CORRESPONDANCE DU LIEUTENANT-GÉNÉRAL GENTILI
Commandant en chef de l'expédition des troupes de la République en Corse en 1796, commençant au 13 fructidor an IV et finissant au 28 novembre an V (30 août 1796 au 18 mars 1797).
De Livourne, le 13 fructidor an 4e (30 août 1796.)
Le général Gentili au général divisionnaire Berthier, chef de l'Etat major général.
— En conséquence des ordres du général en chef que vous m'avez mandés, citoyen général par votre lettre du 8 courant, d'organiser en compagnies et bataillons les réfugiés et militaires de la Corse qui se rendent ici en conformité de ses ordres, j'en ai déjà fermé deux compagnies de 45 hommes chacune ;
j'en ai donné le com mandement aux généraux Cervoni et Casalta.
Le commandant de la place de cette ville les armera et leur désignera les postes qu'ils devront occuper en cas d'événement, ou le service qu'ils seront chargés de faire en cas d'urgence.
Si le nombre des réfugiés s'augmentera, comme j'espère, on formera des compagnies en proportion.
Le commissaire des guerres fournira les vivres tant aux réfugiés qu'aux militaires, conformément aux ordres du général en chef.
De Livourne, le 18 fructidor an 4° (4 septembre 1796.)
Le général Gentili au commandant de la place.
— Je vous préviens, mon cher camarade, que demain vers les dix heures
les militaires et les réfugiés rendus ici par ordre du général
en chef, passeront la revue du commissaire des guerres ; ils
seront formés en deux compagnies sous les ordres des géné-
raux Cervoni et Casalta. Je vous prie de donner les ordres
que, sur la demande des deux généraux, soit délivré l'arme-
'De Livourne, le 19 fructidor an 40 (5 septembre 1796.)
Le général Gentili au citoyen Sapay.
— D'après les instructions que j'ai du commissaire du gouvernement, vous voudrez bien, citoyen, faire apprêter par tous les moyens possibles et sous le plus court délai, la quantité de bâtiments légers capables de porter trois cents hommes.
Ces bâtiments seront, autant que faire se pourra, armés en guerre.
Je vous prie de m'indiquer à peu près le jour où ces bâtiments pourront être prêts. Il serait bien que vous en
eussiez aussi en réserve. Veuillez mettre la plus grande activité dans cet armement ; c'est de sa promptitude que dépend le succès d'une opération infiniment intéressante.
Je me repose sur votre zèle et sur votre amour pour la République, et je ne doute nullement de l'empressement que vous mettrez à seconder les vues du gouvernement
Il est essentiel qu'on ignore dans le port de Livourne la cause de l'armement de ces bâtiments.
Je pense qu'il serait bien que vous fassiez répandre que c'est pour le compte des armateurs du corsaire que vous le faites armer.
De Livourne, le 19 fructidor an 4" (5 septembre '1796).
Le général Gentili au citoyen Sapay.
— D'après les bien, citoyen, passer sous le plus court délai une revue très exacte du corps de la gendarmerie de la 28e division qui est arrivé il y a quelques jours à Livourne.
Vous vous assurerez de leurs besoins en habillement et équipement et vous pourvoirez par les moyens les plus prompts à ce que ce corps soit complètement habillé et équipé.
Tels sont les ordres du commissaire du gouvernement, et je ne doute pas de l'empressement que vous mettrez pour les exécuter.
Ce corps, étant destiné à une expédition secrète qui aura lieu sous six ou sept jours, doit avoir au moins ce dont il a le plus besoin à ce terme.
Vous pourrez vous concerter avec M. Chefendi, négociant, qui a déjà fait des fournitures à l'armée pour cet objet, que je ne saurais assez vous recommander.
Vous voudrez aussi dans six ou sept jours avoir prêts des vivres en biscuits pour trois cents hommes pendant 15 jours, quelques barriques de vin et d'eau de vie et de la viande salée
Les deux compagnies de réfugiés Corses, formées en vertu des ordres du général en chef, dont vous allez passer la revue, doivent aussi, d'après ce qui a été arrêté avec le commissaire du gouvernement Saliceti, être équipées et habillées avec la même promptitude que la gendarmerie.
Il faut que vous ayez aussi toujours de réserve dans le magasin cinq ou six cents paires de souliers au moins.
Cet objet est un des plus importants.
Vous voudrez bien m'instruire sur quoi je puis compter dans six ou sept jours pour les objets que je vous demande.
De Livourne, le 20 fructidor an 4* (6 septembre 1796.)
Le général Gentili au citoyen Sapay.
— Vous voudrez bien faire apprêter pour demain au soir deux îeiouques ou autres petits bâtiments qui se tiendront prêts à partir au premier ordre, dont un partira après demain.
Vous devrez préparer les vivres pour cinq ou six hommes qui doivent passer sur le premier bâtiment en Corse. On combinera des signaux avec le patron pour le retour d'un de ceux qui passeront chargé de dépêches.
APRÈS L'OCCUPATION ANGLAISE
De Livourne, le 20 fructidor an 4e (6 septembre 1796.)
■ Le général Gentili au commissaire des guerres Savy.
D'après les dispositions arrêtées avec le commissaire du gouvernement Saliceti,vous vous occuperez sur le champ à réorganiser les, différentes administrations de la division destinée à notre expédition.
Vous formerez un état de divers employés que vous me présenterez ainsi qu'au commissaire du gouvernement.
Vous choisirez de préférence les employés corses munis de commissions, des agen<- qui se sont rendus ici en vertu de
l'ordre général pour les Corses.
Il se trouve ici aussi des chirurgiens et médecins attachés à l'armée auxquels vous indiquerez leurs places .
De Livourne, le 24. fructidor, an 4' (10 septembre 1796)
Le général Gentili au général Serrurier, commandant à Livourne.
— Le citoyen Sapay, chargé des transports militaires par mer en vertu d'un ordre du général en chef et d'après un arrêté du commissaire du gouvernement, demande quatre canons de bronze ou de fer de six ou de huit livres de balles.
Ces pièces lui sont nécessaires pour armer des corsaires destinés à l'expédition. Je vous prie, général, de vouloir bien donner des ordres pour qu'elles soient sur le champ mises à sa disposition.
De Livourne, le 29 jour complémentaire an 40 (17 septembre 1796)
Le général Gentili au citoyen Sapay.
— Vous donnerez les ordres, citoyen, pour qu'un bâtiment soit prêt à partir demain au soir pour transporter en Corse dix ou douze per-
sonnes et des munitions de guerre ; il serait préférable une des gondoles d'Ajaccio.
De Livourne, le 30 jour complémentaire an 40 (19 septembre 1796.)
Le général Gentili au citoyen Sapay.
— Je viens de recevoir, mon cher ami, votre lettre en réponse de celle que je vous ai écrite ce matin.
Je n'ai nul doute que l'ennemi ait armé des corsaires pour tâcher d'embarrasser nos opérations ; néanmoins l'expédition partielle que nous devons faire de trois gondoles devant aller au large du côté de Monte Christo
et de là passer les bouches de Bonifacio, je me flatte qu'elles ne rencontreront pas les ennemis.
Il est de toute nécessité que l'expédition aille du côté de l'ouest.
Ainsi il faut faire préparer les trois gondoles pour après demain le plus tard.
De Livourne, le 30 jour complémentaire an 40 (19 septembre 1796)
Le général Gentili au général Serrurier, commandant à Livourne.
— Je vous prie, général, de vouloir bien donner des ordres pour qu'il soit mis sur le champ à ma disposition
six barils de cartouches, quatre de poudre de munition, et mille livres de plomb, du calibre de 24 à 30, et deux mille cinq cent pierres à feu.
Je dois faire embarquer cette munition sur des gondoles qui doivent partir demain.
De Livourne, le 30 jour complémentaire an 40 (19 septembre 1796.)
Le général Gentili au citoyen Sapay.
— Je vous prie, mon cher Sapay, de vouloir bien faire dresser un état de tous les bâtiments que vous avez préparés pour l'expédition, ainsi que de la quantité de personnes que chaque bâtiment peut contenir.
J'ai besoin de cet état demain pour prendre des mesures en conséquence.
10 APRÈS L'OCCUPATION ANGLAISE.
Il ne faut pas comprendre dans l'état ci-dessus les trois bâtiments qui ont fait l'objet de la lettre que je vous ai
De Livourne, le 30 jour complémentaire an 40 (19 septembre 1796.)
Le général Gentili au commissaire des guerres Savy.
Vous voudrez bien, citoyen, par les mesures les plus promptes pourvoir à l'habillement complet de la compagnie de volontaires corses organisée à Livourne d'après i-"S ordres du général en chef et destinée à s'embarquer.
On vous remettra Hans la journée un contrôle de cette compagnie d'après lequel vous réglerez vos opérations ; ne perdez pas un instant, car nous pourrions partir sous peu de jours.
De Livourne, le 40 jour complémentaire an 40 (20 septembre 1796.)
Le général Gentili, commandant en chef de l'expédition, charge le citoyen Savary de recevoir du payeur de la guerre à Livourne,les sommes revenantes pour la gratification accordée par arrêté du commissaire du gouverne-
ment Saliceti, en date du Ier jour complémentaire aux militaires Corses et aux Corses non militaires formant la compagnie de volontaires destinés pour l'expédition, afin d'être par lui et sur mes ordres payées individuellement aux dits militaires Corses et Corses non militaires.
En conséquence, le commissaire des guerres Savy arrêtera les états formés conformément au dit arrêté pour être payés par le payeur de la guerre au citoyen Savary.
Ordre au citoyen Roccaserra du 40 jour complémentaire (20 septembre 1796.)
En conséquence des dispositions du général en chef, il est ordonné au citoyen Roccaserra, chef de bataillon à la
27° demi brigade d'infanterie légère ; Peraldi, capitaine à la 85e ; Roccaserra, lieutenant à la 27e ; Susini, lieutenant de grenadiers ; Susini, adjudant-major ; Santoni lieutenant ; Olivieri, sous-lieutenant ; Marcacci, chirurgien ; Susini, médecin, de partir le plus promptement possible pour se rendre en Corse où ils se réuniront avec les patriotes républicains de cette île pour préparer l'arrivée des forces qui vont y aller pour la, rendre à l'unité de la République française.
Le citoyen Roccaserra se concertera particulièrement avec le citoyen Barboni, capitaine de gendarmerie et avec tous ceux qui lui témoigneront être francs et zélés républicains français.
Le citoyen Roccaserra me rendra exactement compte de tputes ces opérations.
Ordre aux citoyens Piétrï et Susini, volontaires, du 40 jour complémentaire (20 septembre 1796.)
En conséquence des dispositions militaires du général en chef, il est ordonné aux citoyen» Antoine Giovanni Piétri et Federico Susini, volontaires, de partir le plus tôt possible pour se rendre en Corse où ils se réuniront aux patriotes républicains de cette isle pour préparer l'arrivée des forces qui vont y aller pour la rendre à l'unité de la République française.
Ils se concerteront avec tous ceux de leurs concitoyens qui leur témoigneront d'être francs et zélés républicains français.
Ils rendront exactement compte de leurs opérations.
Ce même ordre a^été donné au citoyen Subrini.'capitaine ; Subrini, lieutenant ; Colonna, sergent ; et Colonna, |Pi'nelli, Subrini, Cesari, Laurent Lopigna, Laurent CHannisiui, Joseph Giannisini, volontaires.
Le citoyen Sapay a été autorisé à acheter trois mille livres de plomb.
Source : Gallica. BNF.