L'HIRONDELLE DES RUELLES.

L'HIRONDELLE DES RUELLES.

Ici, les toits d’ardoises
Là, les toits de tuiles
Ici et là
Cheminées de briques,
Goulots de gouttière

Avec nobles matières
Avec belles pierres
Les maisons de villes
S’habillent chiquent
Les unes s’imbriquent
Les autres se toisent.

Au vent des étages
Dans ma longue vue
Des ailes en aperçu
Mon regard s’écarquille
A l’arrivée d’un langage
Qui babille
Tu reviens de l’Afrique
Ta gorge déployée
Chargée de trilles
Je ne t’attendais plus
Te voilà réapparue
Toute légère, toute menue
Tu viens dans l’avril
Seule par le dédale des rues.

A la souplesse des fils
Qui s’alignent, s’électrisent
A l’enseigne lumineuse
Qui s’éteint, s’allume
A la flèche de l’église
Qui s’élève gracieuse
Te voilà sur la ville
Craintive, frileuse
Tu viens à pointe de plume

Pattes fièvreuses
Deux ramiers bleus
Boivent à la Creuse
Des bois morts flottent
Naviguent par deux
Se délavant à l’écluse

Au-dessus d’une porte
Pointe le bec d’une lanterne
Des murs secs de béton
Retiennent les âmes recluses
Au coeur d’Argenton
Tu viens par les poternes
Ton oeil vagabond
Ton regard lèche-vitrine
Au Moulin du Rabois
Tu m’apparais fine citadine
Tu viens jusqu’à moi.

Une oeuvre pousse sous le châssis
Un chevalet porte une vie
Un mouvement s’esquisse
Geste d’une grande silhouette
Entre pinceaux et peintures
Mon regard s’immisce,
L’Art guide ma quête
Courbes d’une sanguine
Lignes pures d’un clair-obscur

Ombre bleutée d’un survol
Envolée d’une passerine
Passages d’ailes nigrines
Je dénoue l’hiver de mon étole
Je m’émerveille à la luisance
Du printemps qui recommence
Mes yeux remontent la ruelle
Tu m’appelles douce hirondelle;

Claude Griessman.

 

Source : maitrerenardinfo

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