BELLINI JULIA.

            BELLINI JULIA.

 

Cette haine de l’Italien venait-elle de l’oppression génoise ?    

Toujours est-il, que le paysan corse, disait alors : 

            — J’occupe quatre hommes et deux Lucquois.

 

            La belle Carbucciaise avait une vocation de célibataire.

 

Elle voulait rester dans la maison de ses ancêtres, demeure qui avait été la première du village à être pourvue de volets.

 

Elle désirait vivre auprès de ses frères qu’elle chérissait tendrement et qui le lui rendaient bien.

 

Cette famille déjà dans l’opulence avait un oncle commissaire de police à Paris.

 

N’ayant ni femme ni enfant, cet oncle envoyait beaucoup d’argent à ses neveux et sans doute grâce à lui, pouvait-on financer les balles de farine, que les « Bellini du Cardetu », étaient les seuls à pouvoir acquérir. 

 

Cet oncle était surnommé ziu Ghjialonu.

 

Il se prénommait Jean, mais on l’appelait Ghjialonu, à cause de son teint jaunâtre.

 

Un lucchesu, Pierre Santi, demanda la main de Julia Bellini.

 

La belle et fière Corse rejeta le Lucchesu.

 

Ce dernier demanda la main d’une autre jeune fille, cousine de la précédente.

 

Elle s’appelait Marie-Dominique Casanova.

 

Étant de condition modeste, elle accepta l’homme aux bottes de cuir et fut une femme comblée par la vie.

 

            La belle et fière Corse se nommait, Julia Bellini.

 

Son existence, sans tourner au tragique, allait prendre un nouveau chemin et devenir très difficile.

 

Elle allait devoir quitter ses terres, sa maison.

 

Elle allait laisser son linge, sa vaisselle, ses meubles, ses chandeliers d’argent. 

 

             Toujours, elle avait regretté Pierre Santi, le Lucchesu.

 

Texte : monique Bellini. MBGC Editions

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