CARACTÈRE DU PEUPLE CORSE AU XVe SIÈCLE.

CARACTÈRE DU PEUPLE CORSE AU XVe SIÈCLE.

 

Pietro Cirneo, archidiacre d'Aleria, a pénétré le caractère de son peuple.

 

 

Outre son Commentarium de bello ferrariensi, il a écrit en latin une histoire de la Corse sous le titre de Petri Cirnei de Rebus Corsicis Libri quatuor, laquelle va jusqu'à l'année 1482.

 

Nous citerons aussi ses paroles, pour voir si les Corses d'aujourd'hui tiennent plus ou moins de la nature de leurs ancêtres.

 

« Ils sont, dit-il, avides de venger une offense, et ils regardent comme un déshonneur de ne pas se venger.
 
S'ils ne peuvent atteindre celui qui leur a tué quelqu'un, ils châtient l'un des parents du meurtrier.
 
Aussi, dès qu'un homicide est commis, tous les parents de l'assassin prennent les armes pour se défendre.
 
On n'épargne que les femmes et les enfants. »

 

« Ils sont, dit-il, avides de venger une offense, et ils regardent comme un déshonneur de ne pas se venger.
 
S'ils ne peuvent atteindre celui qui leur a tué quelqu'un, ils châtient l'un des parents du meurtrier.
 
Aussi, dès qu'un homicide est commis, tous les parents de l'assassin prennent
les armes pour se défendre.
 
On n'épargne que les femmes et les enfants. »
 
il décrit ainsi les armes des Corses à cette époque :
 
« Ils portent des casques pointus, appelés Cerbellere, ou des casques ronds des poignards, des lances de quatre aunes (chacun en a deux), à gauche l'épée, à
droite le poignard. »
 
« Divisés chez eux, ils sont étroitementunis à l'étranger.
 
Ils sont toujours prêts à affronter la mort (animi ad mortemparatï).
 
Ils sont tous pauvres et méprisent le commerce.
 
Ils sont avides de gloire ils ne font presque aucun usage de l'or et de l'argent.
 
Ils regardent l'ivresse comme une honte.
 
Ils apprennent à peine à lire et à écrire il n'y en a qu'un petit nombre qui entendent les orateurs et les poètes mais ils s'exercent tellement dans les disputes, que lorsqu'il se présente quelque contestation, on les prendrait tous pour d'excellents avocats.
 
Je n'ai jamais vu un Corse chauve.
 
Les Corses sont les plus hospitaliers des hommes.
 
Les femmes même des chefs insulaires préparent à manger à leurs maris.
 
Les Corses sont taciturnes de leur nature, ils sont plus faits pour l'action que pour la parole.
 
Ce sont aussi les plus religieux des hommes. »

« À table les hommes ont l'habitude de se séparer des femmes.

 

Les femmes et les filles de la maison vont elles mêmes puiser de l'eau, car les Corses n'ont presque pas de personnes de service.

 

Il faut voir les femmes aller à la fontaine.

 

Elles portent un seau sur la tête si elles ont un cheval à conduire, elles l'attachent à un bras, et s'avancent ainsi en tournant leur fuseau.

 

Elles sont très chastes et ne dorment pas longtemps. »

 

« Ils ensevelissent les morts avec respect jamais il n'y a d'obsèques sans lamento, sans éloges du défunt, sans chants funèbres.

 

Leurs funérailles ressemblent un peu à celles des anciens Romains.

 

L'un des voisins élève la voix et dit au prochain village

« Crie là-bas, car il vient de mourir.»

 

Alors ils se réunissent par bourgs, par villes, par pièves, chaque groupe formant un long cortège, d'abord les hommes, puis les femmes.

 

Lorsqu'ils sont tous arrivés, ils pleurent et se lamentent, et l'épouse et le frère du mort se déchirent les vêtements sur la poitrine.

 

Les femmes, défigurées par les larmes, se frappent le scin, se meurtrissent visage, s'arrachent les cheveux.

 

Tous les Corses sont libres. »

 

On doit avouer que ce portrait a beaucoup de rapports avec celui que Tacite trace des anciens Germains.

 

 

FERDINAND GREGOROVIUS.
VOYAGE EN CORSE.

 

Source : Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse.

Traduction de P. Lucciana.

 

Photo : La Méditerranée au moyen-âge : un espace mythique Centre culturel universitaire. France Bleu.

 

 

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