ANFRIANI Carlo [Charles Joseph] « né en 1894 » à Aregno.

Enregistré le 23.11.1916 au camp de Königsbrück (dans la salle attenante au baraquement de l’église du camp).
106e RIT, 3e Bataillon, 12e Cie

 

Carlo Anfriani est bien plus âgé que les enquêteurs allemands ne l’ont noté, puisque, né le 5 décembre 1875, il a 41 ans quand il est enregistré.

Peut-être une confusion s’est-elle produite entre l’année de sa classe, c'est-à-dire de ses vingt ans, et celle de sa naissance ?

Muletier d’après sa fiche matricule, il se déclare cultivateur devant les enquêteurs, chose assez commune à une époque où, dans le monde rural, la notion même de profession est assez volatile.

Autre distorsion, alors que l’armée lui a reconnu au moment de l’incorporation un niveau scolaire correct (« sait lire, écrire et compter »), il se déclare en 1916 illettré et parlant seulement « un peu français ».

Aurait-il perdu avec le temps des compétences scolaires acquises dans l’enfance et peu pratiquées au cours de sa vie d’adulte ?

A la mobilisation, ce presque quadragénaire est régulièrement mobilisé au sein du 116e régiment d’infanterie territoriale et envoyé en Tunisie, mais le 8 octobre 1914 il est versé dans l’active, normalement réservée à ses soldats plus jeunes.

Après un bref passage au 61e régiment d’infanterie d’Aix-en-Provence, il est muté au dépôt du 111e régiment d’Antibes.

Le 14 septembre 1915, il rejoint pour la première fois le front, pour être très rapidement reversé, en compagnie d’autres « hommes âgés » du 111e, à une unité plus adaptée à son âge, le 106e régiment d’infanterie territoriale, qui vient d’être formé de réservistes en majorité isérois.

En mars 1916, son unité est en deuxième ligne dans le bois de Malancourt, au nord-ouest de Verdun, zone alors réputée calme et épargnée dans les premières semaines de l’offensive allemande, puis soudainement attaquée en force le 19 après un bombardement intense, par des troupes accompagnées de lance- flammes.

Le Journal des Marches et Opérations du 106e RIT indique sèchement « Attaque du bois de Malancourt.

Le commandant Rivemale, le Médecin Aide Major Paradis, les 10e, 11e, 12e Cies et une section de mitrailleuses disparaissent, soit : 10 officiers et 527 hommes ».

C’est tout le bataillon de Carlo Anfriani, un tiers du régiment, qui a été englouti, et s’est vraisemblablement rendu.

Les unités qui tiennent les premières lignes, 111e et 258e RI, connaissent le même sort, et plus de 2000 soldats sont capturés lors de ce véritable effondrement d’un secteur entier, au point qu’une enquête diligentée par le commandement aboutit à la dissolution de ces deux derniers régiments, fait unique durant toute la guerre.

La captivité de Carlo Anfriani se passe entre les camps de Giessen, Limburg et Königsbrück.

Il est libéré le 17 janvier 1919 et rendu à la vie civile le 11 mars 1919.

 

 

 

 

Source :  CULLETTIVITÀ DI CORSICA  - isula.corsica/patrimoine

Retour à l'accueil