Parmi les hussards de Montagnac, un aullénois : Ange François Natali, né à Aullène le 24 octobre 1822.
Le 23 septembre au réveil, les hommes découvrent plusieurs centaines de cavaliers insurgés, luttant contre la colonisation française.
Selon les sources, le nombre de cavaliers de l’émir est évalué de 5000 à plus de 10000.
Montagnac va alors donner deux ordres : le premier, prendre un café et le second, monter à l’assaut !
Le colonel laisse quelques hommes, dont le hussard Natali, pour garder le camp et part à l’assaut des cavaliers, n’ayant pas prévu que derrière les crêtes, «une foule compacte», pour reprendre les mots d’Angelin Natali attend de sonner elle aussi la charge contre les Français.
Après deux heures de combat, tous étaient tombés.
Trois officiers sur les quatre étaient morts, le quatrième, le commandant Courby de Cognord est blessé grièvement.
Il est fait prisonnier et emmené au Maroc.
Des 82 prisonniers faits ce jour-là, onze reviendront en 1847, contre rançon, du Maroc, dont le commandant Courby.
Seuls restent alors la compagnie de carabiniers et le hussard Natali, commandés par le capitaine Géreaux et restés à la garde du camp. 83 hommes.
Le capitaine Géreaux donna alors l’ordre d’abandonner le camp et sur le conseil d’un des chasseurs, la petite troupe se réfugia dans un marabout situé à proximité : le marabout de Sidi-Brahim.
Dans le dénuement le plus complet (en fuyant le camp, les hommes avaient aussi abandonné le peu de vivres et des munitions qui leur restaient), ils se réfugient dans la petite enceinte fermée par un mur de pierres sèches.
Commence alors une résistance qui a duré trois jours et trois nuits : la bataille de Sidi-Brahim.
La bataille de Sidi-Brahim
Les hommes s’installent à leurs postes de combat de fortune, attendant toujours pour tirer que les hommes d’Abd-el-Kader soient très proches, pour ne pas risquer de gaspiller des munitions.
Les assiégés échangent plusieurs lettres avec les assaillants, sans ouvrir la porte, pour ne pas montrer leur dénuement.
Abd-el-Kader va ainsi tenter par trois fois d’obtenir la reddition de ces hommes dont il pense qu’il en viendra facilement à bout.
Deux assauts violents plus tard, après des menaces et une promesse de garder leur vie sauve : rien n’y fait, les Français ne se rendent pas.
Abd-el-Kader laisse donc deux à trois mille hommes à la garde du marabout, attendant que la faim et la soif fassent leur œuvre.
Pour essayer d’avertir d’autres régiments français, les hommes de Géreaux décident alors de fabriquer un drapeau de fortune avec un bout de cravate bleue de chasseur, un mouchoir blanc et un morceau de ceinture rouge. Le drapeau est accroché en haut d’un des deux figuiers de l’enceinte.
Les hommes attendent une aide mais se préparent au combat : ils crénellent les murs et coupent leurs balles en morceaux pour avoir plus de balles à tirer.
Le 25, la faim mais surtout la soif commencent à torturer les hommes.
Les assaillants n’attaquent plus vraiment, ils se contentent de garder le marabout. Tout le monde attend, la situation se fige.
Au matin du 26 septembre, n’espérant plus de secours, le capitaine Géreaux décide de quitter le marabout et de tenter de regagner la garnison de Djemaa-Ghazaouet.
Sortant du « fort », les Français commencent par attaquer à l’arme blanche un poste d’une quarantaine d’hommes affectés à la surveillance du marabout, en les surprenant pendant leur repas.
Plusieurs hommes sont mortellement blessés pendant le trajet vers la garnison et c’est à ce moment là qu’Angelin est blessé, d’une balle à l’épaule gauche.
Arrivés sur une colline en face du fort de Djemmaa, les survivants seront encore attaqués par les habitants d’un village proche avec une frénésie impressionnante.
Le combat était inégal entre la population et ces hommes exténués et à court de munitions qui ne peuvent plus qu’utiliser leur baïonnette sur les agresseurs qui s’approchent un peu trop.
Les Français ne durent alors leur salut qu’à trois coups de canon tirés du fort qui provoquèrent la fuite des attaquants.
Mobilisant leurs dernières forces, les 16 survivants de la colonne Montagnac partie trois jours avant, regagnèrent Djemmaa où ils furent accueillis par le médecin militaire.
Le bilan est lourd : sur les 427 hommes, seuls reviennent 16. Sur ceux-ci, cinq mourront dans les 3 mois à venir. Sur les 82 prisonniers, 11 reviendront. Soit un total de 22 survivants.
Et parmi eux, Angelin Natali.
Pour sa bravoure à Sidi-Brahim, Angelin fut nommé brigadier en mars 1846, chevalier de la Légion d’Honneur le 21 août suivant et maréchal des logis en 1848.
Sources : Jacques Frémeaux, « Abd el-Kader, chef de guerre (1832-1847) »