Huit phrases sur l'épidémie que ces politiques et scientifiques doivent regretter.
11 janvier 2020. Le Covid-19 fait son premier mort à Wuhan, en Chine, quatre jours après l’identification de ce nouveau coronavirus qui est apparu en décembre 2019.
Le reste du monde ne sait pas encore qu’il va être submergé par l’épidémie.
Depuis, le Covid-19 a fait près de 2 millions de morts dans le monde, dont 67 750 en France.
Retour sur cette année 2020 où certains et certaines auraient dû tenir leur langue.
1. « Le risque d’introduction en France est faible »
Cette phrase a été prononcée par Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, le 21 janvier 2020.
« Le risque d’introduction en France de cas liés à cet épisode est faible mais ne peut pas être exclu, d’autant qu’il y a des lignes aériennes directes » avec Wuhan, déclare-t-elle.
À l’époque, la Chine recense 300 cas confirmés de coronavirus.
Six personnes en sont mortes, selon les données rendues publiques par le gouvernement chinois et plusieurs cas ont été détectés à l’étranger, notamment aux États-Unis.
Deux jours plus tard, la ville de 11 millions d’habitants se coupe du monde et se place en quarantaine.
2. « Pas de preuve évidente de transmission interhumaine »
Dans son bulletin d’information daté du 12 janvier 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) écrit :
« Selon l’enquête épidémiologique préliminaire, la plupart des cas étaient commerçants ou manutentionnaires ou se rendaient fréquemment sur le marché de gros aux poissons de Huanan. Le gouvernement indique qu’il n’y a pas de preuve évidente de transmission interhumaine. »
Il faut dire qu’au début de l’épidémie, la contamination interhumaine n’est pas certaine.
Il faut attendre le 28 janvier pour que l’Allemagne officialise le premier cas de contamination entre humains en Europe.
3. « La France est prête ! »
Cette fois, c’est le nouveau ministre de la Santé qui prononce cette phrase, le 18 février.
Nommé deux jours plus tôt.
« Je n’ai pas besoin de vérifier que la France soit prête, la France est prête ! Et elle est prête parce que nous avons un système de santé extrêmement solide. »
Au même moment, l’OMS qualifie l’épidémie de coronavirus comme « une très grave menace pour le reste du monde ».
À cette date, la barre des 1 000 morts en Chine a été franchie et dépasse le bilan du Sras qui avait fait près de 800 morts en 2002-2003.
En France, le premier mort du Covid-19 est enregistré le 14 février :
il s’agit d’un touriste chinois de 80 ans, hospitalisé à l’hôpital Bichat, à Paris, depuis fin janvier.
Le 17 février marque aussi le début du rassemblement évangélique de l’Église Porte ouverte chrétienne à Mulhouse.
Sur les 2 000 personnes réunies, au moins un millier sera contaminé par le Covid-19.
4. La chloroquine « est le traitement le moins cher et le plus simple »
La pandémie de coronavirus a fait émerger quelques visages qui resteront dans l’histoire.
Didier Raoult en est l’exemple.
Le directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection (IHU) de Marseille endosse rapidement le rôle du défenseur d’un remède miracle contre le coronavirus, selon lui :
- la chloroquine.
Le 25 février, Didier Raoult estime que « c’est le traitement le moins cher et le plus simple » disponible contre le nouveau coronavirus.
Le professeur marseillais parle notamment de l’hydroxychloroquine qui est un dérivé de la chloroquine utilisée contre le paludisme.
Pendant ce temps-là, les scientifiques planchent dans le monde entier pour trouver un remède au Covid-19 qui secoue la planète.
La chloroquine a pu montrer des signes d’efficacité contre le coronavirus chez des patients chinois, mais la prudence reste de mise dans le monde entier.
Le 22 mai, la revue The Lancet publie une étude qui conclut que l’hydroxychloroquine n’est pas bénéfique aux malades du coronavirus et peut même être néfaste.
Cette étude pousse l’OMS à suspendre les essais cliniques sur le traitement.
Mais finalement The Lancet revient sur son étude et l’OMS reprend donc ses essais.
Les résultats ont démontré que l’hydroxychloroquine n’avait qu’aucun effet bénéfique sur les patients touchés par le coronavirus comme le rapporte cet article du Monde paru le 16 octobre 2020.
En France, Olivier Véran a interdit dès le 27 mais la prescription de ce traitement lors d’une contamination au coronavirus.
5. « On ne doit pas acheter de masques »
Une telle phrase peut paraître hallucinante, un an après le début de l’épidémie.
Elle a été prononcée par Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement de l’époque, le 4 mars 2020.
« On ne doit pas acheter de masques, et on ne peut pas en acheter, car on a donné des consignes aux pharmacies », avance Sibeth Ndiaye au micro de France Inter.
Pour elle, il n’y a « pas de risque de pénurie pour les masques chirurgicaux puisqu’on a des stocks d’État qui ont été réalisés lors des précédentes mandatures ».
Ces propos, alors que le port du masque s’est généralisé dans les lieux publics, au travail, et même parfois dans la sphère privée, semblent aujourd’hui totalement déconnectés de la réalité.
Pour, dès le 27 janvier, l’infectiologue et directeur général de la santé Jérôme Salomon recommande « le port du masque pour les personnes malades et des équipements de protection uniquement pour les soignants » dans un premier temps.
L’OMS, de son côté, ne recommande pas le port du masque à l’ensemble de la population au début de l’épidémie.
Finalement, on apprendra que la France ne disposait pas d’un stock de masques suffisant pour affronter une telle pandémie.
117 millions de masques chirurgicaux étaient stockés, mais aucun masque FFP2.
En temps de pandémie, la France consomme environ 40 millions de masques par semaine.
Sibeth Ndiaye, souvent décrié pour sa communication autour de la pandémie de Covid-19, se retire de la vie politique après la formation du gouvernement de Jean Castex, le 6 juillet 2020.
Auditionnée en septembre par la commission d’enquête du Sénat, elle a affirmé avoir dit toute la vérité sur les masques.
6. « Nous n’avons jamais envisagé la fermeture totale des écoles »
Cette fois, cette déclaration appartient au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Le 12 mars, il déclare : « nous n’avons jamais envisagé la fermeture totale des écoles », sur Franceinfo. Plus de 2 000 cas de Covid-19 sont confirmés en France et des établissements scolaires ont déjà fermé leurs portes à cause du Covid-19, dans l’Hérault, l’Oise et le Haut-Rhin.
Le soir même, le 12 mars donc, Emmanuel Macron annonce finalement, lors d’une allocution télévisée, la fermeture des écoles, collèges, lycées et universités.
7. « L’histoire de rebond de l’épidémie, c’est une fantaisie »
Didier Raoult, directeur de l’IHU de Marseille, a prononcé cette phrase mardi 28 avril.
Alors que la première vague n’est pas terminée, lui prévoit déjà qu’il n’y en aura pas de deuxième.
« L’histoire de rebond, c’est une fantaisie qui a été inventée à partir de la grippe espagnole qui a commencé l’été, et qui n’a rien à voir ».
La suite lui donnera tort : la deuxième vague, plus longue et plus violente, a bien frappé le monde à l’automne 2020.
Et déjà, une troisième vague est redoutée.
8. « Le gros de l’épidémie est derrière nous »
Nous sommes en juin.
La France se déconfine et reprend, petit à petit une vie normale.
Tous espèrent que le Covid-19 est de l’histoire ancienne.
Olivier Véran, le ministre de la Santé, aussi.
À tel point qu’il va déclarer, sur LCI le 15 juin 2020, que « le gros de l’épidémie est derrière nous ».
C’était sans savoir ce qu’il allait se passer à l’automne, avec une deuxième vague plus longue et plus meurtrière.
Le ministre appelait toutefois à la prudence sur la situation à l’époque :
« Le virus n’a pas terminé sa circulation dans le territoire » et cela « ne veut pas dire que nous nous arrêtons face au virus. »