Portrait supposé d’Alexandre Des Mazis datant de sa période d’émigration (vers 1795) Meilleur ami de jeunesse de Napoléon Bonaparte sur le continent (Ecole Militaire de Paris, Valence, Auxonne)

Portrait supposé d’Alexandre Des Mazis datant de sa période d’émigration (vers 1795) Meilleur ami de jeunesse de Napoléon Bonaparte sur le continent (Ecole Militaire de Paris, Valence, Auxonne)

ALEXANDRE DES MAZIS, AMI INTIME DE BONAPARTE.

 

Alexandre Henri des Mazis. Seigneur de Brières-les-Scellés.

 

Né le 6 septembre 1768 à Strasbourg.

 

Décédé le 20 septembre 1841 à Briis sous Forges à l'âge de 73 ans.

 

Il fut sans nul doute le plus intime des amis de jeunesse de Napoléon Bonaparte.

 

 

 

Leur amitié née à l’École Militaire de Paris fin 1784 se prolongea ensuite en garnison à Valence et Auxonne, au sein du régiment de la Fère, qu’ils intégrèrent ensemble en 1785.

 

Et si la Révolution les sépara un temps, l’affection mutuelle que se portaient les deux compères ne s’était pas pour autant distendue.

 

Ainsi, en 1802, de retour d’émigration, Alexandre des Mazis fut reçu par le Premier Consul au Palais des Tuileries.

 

En charge du garde meuble impérial sous l’Empire, il semble qu'il continua de fréquenter assidument le Maître de l’Europe dans le cadre domestique, en plus de ses fonctions publiques peu exposées elles-aussi.

 

Dans ses Cahiers, des Mazis ne fait état que des ses rapports de jeunesse avec Bonaparte, mais ne dévoile rien de son intimité avec lui et l’impératrice Joséphine à La Malmaison. 

 

Cependant, Alexandre des Mazis demeure le principal témoin et acteur de la vie de Bonaparte entre 1784 et 1791.

 

Son témoignage ne peut donc être être totalement négligé.

 

Ce court récit sur une véritable amitié de plus de trente ans nous livre malgré tout quelques anecdotes et faits intéressants sur le quotidien des deux jeunes hommes à Paris, en Bourgogne et dans la Drôme.

 

Il nous confirme aussi que Napoléon avait un sens aigu de l’amitié.

 

 

 

Au 1er septembre 1783, je suis rentré à l’école militaire de Paris en sortant de Rebais où j’étais resté quatre ans environ, placé dans la classe de mathématiques pour suivre les instructions nécessaires pour entrer dans l’artillerie ; je me trouve placé dans la salle d’étude auprès de Le Lieur de Ville-sur-Arce, entré la même année à l’école, venant de Brienne et se destinant aussi à l’artillerie.

 

Nous nous liâmes bientôt et notre amitié a duré jusqu’à la fin des jours de cet ami que je regrette encore et qui, comme moi, avait été lié étroitement à Buonaparte qu’il avait laissé à l’école de Brienne parce qu’il était trop jeune pour venir à l’école de Paris.

 

Je vous dirai quelle a été la destinée de ce bon camarade.

 

Ses aventures font aussi partie des réminiscences de notre jeune âge et vous feront connaître un honnête homme, jouet de la fortune, que Buonaparte estimait, qu’il voulait rendre heureux, mais qui détruisait par sa mauvaise étoile le bien qu’on lui faisait.

 

Ville-sur-Arce me parlait souvent de son camarade et du regret de ne pas se trouver ensemble à Paris, il m’en faisait beaucoup d’éloges, tant sous le rapport du caractère que sous celui de l’instruction, il me donnait envie de me lier aussi avec lui.

 

A la fin de 1784, vers le mois de septembre, Ville-sur-Arce fut reçu élève d’artillerie, il quitta l’école et fut reçu à celle de Metz.

 

Nous eûmes le regret de nous quitter et il ne vit pas Buonaparte qui n’arriva qu’un mois après son départ.

 

Il avait été choisi par Monsieur Reynaud des Monts, inspecteur des écoles militaires, pour faire partie de élèves de Brienne qui devaient en sortir pour aller à Paris.

 

Ville-sur-Arce en partant me dit qu’il désirait que j’accueillisse son ami, que je pourrais lui être utile, soit auprès de ses camarades, soit auprès des chefs, que l’originalité de son caractère, ses manières un peu étrangères pourraient lui attirer des ennuis que je pourrais lui éviter.

 

Je lui promis de rechercher l’amitié de Buonaparte et nous nous dîmes adieu en conservant l’espoir que nous nous retrouverions ensemble dans l’artillerie et que notre première liaison se cimenterait encore dans le monde où nous allions entrer.

 

Cet espoir n’a pas été trompé : après avoir parcouru les diverses vicissitudes des événements politiques, nous nous sommes toujours retrouvés amis et dans la même union de pensées, quoiqu’ayant, l’un et l’autre, été le jouet des tempêtes des révolutions et longtemps séparés par d’immenses distances.

 

Lorsque Buonaparte arriva, je fus à lui en lui parlant de Ville-sur-Arce.

 

Il m’accueillit assez froidement, mais sans refuser mes avances ; nous fumes placés dans la même division et le hasard fit qu’on le plaçât à côté de moi dans la classe de mathématiques, se destinant à entrer dans la marine.

 

Nous passâmes plusieurs mois sans rapprochement particulier, mais une circonstance que son caractère inflexible fit naître, me mit en rapport avec Buonaparte ; on lui avait donné un instructeur dans le maniement des armes un élève nommé Champeaux assez sévère dans son commandement.

 

Un jour le jeune élève, qui souvent avait ses idées ailleurs qu’à l’exercice, n’obéit pas aux leçons qu’on lui donnait, ou les exécutait mal.

 

Son instructeur lui donna un coup de baguette de fusil sur les doigts. Buonaparte, enflammé de colère, lui jeta son fusil à la tête en promettant que jamais il ne recevrait de leçon de lui.

 

Les chefs, voyant qu’il fallait agir avec douceur avec cet indocile élève, me chargèrent de son éducation militaire.

 

Je m’acquittai fort mal de cette commission.

 

Si mon élève put gagner quelque chose du côté des formes, il perdit beaucoup du côté de l’instruction.

 

Car, pendant les heures qu’on faisait marcher au pas ordinaire et faire la charge en douze temps, nous laissions de côté nos fusils pour causer de tout autre chose ; j’appris alors à connaître ce que valait mon nouveau camarade, soit par l’originalité de son caractère, soit par son instruction.

 

Nous désirâmes réciproquement de nous lier ensemble, ce que j’avais d’opposé à lui pouvait aussi lui convenir, il trouvait quelqu’un qui le concevait, l’appréciait, et à qui il pouvait sans contrainte, manifester ses pensées.

 

Au bout de quelques mois il fut admis au Bataillon sans, cependant être très instruit des manoeuvres, mais les distractions continuelles qu’il avait en faisant l’exercice du bataillon lui attiraient souvent de fortes réprimandes de ses chefs, surtout de M. de Lanoy qui voulait que les élèves fissent l’exercice comme de vieux soldats ; il arrivait quelquefois que lorsqu’on faisait le commandement de reposer sur les armes, on voyait au second rang un fusil resté en l’air, on était sûr que c’était celui de M. Buonaparte, j’avais soin de le pousser du coude, étant son voisin de droite, mais son arme n’en arrivait pas moins trop tard à « libre » et le bruit qu’elle faisait troublait l’unité exigée si strictement par M. de Lanoy qui s’emportait en criant :

 

« Monsieur Buonaparte, réveillez-vous donc, vous faites toujours manquer les temps d’exercices. »

 

Buonaparte était arrivé à l’école militaire avec plusieurs élèves de Brienne, il y en avait un qui avait attiré son amitié.

 

C’était Laugier, il avait beaucoup d’esprit naturel et plaisait sous tous les rapports, mais il était dissipé et avait un caractère tout à fait opposé à celui de Buonaparte, il aimait le plaisir, les jeux et se liait avec les élèves les plus gais.

 

Voyant que Buonaparte vivait retiré, peu communicatif, il s’éloigna de lui, il s’associa à ceux qui le raillaient, soit sur sa réserve, soit sur sa taciturnité

 

Buonaparte s’aperçut de ce changement, il s’en plaignit, lui fit des reproches de sa dissipation, Laugier n’écouta pas les conseils d’un ami, il excitait même les camarades à lui faire des niches, mais il en fut puni, car un jour qu’il se promenait seul dans la salle de récréation, Laugier vint doucement par-derrière lui, au moment où il traversait d’une salle à dans l’autre et, le poussant fortement, s’enfuit dans la foule des élèves pour se soustraire à sa colère, mais il l’eut bientôt distingué et atteint, malgré les efforts de ceux qui l’entouraient et qui riaient de cette malice.

 

Buonaparte le prit au collet et le poussa à terre avec tant de force que Laugier fut tomber violemment contre la grille en fer d’un poêle, il s’y fit une blessure assez profonde au front.

 

Le capitaine commandant de service, en entendant ce bruit, vint à Buonaparte pour le punir, mais avec le plus grand sang froid, il répondit au chef :

 

« J’ai été insulté, je me suis vengé. Tout est dit. »

 

Et il continua sa promenade sans émotion. Depuis ce moment, Laugier fut plus réservé.

 

Buonaparte regrettait d’avoir perdu cet ami qui avait de si heureuses dispositions, hors de l’école militaire, il en parlait encore avec un sentiment sincère d’affection.

 

Laugier a émigré, il s’est distingué dans son régiment, il est mort en 1796, tué en duel à l’armée de Condé par des Roches, officier d’artillerie qui, au régiment de la Fère à Auxonne, avait manqué de se battre avec Buonaparte.

 

Un ouvrage sur Buonaparte a été fait par lui ou par quelqu’un qui a pris son nom.

 

Buonaparte était dans la classe de mathématiques…

 

MM. Dagelet et Monge, deux hommes distingués étaient nos professeurs, M. Dagelet avait fait le tour du monde de M. de Bougainville, il avait de l’esprit, de l’instruction et aimait beaucoup à raconter ses voyages, il nous intéressait infiniment lorsqu’il nous parlait.

 

Souvent toute une étude se passait à l’écouter, il racontait très bien et ses récits excitaient l’enthousiasme parmi ses jeunes auditeurs pour les voyages d’outre-mer, beaucoup se destinaient pour la marine, Dabaud, Peccaduc, Phelippeaux, Le Lieur et Buonaparte étaient du nombre.

 

Dans le courant de 1784, il fut question du voyage de M. de la Perouse.

 

MM. Dagelet et Monge sollicitèrent et obtinrent la faveur d’en faire partie, comme astronomes, les aspirants à la marine étaient trop enflammés du désir d’aller parcourir les mers, comme leur professeur, pour ne pas désirer ardemment de le suivre dans cette expédition.

 

Buonaparte aurait bien voulu avoir occasion de déployer son énergie dans une si belle entreprise, mais Darbaud eut seul la préférence, on ne put pas admettre un plus grand nombre d’élèves, il partit avec MM. Dagelet et Monge en 1784.

 

M. Monge ne pouvant supporter la mer, fut obligé de relâcher à Madère et de revenir en France.

 

MM Dagelet et Darbaud suivirent le sort funeste de M de la Perouse.

 

Si Buonaparte eut réussi dans ses désirs, comme lui il aurait péri dans une île éloignée, il lui était réservé de mourir au-delà des mers, mais après avoir tenté bien d’autres voyages.

 

Cette année, on prévint qu’il n’y aurait pas d’examen de marine, les élèves qui se destinaient à cette partie, pour ne pas perdre une année, dirigèrent leurs études pour entrer dans l’artillerie.

 

Buonaparte fut du nombre ainsi que Peccaduc et Phelippeaux ; me destinant aussi au corps d’artillerie, comme avaient fait mes pères, nous eûmes de plus ce motif de rapprochement.

 

On avait dans cette classe de mathématiques beaucoup de zèle pour cette science, nos professeurs se plaisaient à nous instruire et tous nous efforcions de leur complaire.

 

M. Dagelet venait souvent s’approcher de Buonaparte pour causer avec lui.

 

Il se plaisait à apprécier l’opiniâtreté qu’il mettait à soutenir ses opinions, déjà très avancées.

 

Ces conversations roulaient quelquefois sur les littérateurs, sur la Corse et sur la politique.

 

Les connaissances de Buonaparte n’étaient pas très avancées, il avait plus de facilité à concevoir les propositions qu’à les exprimer.

 

On nous proposait des problèmes à résoudre qui n’étaient pas dans nos cours. Buonaparte venait toujours à bout de les résoudre.

 

Il ne quittait le travail qu’après avoir vaincu les difficultés.

 

Buonaparte ne réussissait pas aussi bien dans ses autres classes, le maître d’allemand, ne pouvant rien lui faire apprendre, avait fini, après bien des menaces, à lui laisser faire tout autre chose que de l’allemand.

 

Il avait pour cette langue une répugnance invincible et il ne comprenait pas qu’on pût s’en mettre un mot dans la tête.

 

Il profita de cette liberté pour lire pendant toute la classe des livres d’histoire et de politique qu’on lui prêtait de la bibliothèque qui était à disposition des élèves.

 

Il lisait surtout Montesquieu et des histoire de la Corse.

 

Le maître d’écriture avait fait comme celui de l’allemand, il l’avait renvoyé de sa classe, non parce qu’il n’écrivait pas bien, mais parce qu’il voyait qu’il ne pourrait jamais s’assujettir aux plus simples principes de l’écriture.

 

M. Daniel était pourtant un académicien dans cette partie et n’estimait les élèves qu’autant qu’ils écrivaient parfaitement.

 

Buonaparte s’appliquait aux cours d’histoire et de géographie, faits par M. de l’Aiguille, ancien jésuite.

 

Il professait d’une manière admirable, il avait un art admirable pour se faire écouter, il ne lisait jamais ses cahiers, il parlait d’abondance en un très bon style, s’animant lorsque le sujet le demandait.

 

Il conversait avec ses élèves et disputait avec ceux qui n’en avaient pas une conforme à la sienne, je parlerai plus tard d’une discussion au sujet de la Corse avec Buonaparte, et M. de l’Aiguille.

 

Il a été placé par l’Empereur. Je l’ai revu sous l’Empire, il se rappelait encore de la chaleur de son élève dans cette recherche, s’il avait été avantageux pour la Corse d’avoir été soumise à la France.

 

Le professeur en soutenant sa patrie attaquait l’écolier dans ce qu’il avait de plus sensible.

 

Ses compositions en littérature avaient de l’originalité, mais ne lui attiraient pas d’éloges de M. Domairon, son professeur qui pouvait à peine lire tant elles étaient mal écrites.

 

Lui-même ne pouvait parfois en venir à bout.

 

M. Domairon est l’auteur de plusieurs ouvrages de littératures estimés, il était placé à l’Université.

 

Quant aux étude de dessin de fortification, de dessin d’agrément et de danse, il ne s’en occupait nullement, les trouvant trop futiles et ayant peu de dispositions.

 

L’exercice qui lui plaisait le plus était celui des armes. Nous avions un excellent maître, Monsieur…

 

Toutes les heures consacrées à la salle d’armes étaient employée à faire assaut.

 

Napoléon s’y mettait en nage, il était dangereux de ferrailler avec lui, il se mettait en colère lorsqu’il était touché et fondait sur son adversaire sans règle ni mesure ; c’était avec moi qu’il faisait assaut le plus souvent et, lorsque je lui portais une botte, j’avais soin de me retirer en arrière pour lui donner le temps de se calmer.

 

« Par Saint Pierre, s’écriait-il, je vais me venger », et il allait d’estoc et de taille sans songer à se garantir des coups qu’il se mettait hors d’état de parer et qu’alors il était facile de lui porter.

 

Le maître d’armes venait s’interposer pour faire cesser le combat qu’il poussait à outrance.

 

Il a cassé un grand nombre de fleurets.

 

Je porte encore la marque d’une de ces bottes qui m’a mis plusieurs jours hors de combat avec lui.

 

Ses récréations se passaient souvent à se promener à grands pas dans les salles de récréation, les bras croisés, à peu près comme il a été représenté depuis dans ses portraits, ayant la tête baissée, défaut pour lequel on le reprenait souvent à l’exercice, il ne faisait aucune attention aux jeux de ses camarades, auxquels il ne prenait aucune part.

 

Il paraissait très occupé de ses réflexions et avait l’air de se réveiller lorsque parfois on le heurtait en courant.

 

Ces méditations lui donnaient un air distrait.

 

On le voyait ainsi s’animer, marcher à plus grands pas et rire ou gesticuler.

 

Cette manière d’agir l’avait fait passer pour singulier, nous nous promenions parfois ensemble et sa conversation était toujours intéressante, elle roulait sur des choses sérieuses, il gémissait sur la frivolité des élèves, les désordres qui régnaient entre eux et le peu de soin qu’on apportait à nous surveiller et nous préserver de la la corruption.

 

Il ne jouait jamais avec ses camarades.

 

Cette réserve a été mal interprétée par les chefs de l’Ecole, qui attribuaient l’isolement qu’il recherchait à de l’éloignement pour la France qui avait subjugué sa patrie.

 

C’était la Corse qui le plus souvent occupait ses pensées et faisait le sujet de nos conversations.

 

Il espérait qu’un jour la Corse deviendrait un état libre et indépendant.

 

Dans son imagination il s’en voyait législateur.

 

Cette idée qui se formulait dans la tête de Buonaparte a été à l’origine de toutes les grandes qualités qui se sont plus tard développées chez lui.

 

Le commencement de la Révolution française lui a fait entrevoir que son rêve pourrait se réaliser.

 

A la mort de son père en 1785, son confesseur fut chargé de le conduire à l’infirmerie comme c’était l’usage dans ses premiers moments de douleur ; il refusa d’y aller, disant qu’il avait assez de force d’âme pour supporter cette peine sans qu’on prit soin de le consoler.

 

Il n’était pas complètement irréligieux et encore moins athée et cependant il n’était ni catholique ni protestant, les seules circonstances qui tirassent Buonaparte de sa rêverie habituelle était l’attaque ou la défense des redoutes que nous nous amusions à faire avec la neige.

 

Alors, il se mettait à la tête d’un de ces partis et le commandait avec une intelligence remarquable.

 

Un jour de fête publique, un ballon devait être lancé au Champ de Mars, les élèves de l’école étaient sous les armes depuis fort longtemps et le ballon ne partait pas.

 

Buonaparte s’impatienta et, sans me communiquer son projet, il me donna son fusil à tenir, il sort des rangs sans être aperçu et va couper les cordes qui retiennent le ballon.

 

Il fut crevé et Buonaparte puni sévèrement.

 

 

 

 

 

 

Source : napoleonbonaparte.wordpress.com

 

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