Plan de déconfinement :
le détail des "restrictions" à partir du 11 mai 
 

Voici les principaux points :

Dans tous les départements, un retour en classe des maternelles et des écoles primaires est possible à partir du 11 mai.

Retour en classe pour les élèves de 6e et 5e est envisagé à compter du 18 mai et  les parcs et les jardins pourront rouvrir dès le 11.

"Pas de confinement obligatoire" pour les personnes vulnérables après le 11 mai, mais ces personnes, "âgées ou malades de pathologies comme l'obésité, le diabète" ou souffrant "d'insuffisance respiratoire", sont appelées à "conserver dans toute la mesure du possible des règles de prudence très strictes".

Pas "d'assouplissement supplémentaire" dans les Ehpad. 

La France "est prête pour tester massivement" dès lundi les personnes présentant des symptômes ainsi que celles avec lesquelles elles ont été en contact.

La capacité des départements en tests virologiques "est aujourd'hui au niveau des besoins estimés" à 700.000 tests par semaine.

Port du masque obligatoire dans les transports en commun à partir de l'âge de 11 ans, sous peine d'amende de 135 euros.

Mise en place d'une limite à 100 km "calculée à vol d'oiseau à partir du lieu de résidence habituel" pour les déplacements sauf "motif professionnel ou familial impérieux". 

La limite ne s'applique que si on quitte son département de résidence.

Une nouvelle attestation est en cours d'élaboration pour permettre le contrôle de cette règle.

Les restrictions aux frontières de la France avec les pays de l'espace européen (Union européenne, Schengen, Royaume-Uni) seront "prolongées jusqu'au 15 juin au moins" et les frontières avec les pays non-européens "resteront fermées jusqu'à nouvel ordre", selon Christophe Castaner.

La libre circulation des travailleurs frontaliers sera préservée.

Les mesures de quatorzaine "pour toute personne française ou étrangère entrant en France (...) à ce stade ne seront pas appliquées à l'intérieur de l'espace européen, sauf Outre-mer et, si nous le décidons, en Corse". 

L'ouverture "des plages et lacs" sera possible au cas par cas sur autorisation du préfet "à la demande des maires".

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner travaille avec les responsables des cultes "aux conditions d'une reprise des cérémonies religieuses" avec du public "d'ici la fin du mois".

Le 11 mai, "400.000 entreprises qui représentent 875.000 emplois" vont rouvrir, dont 77.000 salons de coiffure, 33.000 commerces d'habillement, 15.000 fleuristes, et 3.300 libraires, selon le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Les centres commerciaux de plus de 40.000 mètres carrés, dont la réouverture était incertaine, "pourront rouvrir" le 11 mai "en accord avec les préfets, sauf en Ile-de-France".

L’État "continuera d'être présent" pour les entreprises après le 11 mai, avec une prolongation jusqu'à fin mai du fonds de solidarité pour les petites entreprises et les indépendants, ainsi qu'une exonération des charges sociales sur trois mois pour les petites entreprises ayant dû fermer sur décision administrative.

 

Source : Corse Matin. 

Par: AFP

7 mai 2020.

Alors qu'Emmanuel Macron a annoncé que le déconfinement se fera en considérant chaque territoire, un groupe de scientifiques insulaires travaille sur les modalités de sorties les plus favorables. Pour cela, il souhaite mener une étude de prévalence.

Le déconfinement se fera donc finalement « en fonction de la réalité de chaque territoire », a déclaré jeudi Emmanuel Macron à l'issue d'une conférence avec les maires de France.

Le retour progressif des enfants à l'école à partir du 11 mai, tant redouté par les parents, se fera sur « le principe de volontariat et sans obligation », et le port du masque sera certainement imposé.

Enfin, les déplacements de populations entre zones touchées par l'épidémie et celles moins affectées seront limités, a prévenu, sans préciser la durée dans le temps, Jérôme Salomon.

Un déconfinement par territoires donc et non sur les ensembles plus vastes que sont les régions, et ce par le biais de plans élaborés en collaboration avec les élus.

Sur ce dernier point, le Premier ministre Edouard Philippe a tenu à rassurer directement les élus corses, mercredi soir, à l'occasion d'une visio-conférence réunissant le président de l'Exécutif, celui de l'assemblée de Corse, députés, sénateurs, les maires d'Ajaccio et de Bastia ainsi que les représentants des associations des maires.

À l'issue de la réunion, Gilles Simeoni a exprimé sur twitter son sentiment mitigé : « Un premier échange à saluer, mais peu de réponses concrètes. Tout reste à faire, sur la stratégie de sortie progressive du confinement comme sur l'indispensable plan de relance économique et social. »

Un groupe informel

Si tout reste à faire, les élus corses peuvent cependant s'appuyer sur un groupe de scientifiques insulaires, qui, depuis une quinzaine de jours, réfléchissent sur les scenarii possibles pour la sortie du confinement.

Pour l'heure, le groupe est informel.

Il comprend une vingtaine de personnes, aux spécialités différentes. Parmi lesquels, Jean Arrighi, l'ancien directeur de l'Observatoire régional de la santé de Corse, Christophe Arena, l'actuel directeur, Paul-André Colombani, le président de l'Observatoire, également député mais aussi, et surtout dans ce cadre, médecin généraliste, le Dr Antoine Grisoni qui représente les médecins libéraux.

Le groupe compte aussi des biologistes comme Jean Canarelli, la spécialiste en évaluation des risques Annie Clerc de Marco ou encore des personnalités comme la professeur Josette Dall'ava Santucci, pour ne citer qu'eux.

Jean Arrighi emploie volontiers le terme anglo-saxon de « task force » pour évoquer ce groupe dont l'objectif est de proposer aux élus des stratégies de déconfinement basées sur une réflexion scientifique.

« Les données sur ce virus changent très vite, il faut pouvoir expliquer à la population les plans qui nous permettront de sortir, par paliers du confinement, explique Josette Dall'ava Santucci. À titre d'exemple, le déconfinement par tranches d'âge a été très mal perçu. Nous autres scientifiques n'avons pas d'avis, Ce qui nous intéresse, ce sont les faits scientifiques. »

Une demande formulée par les élus auprès du gouvernement

Pour affiner les connaissances, l'équipe a fait appel à un spécialiste en santé publique et épidémiologie, « ami de la Corse », l'épidémiologiste Ariel Beresniak.

Arrivé il y a quelques jours à Ajaccio avec le Pr Gérard Duru, mathématicien expert en modélisation pour l'aide à la décision en santé, il propose d'organiser une étude de prévalence sur l'île (lire ci-dessous).

« L'idée c'est de tester un échantillon représentatif de 1 111 Corses, dont les noms seront tirés au hasard auprès des registres de la CPAM et de la MSA. 

Cette étude qui pourrait être réalisée rapidement, nous permettrait d'avoir un point de départ très concret sur la situation insulaire. Et ainsi pouvoir proposer aux élus des plans pertinents pour un déconfinement progressif », explique Jean Arrighi.

« Les chiffres qui circulent de 5,7 % de la population qui aurait déjà été en contact avec le virus se font au doigt mouillé, précise de son côté Paul-André Colombani. Avec l'étude de prévalence que nous demandons, nous pourrons, entre autres, définir le taux de mortalité du Covid sur l'île et ajuster les stratégies. C'est un outil capital pour proposer un déconfinement progressif et cohérent. »

La demande pour organiser cette étude a été officiellement formulée mercredi soir par Gilles Simeoni auprès du Premier ministre à l'occasion. Les élus n'ont pas de retour pour l'heure.

Hier, Marie-Hélène Lecenne, déclarait cependant que Santé publique France et l'Agence régionale de santé Corse se « mobilisaient pour accompagner cette démarche de demande ».

Si le gouvernement accorde cette autorisation, l'île serait le premier territoire à expérimenter ce type d'étude qui permettrait d'obtenir une photographie précise de la situation épidémiologique insulaire. Et d'ainsi coller au plus près de la réalité des territoires, comme le souhaite Emmanuel Macron.

« Une étude inédite pour connaître la pénétration du virus »

Ariel Beresniak participe à la réflexion menée en Corse sur le déconfinement. Spécialiste en évaluation des mesures de santé publique contre les épidémies, comme les grippes et le Sras, il a travaillé, notamment, avec la Commission européenne.

En quoi consiste l'étude de prévalence que vous recommandez pour la Corse ?

Il s'agit d'un comptage. 
Elle consiste à évaluer précisément la proportion de sujets qui ont été contaminés par le coronavirus, quel que soit leur état clinique (porteur sain ou symptomatique) et donc ainsi de pouvoir calculer le taux de mortalité attribuable au virus.

Elle consiste à tirer au sort un échantillon représentatif de la population à partir de la liste des assurés sociaux CPAM et MSA. Il faut préciser que seul un véritable tirage aléatoire garantira la représentativité de l'échantillon, car il permettra de connaître la probabilité pour chaque individu d'appartenir à l'échantillon.

Quel est son intérêt ?

Évaluer le nombre de sujets ayant été en contact avec le virus permet de calculer la morbidité, c'est-à-dire le nombre de cas symptomatiques ayant développé une forme de la maladie, et la mortalité et le nombre de décès attribuables au virus. On pourra ainsi calculer le taux de mortalité très précisément.

Pourquoi la Corse, spécifiquement ?

Je suis là depuis quelques jours, et je note une très forte attente de la population au retour à la vie normale en fonction de la situation réelle épidémiologique de l'île. La population se sent extrêmement isolée par l'arrêt des communications aériennes et maritimes et est très inquiète pour son économie qui dépend principalement du tourisme et du bâtiment.

J'ai l'impression qu'une grande partie de la population est prête à prendre ses responsabilités dans l'appréciation des risques, à partir du moment où elle dispose d'informations réelles, et non plus d'hypothèses ou de moyennes nationales...

Alors que ce type d'étude est très difficile à mettre en œuvre (c'est la raison pour laquelle aucune étude comparable n'a été réalisée sur le continent, ni en Europe, ni au-delà), elle apparaît tout à fait faisable en Corse. Notamment parce que les responsables d'institutions, les politiques et les acteurs de santé se connaissent.

Ce qui laisse envisager une dynamique de collaboration immédiate qui mettrait très longtemps à s'organiser ailleurs. De plus les études épidémiologiques sur une île sont toujours plus intéressantes car la population est captive par définition. D'autant plus en ce moment, en période de confinement et de diminution quasi-totale des transports de personnes Corse-Continent.

Quels types de tests envisagez-vous ? 

C'est une étude de séroprévalence pour permettre d'évaluer la proportion de personnes séroconverties, qui ont donc développé des anticorps. Plusieurs tests sérologiques existent aujourd'hui dont les propriétés (sensibilité et spécificité) sont encore en cours d'évaluation.

Cette incertitude sur les performances réelles des tests sérologiques est importante au niveau individuel pour l'interprétation du résultat. Mais moins au niveau collectif car tous les sujets de l'étude utiliseront le même test et les analyses statistiques pourront prendre en compte différents niveaux de précision.

Bien entendu, il est aussi possible d'en profiter pour faire un test virologique et obtenir en complément une photographie de la répartition du virus dans la population.

Les statistiques jusqu'ici publiées ne suffisent-elles pas ?

Toutes les études réalisées à cette date ne sont que des estimations pratiquées sur des populations non représentatives, ou des extrapolations obtenues par des modélisations sur la base d'hypothèses. Aucune des études existantes ne permet d'avoir une véritable idée de la pénétration du virus dans la population générale.

Quelles stratégies de déconfinement sont envisageables pour l'île ?

Tous les scenarii sont possibles mais ils seront d'autant plus efficaces qu'ils seront adaptés à la situation épidémiologique de la Corse, c'est-à-dire aux taux de morbidité et de mortalité réels qui pourront être calculés grâce à cette étude.

Les procédures de déconfinement ne peuvent être les mêmes si 5 % de la population a été en contact avec le virus, ou alors au contraire si 50 % de la population est immunisée, ce qui peut commencer à faire espérer une immunité collective.

 

La sortie progressive du confinement débute ce lundi 11 mai et la préfecture de Corse a souhaité rappeler qu'il ne s'agit pas d'un déconfinement total.

En effet, comme initialement prévu, les traversées entre la Corse et le Continent ne seront pas rétablies.

"Au cours de cette première phase, qui devrait durer au moins jusqu'au 2 juin, le principe applicable au transport de passagers entre le continent et la Corse, dans les deux sens, reste celui de l'interdiction des déplacements."

Seules les personnes ayant des dérogations de motifs impérieux pourront voyager.

Les passagers devront impérativement être munis d'une attestation qui sera téléchargeable sur le site du ministère de l'intérieur. Des contrôles seront effectués par les forces de l'ordre."

Les ressortissants étrangers ne pourront pas non plus entrer sur le territoire insulaire.

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