VIEILLIR, C'EST CHIANT.

VIEILLIR, C'EST CHIANT.

Le conséquences du temps, combattu et sujet abordé depuis l’antiquité avec par exemple : l’un des fragments poétiques qui provient de l’époque archaïque Sappho, déplore en 600 avant J.-C. la fugacité de la jeunesse.

« L’âge a ridé ma peau, et sous mes lèvres blêmes, peu de dents tiennent bon ; quant à ma chevelure, ses épis noirs jadis sont aujourd’hui tout blancs.

Je ne me soutiens plus sur mes jarrets tremblants, moi qui jadis dansais parmi vous, ô mes sœurs, vive comme le faon, le plus vif des danseurs (…).

Mais je veux jusqu’au bout savourer la clarté.

 Et vous aimer. »

Personne n’a encore jamais trouvé un élixir de jouvence ou une quelconque potion magique d’immortalité.

Et s’il y a bien quelque chose face à laquelle nous sommes tous égaux c’est bien la vieillesse et le temps qui passe.
 

Le temps est éphémère.

Et les auteurs, les poètes ont toujours aimé écrire sur ce sujet intemporel de l’existence de l’homme sur Terre.

Et c’est le thème que Bernard Pivot a voulu traiter, non sans une pointe d’ironie intitulé :

« vieillir, c’est chiant » !

C’est l’histoire d’un homme qui n’aurait pas voulu vieillir, mais qui fait contre mauvaise fortune bon coeur en acceptant ce destin avec force et honneur plutôt qu’avec mélancolie et abandon.

 

« J’aurais pu dire :
Vieillir, c’est désolant, c’est insupportable,
C’est douloureux, c’est horrible,
C’est déprimant, c’est mortel.
Mais j’ai préféré « chiant »
Parce que c’est un adjectif vigoureux
Qui ne fait pas triste.
Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira.

Non, ce n’est pas vrai qu’on vieillit dès notre naissance.
On a été longtemps si frais, si jeune, si appétissant.
On était bien dans sa peau.

On se sentait conquérant. Invulnérable.
La vie devant soi. Même à cinquante ans, c’était encore très bien…. Même à soixante.

Si, si, je vous assure, j’étais encore plein de muscles, de projets, de désirs, de flamme.
Je le suis toujours, mais voilà, entre-temps j’ai vu le regard des jeunes…..
Des hommes et des femmes dans la force de l’âge qui ne me considéraient plus comme un des leurs, même apparenté, même à la marge.

J’ai lu dans leurs yeux qu’ils n’auraient plus jamais d’indulgence à mon égard.
Qu’ils seraient polis, déférents, louangeurs, mais impitoyables.

Sans m’en rendre compte, j’étais entré dans l’apartheid de l’âge.

Le plus terrible est venu des dédicaces des écrivains, surtout des débutants.
« Avec respect », « En hommage respectueux », « Avec mes sentiments très respectueux ».

Les salauds ! Ils croyaient probablement me faire plaisir en décapuchonnant leur stylo plein de respect ? Les cons !

Et du ‘cher Monsieur Pivot’ long et solennel comme une citation à l’ordre des Arts et Lettres qui vous fiche dix ans de plus !

Un jour, dans le métro, c’était la première fois, une jeune fille s’est levée pour me donner sa place…

J’ai failli la gifler. Puis la priant de se rasseoir, je lui ai demandé si je faisais vraiment vieux, si je lui étais apparu fatigué. !!!… ?

– « Non, non, pas du tout, a-t-elle répondu, embarrassée. J’ai pensé que ».
– Moi aussitôt : « Vous pensiez que ? »
– « Je pensais, je ne sais pas, je ne sais plus, que ça vous ferait plaisir de vous asseoir. »
– « Parce que j’ai les cheveux blancs ? »
– « Non, c’est pas ça, je vous ai vu debout et comme vous êtes plus âgé que moi, ça a été un réflexe, je me suis levée. »
– « Je parais beaucoup… beaucoup plus âgé que vous ? »
– « Non, oui, enfin un peu, mais ce n’est pas une question d’âge. »
– « Une question de quoi, alors ? »
– « Je ne sais pas, une question de politesse, enfin je crois. »

J’ai arrêté de la taquiner, je l’ai remerciée de son geste généreux et l’ai accompagnée à la station où elle descendait pour lui offrir un verre.

Lutter contre le vieillissement c’est, dans la mesure du possible, ne renoncer à rien.
Ni au travail, ni aux voyages, ni aux spectacles, ni aux livres, ni à la gourmandise, ni à l’amour, ni au rêve.
Rêver, c’est se souvenir, tant qu’à faire, des heures exquises.
C’est penser aux jolis rendez-vous qui nous attendent.
C’est laisser son esprit vagabonder entre le désir et l’utopie.

La musique est un puissant excitant du rêve. La musique est une drogue douce.
J’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l’Adagio du Concerto n° 23 en La majeur de Mozart, soit, du même, l’Andante de son Concerto n° 21 en Ut majeur,
musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà.
Mais Mozart et moi ne sommes pas pressés.
Nous allons prendre notre temps.
Avec l’âge le temps passe, soit trop vite, soit trop lentement.
Nous ignorons à combien se monte encore notre capital. En années ? En mois ? En jours ?
Non, il ne faut pas considérer le temps qui nous reste comme un capital.
Mais comme un usufruit dont, tant que nous en sommes capables, il faut jouir sans modération.
Après nous, le déluge ?… Non, Mozart. »

 

Le temps qui passe est une douleur quand on le subit mais un bonheur quand on en jouit.

Surtout si les derniers instants se jouent sur quelques notes de musique.

En voilà une jolie façon de considérer la vieillesse (même si c’est chiant !).

 

Les Mots de ma vie
Bernard pivot

Pour nuancer, ne nous plaignons pas :

Vieillir, est un privilège qui n’est pas donné à tout le monde [ Proverbe indien ]

Le temps c’est aussi voir de belles choses grandir et grandir avec.

Et aussi une chance de pouvoir faire mieux que nos pairs.

 

 

Source : Par Louise Meunier dans sain-et-naturel.com

Source photo : qq citations

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