L'empereur Akbar (1542-1605) promeut un syncrétisme religieux, le Dîn-i-Ilâhî, qui le conduit à une grande tolérance religieuse, et à la réforme à la fois du droit musulman et du droit hindou.
Empire Moghol (1526 à 1858)
Bāber, descendant de Tamerlan et de Gengis-Khan, est le fondateur de cette entité politique née d’un impératif : la survie. En effet, l’héritier contesté d’un petit royaume situé entre la Perse et le Turkestan fait face à l’impossibilité de se maintenir dans ses terres. Il abandonne cette partie du monde pour conquérir l’Inde en prétextant un droit sur les terres septentrionales de celle-ci.
Peu après une victoire éclair, Bāber décède en 1530. S’en suit une période de difficulté pour son fils, Humāyūn, qui doit lutter sur de nombreux fronts et est exilé durant 15 ans suite à une défaite face à un redoutable chef afghan. Le destin des Moghols ne s’arrête pas là car Humāyūn parvient à reprendre l’ascendant en 1555 mais décède prématurément après une victoire décisive en 1556.
Commence alors l’ère des Grands Moghols avec le premier d’entre eux : Akbar. Il est éduqué par un précepteur persan, Mīr Abdul Latī, qui lui enseigne un principe déterminant pour la gouvernance de l’Inde Moghole : la sulh-i-kull (tolérance universelle). Cela aura une grande importance pour l’orientation ultérieure des idées religieuses au sein de l’empire et la vision du pouvoir Moghole. A l’âge de 17 ans, en 1560, il congédie son tuteur et prend la main sur un empire qu’il organise, étend et perfectionne durant près de 50 ans. Il règne alors sur un immense territoire englobant toute l’Inde du Nord, de Kaboul au Bengale, soit l’équivalent d’un territoire allant de Paris à Istanbul.
Jusqu’à l’aube du 18ème siècle, les Grands Moghols se succèdent, les rancunes s’accumulent et la machine administrative bâtie avec minutie se grippe. L’une des raisons principales du démembrement de l’Empire Moghol réside dans l’inextricable rivalité qui oppose deux factions de puissance à peu près égale : d’une part, le clan touranien venu d’Asie centrale ; d’autre part, le clan iranien, venu de Perse.
Les derniers empereurs Moghols, trop faibles pour maintenir leur autorité sur le territoire immense que leur avait légué le dernier Grand Moghol (Aurangzeb), ne sont que des instruments entre les mains des chefs de ces deux clans, et l’État dérive progressivement vers l’anarchie et la banqueroute. En 1739, l’invasion des Persans conduit à la prise de Delhi, à son pillage et au massacre de plusieurs milliers de citoyens. Cette catastrophe porte un coup mortel à l’Empire Moghol. Il faut attendre encore un peu plus d’un siècle pour que s’éteigne la dynastie avec la déposition de Bahādur Shāh II suite à la révolte des Cipayes en 1857. L’Inde passe alors sous domination anglaise pour près d’un siècle.
Factuellement, la réalité du pouvoir Moghol ne dure que trois siècles avec quatre souverains (Akbar, Jahāngīr, Shāh Jahān, Aurangzeb) qui se succèdent de père en fils durant cent cinquante ans (1556-1707). Cela permet une remarquable stabilité de l’administration et un épanouissement, parfois somptueux, de la vie sociale et culturelle. Si Bāber, en instaurant la dynastie Moghole, est devenu une figure majeure de l’histoire universelle, Aurangzeb, le dernier Grand Moghol, doit être tenu – tel est le jugement du poète-philosophe Iqbāl, père spirituel du Pakistan – pour « le fondateur de la nationalité musulmane en Inde ».
Anecdote culturelle, le célèbre Taj Mahal construit au 17ème siècle est un héritage de l’époque Moghole culminant à 73 mètres de hauteur. Il est considéré comme un joyau de l’architecture mêlant éléments architecturaux des traditions islamique, iranienne, ottomane et indienne.
Source Kairos application
BĀBER ou BĀBUR (1483-1530)
Descendant par sa mère de Gengis-Khan (Chingiz Khān) et par son père de Tamerlan (Timūr-Lang), Zahīr ud-dīn Bāber est le fondateur de la dynastie moghole en Inde. À la mort de son père en 1494, il hérite du petit royaume de Ferghāna, province située entre la Perse et le Turkestan. Attiré par la renommée de Samarkand, il tente par deux fois de conquérir la ville mais n'y parvient pas. En 1498, il est même chassé de son propre royaume et, pendant plusieurs années, il vit comme un fugitif, suivi de quelques centaines de partisans à la recherche d'un territoire. En 1504 il s'empare de Kāboul et s'y installe.
Bāber, considérant l'Inde septentrionale comme un héritage timouride et comprenant que la route de la Perse lui est interdite, tourne ses regards vers le sultanat de Delhi. Les trois premières expéditions en Inde (1505, 1507, 1519) ne sont que de brèves incursions destinées à sonder la capacité de résistance de l'adversaire. En 1524, à la demande de Daulat Khān, gouverneur de Lahore, Bāber se met en route pour sa quatrième invasion et sans rencontrer d'opposition sérieuse il traverse le Panjāb et après avoir laissé un petit détachement armé à Lahore revient à Kāboul.
À partir de ce moment la conquête de l'Inde septentrionale se déroule en trois étapes. C'est pendant l'hiver de 1525 que Bāber tente un coup décisif. Après avoir réuni une troupe de douze mille hommes, il passe la frontière, remonte l'Indus jusqu'à Sialkot où son fils Humāyūn, âgé de dix-huit ans, le rejoint, met Daulat Khān en déroute et parvient en avril 1526 dans la plaine de Pānipat pour affronter les seigneurs afghans de la cour d'Ibrāhīm Lodi. Devant un ennemi bien supérieur en nombre, Bāber remporte le 21 avril 1526 une victoire éclatante grâce à son sens tactique et à un armement moderne pour l'époque. Bāber s'empare de Delhi et envoie son fils Humāyūn à Āgra, achevant ainsi la première phase de sa conquête.
Mais Bāber doit faire face à la puissance rājput, car Rānā Sāngā, roi de Chittor, comptant bien profiter du démant [...]