TOUR DE FAUTEA. Zonza.
Repérable en sommet de promontoire, la tour de Fautea (fig. 1) se détache sur la côte en amont du golfe de Porto-Vecchio et relève de la ceinture de tours littorales édifiées entre 1530 et 1620 par les Génois en défense des incursions maritimes de l’île.
Commandée en 1573 et édifiée, d’après un prix-fait, en 1592 sous la protection rapprochée de 50 soldats, cette tour va connaître un destin mouvementé puisqu’elle est dite brûlée en 1650 et déclarée en très mauvais état en 1673 et 1677.
Pourtant, en 1857, sous l’égide des autorités françaises, elle est enregistrée comme en bon état de conservation, visiblement restaurée dans l’entre-deux.
Le dernier avatar de son histoire se rapporte à un obus qui la traverse durant la Seconde Guerre mondiale.
On suit sa dernière restauration grâce aux archives des Monuments historiques entre 1978 et 1988, dessinant à nouveau sa silhouette caractéristique.
Le diagnostic archéologique ayant porté sur la tour de Fautea a été mené sur cinq jours par deux archéologues de l’Inrap.
Il a permis de dégager un certain nombre d’informations nécessaires à la compréhension de l’édifice avant une nouvelle restauration.
Fig. 1 – Vue aérienne avec la plage abritée pour le mouillage et un four à chaux au sud

2Grâce à l’étude de son bâti, elle peut être décrite selon sa configuration complète de 13,50 m de haut, à partir d’un plan circulaire, partant de son glacis taluté, ceint d’un cordon qui reçoit le fût à l’aplomb, lui-même couronné d’un parapet sur mâchicoulis en encorbellement et d’une guérite.
3Comme les vestiges d’enduit et de badigeon le prouvent, la tour est initialement totalement enduite, renforcée par un badigeon épais blanc cassé.
4On pénètre dans la tour par une porte à l’étage, à hauteur de cordon, impliquant le recours à un dispositif mobile vertical pour y accéder, sans doute une échelle de bois au vu du talutage du glacis.
L’intérieur est divisé en trois niveaux :
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un rez-de-chaussée pris dans son glacis qui accueille une citerne et une réserve, éléments de survie essentiels en cas d’attaque ;
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l’étage, où le sol dallé est actuel mais doit être initialement un plancher, complétant la voûte de la citerne.
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On y retrouve d’abord la porte d’accès, située à l’ouest et totalement reprise récemment, mais aussi les éléments d’une salle de garde avec une fenêtre de tir centrale, un placard qui peut être initialement un accès à la réserve, un puits pour celui à la citerne.
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L’accès à l’étage se fait par un emmarchement restreint le long du flanc sud-ouest à partir de la porte et se poursuit à l’opposé pour rejoindre la plate-forme à partir du second niveau ;
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le niveau supérieur, matérialisé par des planches sur les photos anciennes, qui accueille l’étage de vie avec une batterie de dispositifs engagés dans l’enveloppe du fût : margelle, four, cheminée, évier, baie pour ajourer, niche mais surtout des fenêtres de tir disposées en batterie et s’inscrivant dans cet ensemble à vocation domestique !
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La plate-forme a été remaniée et bétonnée mais garde sa lisibilité pour la guardiole en sommet de marches et les mâchicoulis dont la moitié a été restaurée.
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Il faudra fouiller cette zone pour dégager les attributs habituels du sommet : l’avaloir avec trop-plein alimentant la citerne, le conduit d’évacuation de la cheminée, celui du four, les éventuels dispositifs militaires liés à la mise en place de canons ou autres avatars.
5L’intérêt archéologique de l’opération était de distinguer les différentes destructions et restaurations portées sur la tour et de cerner son état d’origine, ce qui a pu être amorcé à partir de la reconnaissance des différents enduits constitutifs.
Notons que la citerne contient en fond un dépotoir extrêmement intéressant (céramiques du xviie s., faune dont deux exemplaires de tortues terrestres exceptionnelles en Corse puisque grecques, Testudo graeca, avec une morphologie d’Afrique du Nord), qu’il s’agira de fouiller avant restauration en même temps que la réserve, actuellement remplie de sables récents.
« Zonza – Tour de Fautea » [notice archéologique], ADLFI.
© ministère de la Culture et de la Communication, CNRS