Photo n°1: Sabatinu en 1894, sous l'uniforme du 163ème RI (service militaire).

Photo n°1: Sabatinu en 1894, sous l'uniforme du 163ème RI (service militaire).

Photo n°2: son frère ainé Dumenicu Martinu, sous l'uniforme du 24ème Bataillon de Chasseurs Alpins en 1881 (service militaire). Décédé en 1914 à l'âge de 54 ans, il repose au cimetière marin de Solenzara.

Photo n°2: son frère ainé Dumenicu Martinu, sous l'uniforme du 24ème Bataillon de Chasseurs Alpins en 1881 (service militaire). Décédé en 1914 à l'âge de 54 ans, il repose au cimetière marin de Solenzara.

Photo n°3: le benjamin de la famille, Francescu, au pont de Solenzara. Tireur d'élite, il était craint même des bandits de la région. Emporté par la pneumonie en 1914 à l'âge de 38 ans, il repose au cimetière marin de Solenzara.

Photo n°3: le benjamin de la famille, Francescu, au pont de Solenzara. Tireur d'élite, il était craint même des bandits de la région. Emporté par la pneumonie en 1914 à l'âge de 38 ans, il repose au cimetière marin de Solenzara.

Photo n°4: Sabatinu au début de la guerre, avec la tenue bleu horizon de l'infanterie française.

Photo n°4: Sabatinu au début de la guerre, avec la tenue bleu horizon de l'infanterie française.

Photo n°5: Sabatinu (assis à droite) en compagnie d'autres soldats du 115ème RIT (cf. col de la veste de l'homme debout à gauche).

Photo n°5: Sabatinu (assis à droite) en compagnie d'autres soldats du 115ème RIT (cf. col de la veste de l'homme debout à gauche).

Photo n°6: au centre, en compagnie de camarades.

Photo n°6: au centre, en compagnie de camarades.

Photo N°7: Sabatinu dans son quartier du Palazzu, durant les années 50. La maison à gauche est l'ancienne poste du village (à côté de la pizzeria "La Calèche"). Celle de droite est la maison où se trouvaient le tabac Poli et l'agence « Terra Voyages ». On reconnait aussi les immenses platanes qui bordaient la place, dont quelques uns subsistent encore aujourd'hui.

Photo N°7: Sabatinu dans son quartier du Palazzu, durant les années 50. La maison à gauche est l'ancienne poste du village (à côté de la pizzeria "La Calèche"). Celle de droite est la maison où se trouvaient le tabac Poli et l'agence « Terra Voyages ». On reconnait aussi les immenses platanes qui bordaient la place, dont quelques uns subsistent encore aujourd'hui.

Photo n°8: avec sa femme Paduva-Maria (née Rossi) et deux de ses petits-enfants: Jean-Louis et Gérard (qui deviendra au cours des années 90, bâtonnier du barreau de Bastia). Ils eurent en tout 4 enfants, 5 petits-enfants, 8 arrière-petits-enfants et 4 arrière-arrière-petits-enfants.

Photo n°8: avec sa femme Paduva-Maria (née Rossi) et deux de ses petits-enfants: Jean-Louis et Gérard (qui deviendra au cours des années 90, bâtonnier du barreau de Bastia). Ils eurent en tout 4 enfants, 5 petits-enfants, 8 arrière-petits-enfants et 4 arrière-arrière-petits-enfants.

Photo n°9: une des dernières photos de Sabatinu, devant le restaurant "Le Bon Accueil".

Photo n°9: une des dernières photos de Sabatinu, devant le restaurant "Le Bon Accueil".

 
 

MEMOIRE : RÉTROSPECTIVE 14-18.

 

AVANT-GUERRE :


C'est le 28 décembre 1872 que naît à Ventiseri un garçon que ses parents âgés de 45 et 33 ans (le père François-Marie est berger, la maman Madeleine, sans profession) choisissent d'appeler SABATINU (en français Sabatin) prénom rare mais très répandu dans le village.


Il est le second garçon d'une famille de 7 enfants qui comprendra un autre frère, et 4 filles.


Comme le voulait la vie aux champs dans ce rude Fiumorbu de la fin du 19ème siècle, Sabatinu devient cultivateur.

De Bragadellu (Pedicervu) à Ciposa (à côté de l'actuelle BA 126) il travaille des lopins de terre, tout en devenant un chasseur émérite.


Alors que le siècle se termine, la famille s'installe dans le village voisin de SOLENZARA, dans la maison Medori au centre du village.

Malgré une activité industrielle (fonderie, scierie, minoterie) en déclin, il y a toujours du travail pour les hommes robustes.

C'est donc à bord de petites embarcations de bois qu'il transporte, da l'Altu di a Scaffa Rossa ou d'A Baracchina vers les voiliers à destination de Marseille, le charbon de bois qui constitue l'économie traditionnelle de la zone.


De 1894 à 1896, il part dans le Sud de la France effectuer son service militaire, dans les rangs du 163ème Régiment d'Infanterie (photo n°1).

GUERRE 1914-1918 :


Dans les semaines qui précèdent le conflit, Sabatinu a la douleur de perdre ses deux frères Dumenicu (né en 1860, photo n°2) et Francescu (né en 1876, photo n°3) qui succombent coup sur coup à ce qui est alors un des fléaux de la région, qu'on appelle en corse "a puntura" (congestion pulmonaire).


Rappelé au service par la mobilisation générale il est, compte tenu de son âge (41 ans) incorporé dans le 373ème Régiment d'Infanterie, qui constitue la réserve du fameux 173ème RI de ligne dit "Régiment des Corses" (photo n°4).


Alors qu'en théorie les "vieux" territoriaux doivent être affectés à un travail de surveillance des forts ou de terrassements, l'hécatombe provoquée par les premiers mois désastreux pour l'armée française fait que ces hommes d'âge mûr partagent le même quotidien d'enfer que les autres soldats de l'armée d'active.


A partir du mois d'avril 1915, il passe au 115ème Régiment d'Infanterie Territorial (marseillais et provençaux) qui combat sur le front des Vosges (photo n°5).

En avril 1916, il réintègre le 173ème RI qui le mois suivant, retrouve le secteur de VERDUN.


Aux côtés de ses frères d'armes insulaires (photo n°6), Sabatinu participe aux terribles combats qui firent la gloire du régiment: Côte 304, Mort-Homme, Côte du Poivre.


Il est hospitalisé pendant près de 2 mois, du 30 juillet au 19 septembre 1916.

À la fin Octobre il est nommé Grenadier.

Au cours du terrible hiver suivant il manque d'être amputé pour pieds gelés.


En Novembre 1917, il retourne dans un régiment territorial: le 67ème RIT composé à l'origine de gens du Poitou.

Stationné en Lorraine le régiment subit les affres de l'ypérite (gaz moutarde).


Comme tous les soldats, il tente de rassurer sa famille par de courtes lettres où, par pudeur ou pour éviter l'impitoyable censure, on en dit le moins possible.


C'est dans les rangs du 62ème RIT qu'il termine la guerre (qu'il aura effectuée en totalité) avant d'"être renvoyé dans ses foyers à Solenzara" en janvier 1919.

APRÈS GUERRE :


A la fin du conflit, Sabatinu a 46 ans.

Il est temps pour lui de fonder une famille et il épouse Paduva-Maria, une jeune femme de 28 ans originaire de Solaro.


Ils s'installent dans l'une de deux grandes maisons du quartier du Palazzu, à l'entrée (sortie) Nord du village.

4 enfants rejoignent le foyer: François, Dominique, Angèle et Marie.


Durant cette décennie des années 20, il est frappé du même mal qui a emporté ses frères: "a puntura", mais en réchappe heureusement.

Il devient un chasseur professionnel, accompagnant des nobles anglais qui voyaient dans le Fiumorbu un terrain exceptionnel pour assouvir leur passion.


Parmi ceux-ci, Sir Verner, dont on disait au village qu'il était le frère de la Reine-mère d'Angleterre.

Ce dernier lui propose de s'installer à Grasse, ce qu'il refuse.

Si elle comprend le français, Paduva-Maria refusera de le parler toute sa vie, quant aux enfants il n'est pas envisageable à cette époque de les déraciner.


Parallèlement à la chasse traditionnelle au fusil, il s'inscrit aussi dans la haute tradition fiumurbaccia des "Merlaghji".

Si de longue date la région de Sari et Solenzara fournit aux usines de pâtés de Bastia la matière première, il chasse quant à lui au collet ("i cappii") ramenant parfois jusqu'à 180 merles en une seule journée, qu'il vend ou distribue ensuite aux gens du village.


Trop âgé pour être rappelé sous les drapeaux en 39-40 il vit en patriarche dans son quartier du Palazzu (photos n°7 et n°8) cultivant un jardin aux abords du pont de Solenzara.


Dans les années 50, son fils Dominique dit "Michettu" (qui deviendra dans les années 60-80 maire de Solaro) et sa bru Marie Cavatorta ouvrent ce qui deviendra un des plus célèbres restaurants de la région, "Le Bon Accueil" (photo n°9).


Il s'éteint en 1962 à l'âge de 90 ans, entouré de l'affection des siens, et repose au cimetière marin de Solenzara.

A l'image des austères hommes de sa région, il vécut de manière simple et courageuse.

Le centenaire de l'armistice ce 11 Novembre sera celui de la commémoration des milliers de Corses, des millions d'hommes venus des 4 coins du globe qui ont sacrifié leur jeunesse dans un conflit hors-normes.
Ce sera aussi le sien.


Son nom était Sabatinu TIBERI.

Source : Port De Plaisance Solenzara

(https://www.facebook.com/portdeplaisance.solenzara.1/posts/185348119057849)

Retour à l'accueil