MARC' ANTONIO CECCALDI. CHRONIQUEUR DE L'HISTOIRE DE CORSE..
MARC' ANTONIO CECCALDI.
CHRONIQUEUR DE L'HISTOIRE DE CORSE.
Marc' Antonio Ceccaldi appartenait à la famille d'Omessa.
Nous ne pouvons mieux faire que de lui emprunter à lui-même les détails qu'il a insérés dans la Chronique de Giovanni della Grossa relativement à l'origine de cette famille.
« Une autre famille se fit connaître à son tour à Vallerustie ses membres construisirent le château de Corsoli et s'emparèrent de cette piève.
Afin de resserrer les Amondaschi, ils s'établirent en vue de Supietra, sur une roche qui domine l'endroit où se trouve aujourd'hui Omessa ils y construisirent un château appelé la Ferraiuola et l'occupèrent longtemps.
Plus tard, un de ces gentilshommes laissa en mourant ce château aux mains d'un vassal, qui avait été son balio (père nourricier de ses enfants).
Les fils du balio conservèrent la possession du château et se contentèrent toujours du rang de popolani (gens du peuple).
C'est d'eux qu'est descendue la famille d'Omessa. »
Quelques anciens cependant ont une opinion différente piévan de Giovellina, qui a dépassé sa quatre-vingtième année, est encore vivant il avait pour père Arrigo qui, à sa mort, avait environ quatre-vingt-dix ans.
Le père d'Arrigo était Ambrogio, évêque d'Aleria, qui mourut également dans un âge très avancé.
Ce piévan d'Omessa dit avoir entendu raconter à son père, qui le tenait de l'évêque, comment le gentilhomme qui sortait de Corsoli s'était fixé à la Ferraiuola et avait eu un grand nombre d'enfants que devenu vieux et peu respecté de ses fils et de leurs femmes, il avait, dans son dépit, donné le château à un berger, appelé Peloso, d'Ellerato, localité voisine, lequel comptait dans sa famille dix-huit fils ou petits-fils, et que le gentilhomme voulut qu'une de ses propres filles, que Peloso avait élevée, épousât un fils du balio.
Suivant le même Ambrogio, de cette famille sortit plus tard Ristoruccio, homme d'un grand renom, dont les deux fils, Asinucello et Verdone, allèrent habiter Omessa.
D'Asinucello naquit Ceccaldo, l'un de mes ancêtres, dont ma famille tire son origine et son nom.
Ceccaldo alla plus tard s'établir à Vescovato.
Verdone eut plusieurs fils Giovanni, Ariguccello, Giovannuccello et deux autres encore.
Giovanni fut plus tard évêque de Mariana, de Giovannuccello naquit Ambrogio, évêque d'Aleria, dont nous venons de parler, et des autres descendirent les Verdonacci, les Pagnalacci et les autres autres familles de cet endroit ( Chronique de Giovanni della Grossa). »
Source Gallica. BNF.
Paul de La Barthe (1482 à Couserand - † 6 mai 1562 à Paris), seigneur de Thermes,, d'après François Clouet, 1554.
Né vers 1520 à Vescovato, Marc Antonio Ceccaldi achève son Historia di Corsica un an avant sa mort en 1560 et n'aura donc pas le temps de publier son livre, pourtant manifestement prêt pour l'impression.
C'est donc son successeur, Anton Pietro Filippini, qui après avoir ajouté une dernière partie de sa main, fera paraître l'ensemble sous son nom, en 1594, grâce à l'appui financier du maréchal Alphonse d'Omano, fils du colonel Sampiero Corso.
La grande idée de Ceccaldi est toute résumée par le titre qu'il a choisi, Historia di Corsica.
Un titre que Filippini utilisera quelque part sans le comprendre.
Car, bien que reprenant la forme chronologique du récit de ses prédécesseurs, et en réécrivant et en développant la partie de Montegiani (1464 -1520), le texte de Ceccaldi lui-même (1520 -1560) a une tout autre ampleur qu'une simple chronique des faits survenus en Corse : le Vescovatais s'intéresse au reste du conflit en cours, aux affaires de Toscane, aux guerres initiées par la papauté ou au conflit dans le Nord-Est de la France.
Contrairement à Filippini, auteur d'une Guerre de Sampiero vue de Vescovato, où le détail concurrence l'essentiel, Ceccaldi a une vue d'ensemble du conflit en Corse et de son imbrication dans un conflit plus vaste qui oppose Habsbourgs et Valois dont il n'est qu'une des manifestations.
Par sa largeur de vue, par sa capacité à hiérarchiser les informations, par son style, Ceccaldi tranche avec ses prédécesseurs comme avec son successeur.
On peut dire sans se tromper qu'il est bel et bien le premier historien de l'île.
Cette nouvelle édition bilingue met constamment en perspective le texte du chroniqueur, nouvellement établi, avec les documents d'archives et mémoires du temps.
Source : amazon.
On lit dans un autre endroit de la même chronique :
« Ce Ceccaldo appartenait à l'une des premières familles d'Omessa ce qui le prouve, c'est que nous possédons encore aujourd'hui dans ce pays la cinquième partie d'une ancienne tour, dont les autres parties sont possédées en commun.
Il était parent de trois évêques sortis de sa famille c'étaient les évêques de Mariana, d'Aleria et d'Accia.
Comme il était chargé de percevoir tous les revenus, il alla s'établir à Vescovato, déjà peuplé depuis de longues années, parce qu'il lui était plus facile de là de remplir ses fonctions.
Il y construisit une tour très forte à Ponte-Levatojo, sur la colline qui fait face à celle où est aujourd'hui l'église de San Martino. »
Ceccaldo se fit à Vescovato une fortune considérable pour la Corse.
Ses descendants étaient si riches que, sans parler d'autres œuvres, pieuses et profanes, ils bâtirent en l'honneur de la religion l'église de l'Annunziata et une autre église dédiée à S. Sébastien.
Ils donnèrent à celle de l'Annunziata une maison, des vignes, des terres, des châtaigniers, des oliviers, afin qu'avec le revenu, un prêtre pût dire chaque matin, comme il le fait toujours, une messe pour l'âme de leurs ancêtres.
L'auteur de cette donation fut Francesco, notre aïeul, qui fonda encore un hôpital pour les pauvres, et donna pour servir à leur entretien plusieurs bois de châtaigniers.
Il donna encore une maison aux Béguines de S. François. (1) »
Marc' Antonio Ceccaldi naquit à Vescovato vers l'an 1521.
C'est Filippini lui-même qui nous a indiqué cette date dans l'édition de Tournon.
« Je puis dire aussi que ces événements ont eu lieu de mon vivant, puisque Ceccaldi n'avait que huit ans plus que moi. »
Or on sait d'une manière précise quel était l'âge de Filippini en 1594, c'est-à-dire, au moment où il faisait imprimer à Tournon l'histoire de la Corse.
En 1594, Ceccaldi aurait donc eu soixante-treize ans environ, et par conséquent, il serait né, comme nous venons de le dire, vers 1521.
Ceccaldi, qui nous a transmis le nom de plusieurs de ses ancêtres et même celui de son aïeul, ne nous a pas dit comment s'appelait son père mais on peut reconnaître en lisant sa chronique que sa famille, jusqu'à lui, n'avait rien perdu de son opulence et de son illustration.
Si les Ceccaldi avaient à Vescovato des propriétés considérables, ils semblent avoir possédé ailleurs encore des biens d'autre nature.
Autrement que signifierait cette phrase « Au lieu de s'attacher à la » fortune de Giacomo Santo Da Mare pendant la guerre précédente, Marc' Antonio Ceccaldi était resté chez lui, obéissant à ceux qui pouvaient disposer à leur gré de son petit avoir
A dar ubbidienza a chi delle sue picciole sustanze era padrone ?
Il ne s'agit pas assurément de possessions territoriales, puisque pendant cette guerre les Français furent au moins aussi longtemps que les Génois les maîtres de Vescovato.
Ce mot sustanze paraît donc désigner des sommes d'argent que les Génois avaient entre les mains et dont ils pouvaient disposer a leur gré, c'est-à-dire probablement des fonds déposés à la Banque de S. George.
II est vrai que Ceccaldi a qualifié ces sustanze de picciole mais il ne faut pas se hâter de le prendre au mot.
Filippini, en supprimant le mot picciole, a laissé entendre qu'il trouvait la modestie de Ceccaldi quelque peu exagérée d'ailleurs.
Ceccaldi lui-même insinue que ces sommes n'étaient pas si minces, puisque la crainte de les voir confisquer entra pour une large part dans la détermination qu'il prit de rester fidèle aux Génois.
Ce fut sans doute grâce à cette opulence, au rang distingué que sa famille occupait en Corse, et peut-être aussi grâce à une instruction fort remarquable en ces temps, que Ceccaldi put entrer dans l'une des plus nobles familles de l'île.
Il épousa une sœur de Giacomo Santo Da Mare, seigneur du Cap-Corse, qui devait suivre plus tard le parti des Français.
Où Ceccaldi avait-il fait ces fortes études qui lui permirent de devenir l'un des premiers, ou plutôt le premier des chroniqueurs corses ?
On ne trouve nulle part, que nous sachions, le moindre renseignement à ce sujet.
Cependant il n'est pas téméraire de croire qu'il a pu, sans aller en terre ferme, trouver d'excellents maîtres dans son pays natal, à Vescovato.
Vescovato si parva licet componere magnis était alors l'Athènes de la Corse.
Il y avait dans ce village, dit Ceccaldi lui-même, des jeux scéniques, des spectacles dans lesquels on représentait des traits de l'histoire religieuse aussi bien que de l'histoire profane, et où les costumes des habitants qui jouaient ces pièces étaient fort bien appropriés.
Ce qui donna tant d'éclat à ce village, ce fut sans doute le séjour qu'y faisaient les évêques de Mariana, qui y résidèrent jusqu'en 1530, et la présence de nombreux prêtres qui pouvaient consacrer leurs soins à l'éducation de la jeunesse.
Aussi parmi les quatre chroniqueurs dont Filippini a réuni les œuvres pour composer son histoire, trois sont-ils originaires de Vescovato Monteggiani, Ceccaldi et Filippini lui-même.
Quels qu'aient été les maîtres de Ceccaldi, ce qu'il y a de certain, c'est qu'au moment où éclata en Corse la guerre entre les Français et les Génois, il se trouvait par son instruction, par son rang et par ses relations admirablement préparé à raconter les péripéties de cette lutte mémorable.
Il semble même que la fortune ait voulu avoir sa part dans la composition de son œuvre pour la rendre encore plus complète.
Ceccaldi, fidèle partisan des Génois, eût pu être sans doute fort exactement renseigné sur les mesures que leur gouvernement prenait à Gênes et en Corse, sur la préparation et le résultat de leurs opérations militaires.
Mais s'il fût toujours resté avec eux, il eût été condamné à ignorer une grande partie des choses qui se passaient du côté des Français.
Ce fut donc un bonheur, sinon pour le chroniqueur, du moins pour sa chronique, qu'il eût été fait prisonnier par Sampiero à Tenda.
Cette captivité fut d'ailleurs courte et aussi douce que possible.
Sampiero retint Ceccaldi auprès de lui, et lorsqu'il fut rappelé en France, il le présenta au maréchal de Thermes, qui le renvoya à Vescovato, après lui avoir fait promettre de ne plus s'occuper de la guerre.
A Vescovato, et plus tard à Ajaccio, Ceccaldi (on le voit d'après plusieurs passages de sa chronique) fut en relations constantes avec les officiers français.
Il avait même son franc parler avec Giordano Orsino, le successeur de Thermes.
C'est ainsi que, lors de la signature du traité de paix, il n'hésita pas à lui faire des représentations relativement à l'ambassade que les Corses du parti français voulaient envoyer au roi de France, et qu'Orsino lui donna des explications qu'il eut peut-être refusées à tout autre.
Ce caractère droit et loyal, qui lui avait acquis l'estime des officiers français, lui avait en même temps conservé celle des Génois et de ses compatriotes.
En 1560, lorsque les Corses, écrasés sous le poids de nouvelles tailles, durent en demander la réduction à l'Office de S. George, Ceccaldi fut l'un des députés élus.
Cette réduction était à peine obtenue qu'il tomba malade à Gênes et mourut au bout de quelques jours.
Il n'avait que trente-neuf ans.
La Chronique de Ceccaldi va de l'an 1525 à l'an 1559.
Le récit des événements qui eurent lieu de 1525 à 1552 est renfermé dans quelques pages.
Après les guerres de Giovan Paolo della Rocca, de Renuccio de Leca et de Renuccio della Rocca, la Corse semble se recueillir avant de recommencer avec l'appui des Français, et plus tard sous la conduite de Sampiero, cette lutte au bout de laquelle elle devait succomber encore une fois sanglante, épuisée.
C'est la première guerre, c'est-à-dire celle que les Français et les Corses firent aux Génois que nous a racontée Ceccaldi.
La seconde guerre, celle de Sampiero, devait être racontée par Filippini.
C'est Ceccaldi qui a remanié le Dialogo de Giustiniani c'est lui qui a choisi avec un tact et un discernement parfait dans la Chronique de Giovanni della Grossa les événements dignes de l'histoire c'est lui enfin qui a enrichi le fond de la Chronique de Monteggiani et qui lui a donné une forme plus littéraire.
Si le théâtre de la guerre qu'il raconte est restreint, nous y voyons paraître pourtant les troupes de tous les peuples alors en guerre les uns contre les autres Français, Turcs, Corses, Génois, Italiens, Allemands, Espagnols.
Les événements de la guerre de Corse sont véritablement le contre-coup des événements qui se déroulent en terre ferme.
Néanmoins les nombreux historiens qui ont raconté la lutte gigantesque soutenue par la France contre l'empereur Charles-Quint et son fils Philippe II, aidés des Génois et de leur amiral Andrea D'Oria, ou ont omis complètement le récit de l'expédition de Corse entreprise par le maréchal de Thermes et continuée par Giordano Orsino, ou n'y ont fait que de courtes allusions.
La Chronique de Ceccaldi, à peu près inconnue jusqu'ici de nos compatriotes de terre ferme, comble donc réellement une lacune de l'histoire de France, et nous faisons des vœux pour que les historiens, désormais mieux informés, mentionnent l'avenir les sièges de Bonifacio, de S. Florent et de Calvi à côté des sièges les plus mémorables de cette guerre.
Les Génois eux-mêmes, qui avaient eu des intérêts autrement graves engagés dans la guerre de Corse, paraissent n'avoir entrepris le récit de cette lutte que lorsque Ceccaldi avait déjà achevé son oeuvre aussi leurs historiens ont-ils fait à sa chronique de nombreux emprunts, plus ou moins déguisés.
Le premier en date est Antonio Roccatagliata, avec le Bellum Cyrnicum.
Après Roccatagliata vient Merello, son neveu.
Son livre intitulé Dèlla guerra fatta da' Francesi e de' tumulti suscitati poi da Sampiero da la Bastelica nella Corsica, libri otto, est assurément supérieur à la chronique de Roccatagliata.
Un autre historien, Casoni, a raconté à son tour la guerre de Corse dans ses Annali di Genova, mais il n'a guère fait que répéter ce que ses devanciers avaient déjà dit.
En réalité, nous n'avons donc qu'un récit original de la guerre de Corse, celui de Ceccaldi ajoutons que c'est aussi sans aucun doute le plus intéressant et le plus impartial.
Si Roccatagliata, Merello et Casoni ne cachent pas leurs sympathies génoises, ce dont on ne saurait leur faire un crime, Ceccaldi paraît avoir écrit sans parti pris ni pour les Français ni pour les Génois.
Il ne ménage les éloges et les critiques ni aux uns ni aux autres il juge chacun d'après ses actes.
S'il n'aime pas les Turcs, ce n'est point parce qu'ils sont les alliés des Français, ni parce qu'ils professent une religion différente dé la sienne, c'est parce qu'ils sont cruels et sans foi.
Les Espagnols sont les alliés des Génois, mais, pour la même raison, il les déteste à l'égal des Turcs, peut-être même un peu plus.
Il paraît n'avoir eu de sympathie réelle et profonde que pour ses compatriotes quoique partisan des Génois, il est Corse avant tout.
Si les troupes génoises sont battues, il ne s'en afflige pas autrement, pourvu que les vainqueurs soient des Corses et même l'on ne répondrait point qu'en écrivant sa chronique, il n'a pas laissé échapper de temps en temps quelque malin sourire, au souvenir des bons coups donnés par les compagnons de Sampiero aux défenseurs de la Sérénissime République.
Un témoignage décisif en faveur de l'impartialité de Ceccaldi, c'est que les historiens génois dont nous avons parlé plus haut, et d'autres écrivains plus modernes ou même contemporains, qui pour bien des raisons seraient plutôt favorables aux Français, ont pu suivre pas à pas sa chronique sans rien modifier à son récit ni à ses jugements.
Source : Gallica. BNF.