Photo : Pierre Paul Battesti.

Photo : Pierre Paul Battesti.

Les côtes et rivages un contour comme un long poème.

 

Un contour que sait dessiner les yeux fermés, le petit écolier corse.

C'est d'abord, le Cap Corse, tel le vainqueur, le pouce coulé dans le schiste, haut perché, qu'il dessine, avec son versant Est peu accidenté.

Agrémenté de petites taches vertes symbolisants des activités agricoles telles que les cultures fourragères ou les petits vignobles.

Et de petits ronds bien formés pour signaler Erbalungua et maisons caressées par la mer, Sisco et ses 17 hameaux, ou Rogliano et ses châteaux forts, tandis qu'il découpe le versant opposé en petites échancrures qui abritent maints petits ports, ou marina, au noms chantants - marines de Tollare, de Giottani , d'Albo, de Farinole, fidèles aux pêcheurs et navigateurs qu'ont longtemps été les cap-corsins. 

Cap Corse Photo Desjobert

Il n'oublie pas de noter le nom des ces villages qui ont su conserver leurs toits de pierres plates aux couleurs gris vert de la mer où se côtoient avec bonheur habitations traditionnelles et "maisons d'Américains" témoignant de la "fortune" de ses enfants revenus au "pays" après une vie passée aux Antilles ou au Venezuela. 

Puis, le petit écolier, décide de dessiner le pourtour de son île selon les connaissances géologiques qu'il a fraîchement acquises.

D'abord la Corse cristalline, la plus étendue puisqu'elle s'étend de Saint Florent à Solenzara, et la plus difficile à dessiner avec ses côtes farouches, accidentées, sculptées, creusées, sauvages, et si étrangement belles avec ses huit Golfes, ses Caps et ses Pointes, ses fonds de baies, ses plages bordées de figuiers de barbarie, de bruyère ou de roseaux.

Il sait que son crayon fermement maintenu sculpte des réalités aussi merveilleuses que les grottes de Scandola, le golfe de Porto, les Calanques de Piana, les Iles Sanguinaires ou la Pointe de Roccapina gardé par son Lion de Granit... 


Atteignant l'extrême sud de île, l'enfant hésite.

Il voudrait tracer mais ne le peut, sinon en faisant un dessin en coupe.

Les somptueuses et éblouissantes falaises de Bonifacio avec ses grottes et ses rias qui nous rappellent certains paysages bretons comme les plis, également calcaires des collines de Saint Florent nous rappellent la Provence.

 

Mais son travail de dentellier continue au fur et a mesure qu'il dessine les îles de Cavallo et des Lavezzi , les contours du Golfe de Manza, la Baie de rêve de Santa Guilia, le Golfe de Porto-Vecchio semblant jaloux de sa beauté...

Qu'il est délicat d'essayer de tracer avec fidélité les nombreuses petites plages et criques aux parfums de vacances qui scintillent tout le long de la côte se prélassant entre Palombaggia à Pinarello.

Viennent ensuite la Côte des Nacres et les environs de la dynamique station de Solenzara, limite entre la côte cristalline et la cote schisteuse, qui emprunte son nom ensoleillé à cette rivière si fière de prendre ses origines sous le regard des Aiguilles de Bavella, joyau de l'Alta Rocca.

Enfin, notre petit géographe peut délier son poignet pour dessiner entre Solenzara et Bastia les contours de la seule grande plaine de corse qui s'étire sur une centaines de kilomètres de terres alluviales et sableuses aux allures de Camargue avec ses lagunes et ses étangs (d'Urbino, de Diana, de Biguglia) naguère fief du moustique anophèle.

Les Calanques Photo Desjobert

C'est La lutte anti-moustique associée a la création d'un réseau hydraulique capable d'irriguer 23000 hectares de terres qui ont permis a cette terre longtemps délaissée aux seuls marécages de renaître sous forme de vastes vignobles ou vergers d'agrumes ainsi qu'à ses villages autrefois hameaux tel Ghisonaccia - capitale de la plaine - de développer leur économie a travers l'agriculture et le tourisme.

Juste retour des choses !

En effet c'est sur cette côte, dite orientale  que se situe, à l'embouchure du Tavignano, et comme en témoignent les nombreux vestiges, Aleria, la capitale de la Corse Antique (env.565 av.J.C).

Regardant son dessin avec fierté, l'enfant voulant y mettre des couleurs, hésite et y renonce tant sa palette lui parait insuffisante pour rendre compte de la richesse, de la multiplicité, du caractère mais aussi de la légèreté et de la transparence des contours de son île, de ses terres et de ses eaux....

Texte : futura-sciences.com 

 

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