INAUGURATION DE L'ANCIENNE CHAPELLE SAINTE MARIE MADELEINE.
INAUGURATION DE L'ANCIENNE CHAPELLE SAINTE MARIE MADELEINE.
INAUGURATION DE L'ANCIENNE CHAPELLE SAINTE MARIE MADELEINE.
 
Réunis aujourd’hui dans l’ancienne chapelle Sainte Marie Madeleine, ancien pressoir à huile d’olive, ancienne propriété militaire, destinée aujourd’hui à accueillir la maison des Confrères de Bunifaziu.  

Un lieu chargé d’histoire à la croisé des chemins entre la conservation du lien social, de la préservation environnementale et enfin à faire vivre la culture Bonifacienne et bien  au delà, de la culture Corse et méditerranéenne. 

Il est important de souligner le travail de la Mairie de Bunifaziu ainsi que l’action de la Collectivité De Corse pour avoir porté à bien ce projet indispensable à l’a préservation et la revalorisation de notre patrimoine.
 
Paul André Colombani. Député.
 
 
Historique : 

Si les explorations menées dans le reste de la caserne de Montlaur ont permis d’établir avec certitude la présence d’occupations du Néolithique ancien ainsi que du Néolithique récent, aucun niveau en place préhistorique n’a pu être mis en évidence dans les sondages réalisés aux abords de l’église Sainte-Marie-Madeleine de Bonifacio.

Le « bruit de fond » demeure pourtant non négligeable, comme en atteste la présence de mobilier céramique et lithique dans les niveaux de colluvionnement les plus anciens qui affleurent entre 0,50 et 0,80 m de profondeur par rapport au sol actuel.

2C’est sans conteste la fin du Moyen Âge et les Temps Modernes qui laissent le plus de témoins matériels ici.

La période tardo-médiévale se perçoit en filigrane au travers du mobilier résiduel largement présent dans certains remblais d’occupation ou dans des fosses.

Bien que dépourvu de tout artefact, un réseau de traces agraires détecté dans la partie septentrionale de la parcelle à 0,80 m de profondeur pourrait se rattacher à la phase 6 (xive-xvie s.).

Globalement orientés est/ouest, ces creusements témoignent de la mise en culture, peut-être arbustive, du « bois de Cavu » qui occupe la partie occidentale de la ville haute de Bonifacio.

C’est dans cet environnement essentiellement forestier que s’installent progressivement plusieurs communautés religieuses.

3La mise en place des édifices de Sainte-Marie-Madeleine, Saint-Barthélemy et Sainte-Croix semble participer d’un même élan qui fait écho au développement des confréries en Corse durant la seconde moitié du xvie s.

L’enclos qui délimite la propriété de Sainte-Marie-Madeleine et jouxte une petite voie de communication terrestre semble formaliser une emprise relativement pérenne dans le temps, ainsi qu’en atteste le cadastre actuel qui en suit peu ou prou le tracé.

Aucun indice n’a permis d’attester de la présence d’un espace funéraire au sein de cet enclos.

Les lieux d’inhumation de ce secteur de la ville sont-ils uniquement centrés autour du proche établissement de Saint-Barthélemy ?

4L’église de Sainte-Marie-Madeleine présente un plan au sol très simple avec sa nef allongée et son chevet plat, mais qui ne laisse toutefois aucune place au doute quant à sa vocation cultuelle.

L’hypothèse d’un édifice hospitalier érigé entre le xve et le xvie s. semble donc devoir être écartée.

5L’analyse architecturale a révélé la présence de plusieurs états dans l’organisation des élévations.

Un bâtiment simplement quadrangulaire équipé d’une citerne en sous-œuvre paraît constituer l’édifice primitif.

Il est ensuite, probablement très rapidement, gainé de contreforts sur ses murs gouttereaux septentrionaux et méridionaux.

Associés à des arcs formerets et divers arcs de décharge, ils permettent la mise en place de voûtements mixtes sur les parties hautes, lesquelles supportent une toiture en lauze.

L’adjonction d’une chapelle latérale édifiée contre l’ensemble de ces structures constitue quant à elle une troisième étape d’édification que l’on peut rattacher à un large xviie s.

 


 

Avant le premier tiers du xviiie s., un petit ensemble formé d’au moins deux pièces est adjoint dans le prolongement de l’angle sud-ouest de l’église, formant ainsi une construction globale en L.

Il a été interprété comme un porche ou un appentis qui a pu fonctionner à l’époque où l’église a été transformée en lazaret pour femmes.

Durant le dernier tiers du xviiie s., l’ensemble de ces terrains devient la propriété de l’armée et fait l’objet de très importants remaniement.

Désormais déconsacrée, l’église devient un « magasin aux farines » et c’est probablement à cette phase 8 que l’on peut rattacher la mise en place de la petite bâtisse quadrangulaire adossée au mur septentrional du chevet.

Les archives sédimentaires analysées dans l’espace intérieur de l’église attestent d’une bonne conservation des sols anciens.

Le sondage réalisé dans la nef a par ailleurs permis de révéler la présence d’une fosse qui accueillait un four de moule à cloche dont la partie basse est encore très bien conservée.

Sans doute installé entre la seconde moitié du xviie s. et le dernier tiers du xviiie s., ce four de moule à cloche constitue à ce jour un unicum sur le territoire corse.

Le sondage réalisé dans le chœur de l’église a quant à lui révélé la base d’une maçonnerie quadrangulaire parallèle au mur pignon est qui a été dégagée ; elle semble pouvoir être associée aux vestiges de la fondation de l’autel.

 


Source : journals.openedition.org

 

Que faire de l'ancien oratoire de Sainte Marie Madeleine ? 


 

"Sainte Marie Madeleine appartient à la Commune" disent les uns; "Non, à l'Armée" ; "Au Parc naturel", "Au Conseil général" "à la Région" etc. disent les autres.
 
Il est vrai qu'avec les bâtiments militaires on ne sait plus très bien qui possède quoi.  

Tout d'abord, il nous paraît nécessaire d'expliquer les différentes ventes dont avait fait l'objet l'oratoire Ste Marie Madeleine (XIII° siècle) qui, au départ, appartenait au Conseil de Fabrique de l'église Sainte Marie Majeure (Le conseil de Fabrique était l'équivalent du comité paroissial actuel).
 
Avant 1857, il était utilisé par les élèves de l'Ecole des Frères de la Doctrine Chrétienne de Bonifacio.
 
A cette date, la Commune manifesta sa volonté d'acquérir ce bâtiment.
 
Mais il semble bien que la vente n'ait jamais eu lieu puisque, en 1881, c'est le même Conseil de Fabrique qui vendait l'oratoire (au prix de 2000 frs) à un tiers, le docteur Laurent Castelli.
 
Le 24 mai 1914, la coopérative oléicole et meunière (jadis installée à la Senola) achetait l'église aux héritiers Castelli au prix de 5 500 frs.
 
Le bien se composait du bâtiment lui-même, d'une superficie de 2 ares et 34 centiares, avec ses dépendances (1200 m2 de terrain notamment) et au sous-sol une citerne d'une contenance de 45 000 litres d'eau. 

 

Etat de "Déshérence"

 

En 1974, l'Armée (Génie) faisait savoir à M. Don-Mathieu Tramoni, président de la coopérative oléicole et meunière (en sommeil depuis 1967) qu'elle désirait acquérir l'église et le terrain et offrait un prix de 80 000 frs.
 
Il ne semble pas qu'une suite favorable ait été donnée à cette requête.
 
Ainsi, l'ancien oratoire de Ste Marie Madeleine continua à être la propriété de la Coopérative au moins jusqu'en 1980.
 
A cette période, la situation allait changer.
 
La coopérative ne fonctionnant plus depuis longtemps, le président Tramoni étant décédé, aucun adhérent ne s'étant manifesté, les autorités gouvernementales engagèrent, au début des années 1980, une procédure en vue de déclarer en état de "déshérence" l'ancienne chapelle et ses dépendances.
 
Cet "état de déshérence" (état d'une succession vacante) a fait que l'Etat était l'unique propriétaire dudit oratoire en attendant que la Commune de Bonifacio en ait à son tour la jouissance dans le cadre de l'aménagement du quartier Montlaur. 

Mais, on le sait, c'est désormais la Collectivité territoriale de la Corse qui est propriétaire de ce bâtiment en vertu d'un décret datant du 18 novembre 2003 relatif au transfert à la collectivité territoriale de Corse de la propriété de certains immeubles inscrits ou classés.

Dans cette ancienne église, où l'on peut encore voir les équipements de l'ancien pressoir, la meule qui broyait les olives, "l'Enfer" ("l'Infernu") où stagnent encore les huiles de rebut ("u murcazzu"), on distingue toujours sur les murs quelques dessins du temps où ce bâtiment servait aussi... de théâtre pour l'armée.

Des projets existent depuis longtemps.
 
Mais ce ne sont que des projets.

 

Un musée du passé agricole de Bonifacio

 

Nous avions, pour notre part, émis une proposition : faire de ce lieu un "musée" du passé agricole de Bonifacio : présentation du pressoir et des différents outils et objets concernant la récolte des olives de la "rascira" au broyage, à la conservation de l'huile dans les jarres (râteaux de fer pour racler sous les arbres, de bois pour remuer les olives entreposées en vue de leur séchage, la "sassura" large cuiller pour recueillir l'huile en surface ; i "spurtin", "i ciarnesgi" les tonneaux, les jarres etc...
 
Idem pour le vignoble (Bonifacio était une des premières régions viticoles de l'île bien avant Sartène) : tonneaux ; éléments de fouloirs, "Catini", Bariloti etc.

On pourrait aussi reconstituer (à échelle réduite) les différentes structures rurales bonifaciennes: baracun, tramizzu, cella, troghju, rivilin ; réunir de la documentation relative à ces activités agricoles et rurales (elles ne manquent pas!) ...

Nous pensons sincèrement que ce lieu se prête vraiment à une telle réalisation qui apportera beaucoup à la connaissance de notre passé agricole (oliviers, vignes, jardinage, cultures diverses etc.)
 
Non seulement pour les touristes mais aussi et surtout pour les Bonifaciens eux-mêmes et en particulier les jeunes.

Au lieu de se disperser en une multitude de projets qui ne se réaliseront sans doute jamais, commençons par mettre en valeur ce qui existe déjà (l'ancien pressoir de la coopérative oléicole et meunière de Bonifacio), enrichissons et développons le site qui deviendra celui de la "Mémoire" de nos pialinchi aujourd'hui disparus. 

 

François CANONICI

 

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