U casteddu di Baricci.
U casteddu di Baricci.

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Sartène, Foce.
Responsable d’opération : Gilles Giovannangeli.
 
 

Cette prospection a tenté de mieux cerner l’environnement du casteddu di Baricci, importante forteresse seigneuriale des xive et xve s. qui fut prise et détruite par l’Office de Saint-Georges dans les premières années du xvie s.

Bâti sur un piton granitique bien individualisé (519 m d’altitude) qui domine la rive droite de l’Ortolo, ce château n’est aujourd’hui accessible que par un unique sentier partant de la D65 reliant Sartène à Bilzesi.

 

2Les prospections ont concerné dans un premier temps les abords immédiats du piton fortifié. Elles ont d’abord permis de confirmer l’absence d’habitat villageois aggloméré dans la dépendance du château.

 

Elles ont pourtant révélé plusieurs structures bâties médiévales dispersées dans le sous-bois du flanc nord.

3Une structure circulaire semi-enterrée, aux moellons liés à l’argile (3,20 m de diamètre) pourrait être un exemple rare de four à chaux associé au chantier de construction – ou de reconstruction – d’une forteresse Cinarchese.

Après une importante opération d’élagage et de débroussaillage, on a pu également identifier sur le flanc nord-est du piton une large rampe d’accès utilisable par des chevaux ou des animaux de bât, aménagée contre la paroi rocheuse et menant en plusieurs lacets jusqu’à une dizaine de mètres du sommet.

Enfin, une structure rectangulaire de 11 x 5,5 m a été repérée et nettoyée sur un replat à la base du piton, au nord-ouest de la fortification.

Malgré l’absence d’abside semi-circulaire, ce bâtiment présente de fortes similitudes avec les petits édifices religieux médiévaux :

- il est parfaitement orienté et dispose de trois accès, l’un au milieu de la façade ouest, les deux autres dans les murs longitudinaux nord et sud, dispositif fréquent dans les chapelles médiévales insulaires.

Les murs de moellons irréguliers (moins soignés que ceux des chapelles romanes) présentent enfin de fortes similitudes avec ceux du logis du casteddu.

Tous ces indices plaident en faveur d’une chapelle castrale des derniers siècles médiévaux.

4Ces différents éléments ont pu être relevés sur un plan d’ensemble des vestiges de la fortification grâce à la collaboration de David Ollivier, archéologue-topographe (LA3M).

5Dans un deuxième temps, les nombreux vallons entourant le piton ont aussi fait l’objet de plusieurs journées de prospections avec des succès plus inégaux.

Il n’est pas facile de se repérer dans ce paysage aujourd’hui dominé par une forêt dense de chênes et d’arbousiers d’où émergent seulement quelques pointements rocheux (Petra d’Arca, Mulinu, Bulaghi).

Au nord du site, le tracé d’un ancien sentier muletier contournant le rocher de Petra d’Arca a été reconnu.

Il a pu servir de chemin de liaison commode entre le château et la pieve d’Atallà (Tallano) où, on le sait, les seigneurs de la Rocca étaient particulièrement bien implantés.

Sur son tracé ou à proximité immédiate, de nombreux abris-sous-roche aménagés, des cabanes en pierres sèches, des charbonnières et les vestiges de deux constructions médiévales identifiables :

- les premiers sont incontestablement ceux d’une ancienne chapelle romane dont le vocable est perdu (arases de l’abside et du mur nord), les seconds, ceux d’une ancienne source aménagée avec soin.

Dégagées d’un roncier, apparaissent les assises d’un petit bâtiment rectangulaire dont les murs étaient originellement maçonnés à la chaux sur le modèle des citernes des rocche seigneuriales (longueur estimée :  > 3 m ; largeur : 2,13 m).

Bien que distante de plus de 1 500 m du site fortifié, cette source, appelée Funtana Chjavata dans la toponymie locale et Funtana del Signor Rinuccio dans les documents notariés du xviie s., pourrait être un des lieux d’approvisionnement en eau du château.

6Les prospections sur le flanc sud, dans les vallons d’Alzonu, de Curgia ou de Jargalu, juste au-dessus de l’Ortolo, ont été moins fructueuses.

Dans ce secteur particulièrement escarpé, elles n’ont pas permis d’établir clairement l’existence d’un chemin muletier menant directement au château depuis les gués de la rivière.

Question importante quand on sait les relations étroites (mais pas toujours pacifiques…) qui existaient à la fin du Moyen Âge entre le château de Baricci, le village d’Ortolo sur l’autre versant de la vallée, le poste fortifié de Roccapina et bien sûr la ville génoise de Bonifacio.

 

Référence électronique

Gilles Giovannangeli, « Sartène, Foce – U casteddu di Baricci » 

 

Photo : Ville de Sartène - Cità di Sartè

 

 

 

© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS

 

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