administration Trump a bien l'intention de s'opposer à la militarisation de la région par la Chine

2015 et 2016 : trois minutes avant la fin du monde.

Par conséquent, l'horloge de l'Apocalypse a été avancée de deux minutes en 2015 par rapport à 2012 et se situait également en 2016 à 23 h 57, à seulement 3 minutes de la fin du monde, au même niveau qu'en 1984 à l'apogée de la guerre froide entre les Etats-Unis et la Russie. 30 ans plus tard, la sagesse collective de l'humanité n'a pas progressé...

"L'horloge n'est plus qu'à trois minutes de minuit en raison de l'échec des dirigeants internationaux à accomplir leur devoir le plus important : assurer et préserver la santé et la vitalité de la civilisation humaine." ont déclaré les membres du BAS.

2017 : 2 minutes trente avant la fin du monde.

Pour la première fois, les membres du Bulletin des scientifiques atomistes ont choisi de retirer 30 secondes plutôt qu'une minute.

Ils s'en expliquent par l'arrivée récente de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et le fait que les principales orientations de sa politique étrangère ne sont pas encore décidées.

Dans tous les cas, en matière d'environnement et notamment de changement climatique, sa politique est bien plus claire et balaye les efforts concernant la réduction des gaz à effet de serre.

 

Le BAS 2017 insiste également sur les risques du nucléaire civil alors que plus de 400 réacteurs dans le monde ont déjà plus de 30 ans d'âge et devront être entretenus et/ou démantelés et reconstruits dans les meilleures conditions de sécurité possible.

Enfin, la démocratisation de l'informatique - avec comme corollaire les cyberguerres - et de la robotique dans nos sociétés peuvent être, sans une bonne gouvernance, des menaces pour l'humanité.

Des voitures sans pilotes aux nouvelles armes autonomes, l'Homme doit pouvoir contrôler ses inventions.

Le scénario du célèbre film Terminator 2 semble de moins en moins de la fiction.

Le bulletin 2017 conclut :

"La probabilité de catastrophe planétaire est très élevée, et les actions nécessaires pour réduire les risques de catastrophe doivent être prises très rapidement (...)

Les officiels devraient agir immédiatement, en éloignant l'humanité du basculement.

Si ils ne le font pas, les citoyens sages doivent aller de l'avant et ouvrir la voie."

L'humanité est plus que jamais confrontée à un monde qui change, loin de l'espoir suscité par l'entrée dans le XXIème siècle.

Finalement, les décideurs du monde entier ne parviennent pas à sortir du modèle « business as usual » qui favorise leurs propres intérêts mais hypothèque l'avenir de l'humanité.

2018 : seulement 2 minutes avant la fin du monde.

Comme en 1953, au coeur de la guerre froide, l'année 2018 voit son horloge avancer à seulement 2 minutes avant la fin du monde...

Cette décision a été influencée par les déclarations du nouveau président américain, Donald Trump, concernant la prolifération et la perspective d'utiliser des armes nucléaires, ainsi que les déclarations contraires aux engagements américains en matière de changement climatique.


Les termes du Bulletin 2018 des scientifiques atomistes sont clairs et pesés :

"En 2017, les leaders mondiaux ont échoué à répondre efficacement aux menaces imminentes de guerre nucléaire et de changement climatique, rendant la situation sécuritaire mondiale plus dangereuse qu'il y a un an et aussi dangereuse que depuis la seconde guerre mondiale.

Les plus grands risques de l'année dernière se sont posés dans le domaine nucléaire.

Le programme militaire nucléaire de la Corée du Nord a fait de remarquables progrès en 2017, augmentant les risques pour lui-même, les autres pays de la région et les États-Unis.

La rhétorique hyperbolique et les actions provocatrices des deux côtés ont augmenté la possibilité d'une guerre nucléaire par accident ou erreur de calcul...

Sur le front du changement climatique, le danger peut sembler moins immédiat, mais éviter des hausses de température catastrophiques à long terme nécessite une attention urgente maintenant ....

Les pays du monde devront réduire considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre pour que les risques climatiques restent contrôlables, et jusqu'à présent, la réponse mondiale est loin de relever ce défi."

 

2017, c'est l'émergence et la concrétisation d'un nouveau risque majeur pour les infrastructures et le processus démocratique : celui de cyberguerre à travers le réseau Internet.

Autre préoccupation mondiale : la fin du monde unipolaire.

Avec la présidence Trump, les Etats-Unis ont renoncé à leur rôle de leader tout en optant pour une diplomatie hasardeuse et risquée :

"ni les alliés ni les adversaires n'ont été capables de prédire de façon fiable les actions des États-Unis, ni de comprendre quand les déclarations américaines sont réelles et quand elles ne sont que de la rhétorique.

La diplomatie internationale a été réduite à l'injure, lui donnant un sens surréaliste," indique le BAS 2018.

Robert Rosner, William E. Wrather, Professeur émérite au Département d'astronomie et d'astrophysique et de physique de l'Université de Chicago et président du Bulletin du Conseil de la science et de la sécurité des scientifiques atomistes, a déclaré: "Nous espérons que cette remise à l'heure sera interprétée exactement comme ce qu'elle signifie : un avertissement urgent du danger planétaire".

2019 : nouvelle guerre froide, toujours 2 minutes avant la fin du monde.

La mise à jour 2019 de l'horloge de l'apocalypse maintient à 2 minutes le délais qu'il nous reste avant que la fin de notre civilisation.

"Le monde habité est maintenant insoutenable et extrêmement dangereux" souligne le bulletin, principalement à cause de la menace d'un conflit nucléaire suite au retour de la guerre froide et du changement climatique, de plus en plus hors de contrôle.

En effet, le conflit en Ukraine a fait basculer, en seulement quelques mois, l'équilibre des grandes puissances " dans une période de nouvelle guerre froide", avait déjà déclaré le Premier ministre russe Dmitri Medvedev le 13 février 2016 lors de la 52e Conférence de sécurité de Munich.

 

Rachel Bronson, présidente et chef de la direction du Bulletin des scientifiques atomistes, a déclaré :

« La réalité complexe et effrayante que nous décrivons aujourd'hui n'a rien de normal.

Le Conseil de la science et de la sécurité du Bulletin des scientifiques atomistes fixe aujourd'hui l'Horloge de l'Apocalypse à minuit moins deux - l'heure la plus proche de l'apocalypse.

Bien que inchangé par rapport à 2018, ce paramètre ne doit pas être considéré comme un signe de stabilité, mais comme un avertissement sévère aux dirigeants et aux citoyens du monde entier. »

Les recommandations urgentes du Bulletin des scientifiques atomistes.

Ce constat peu encourageant conduit le BAS à émettre une liste de recommandations qui réclament « une attention urgente » dont notamment :

  • Prendre des mesures fortes, bien au-delà des mesures insuffisantes de l'Accord de Paris, afin de plafonner les émissions de gaz à effet de serre à des niveaux suffisants pour maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale à + 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels.
  • Les citoyens américains devraient demander à leur gouvernement de réintégrer les négociations sur le climat.
  • Réduire considérablement les dépenses engagées sur les programmes de modernisation des armes nucléaires et les évincer des champs de bataille.
  • Re-dynamiser le processus de désarmement, en ramenant à la table des négociations les USA et la Russie alors que Trump a décidé de retirer du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (traité INF) le 2 février 2019.
  • Résultat : la Russie a fait de même et développe un missile hypersonique de moyenne portée.
  • Cesser les provocations des Etats-Unis et de la Russie le long des frontières de l'OTAN, notamment lors des exercices militaires qui se sont multipliés.
  • Revoir la décision "lamentable" de l'administration Trump qui a quitté le Plan d'Action pour limiter le programme nucléaire de l'Iran.
  • L'accord avec Iran n'est pas parfait mais il profite à la communauté internationale en limitant la profusion des armes nucléaires.
  • Traiter les problème des déchets nucléaires alors que l'énergie nucléaire civile continue de se développer, principalement en Chine et au Moyen-Orient.
  • Créer des institutions dédiées à l'évaluation des risques technologiques.
  • Si les avancées scientifiques sont bénéfiques pour les sociétés, mal utilisées ou dévoyées, elles peuvent avoir des conséquences dévastatrices.
  • "La communauté internationale devrait établir de nouveaux protocoles pour décourager et sanctionner l'utilisation abusive de la technologie de l'information afin de saper la confiance du public dans les institutions politiques, dans les médias, dans la science et dans l'existence même de la réalité objective".

Sans aucun doute, l'humanité vit un tournant.

Les alertes sont nombreuses et martelées - l'horloge de l'Apocalypse en fait partie - elles émanent bien souvent de scientifiques et d'observateurs et sont partagées avec dépit par de très nombreux citoyens.

Pour autant, le monde semble figé, ancré dans ses querelles puériles et futiles : le manque de communication, de respect, d'éthique, des égos surdimensionnés...

L'indécision, la bêtise et l'inaction politique risquent bien de faire sonner les douze coups de minuits, pour une dernière fois...


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