LA FIANCÉE DU NIOLO.
LA FIANCÉE DU NIOLO.
Dans ses Notes d'un voyage en Corse, Prosper Mérimée a joint quelques poésies populaires corses dont cette lamentation suivie d'une traduction avec notes de bas de page :
 

« Voceru di Niolu

Eju filava a mio' rocca 
Quandu hu intesu un gran rummore ;
Era un colpu di fucile
Chi m'intrunò'ndru cuore
Parse ch' unu mi dicissi :
- Cori, u to fratellu more ! 
Corsu'ndra cammara suprana
E spalancai-ju la porta.
- « Ho livato 'ndru cuore ! » 
Disse, ed eju cascai-ju morta. 
Se allora nun morsu anche eju
Una cosa mi cunforta :
Bogliu vestè li calzoni,
Bogliu cumprà la tarzzetta,
Pè mostrà a to camiscia,
Tandu, nimmu nun aspetta 
A tagliasi la so varba
Dopu fatta la vindetta.
A fane a to vindetta
Quel' voli chi ci sia ?
Mammata vicinu à mori ?
U a to surella Maria ?
Si Lariu nun era mortu
Senza strage nun finia.
D'una razza cusì grande
Nun lasci che une surella
Senza cugini carnali
Povera, orfana, zitella. 
Ma per far a to vindetta,
Sta siguru, vaste anche ella ».

« Lamentation funèbre du Niolo

Je filais mon fuseau
Quand j'entendis un grand bruit;
C'était un coup de fusil
Qui me tonna dans le cœur;
Il me sembla que quelqu'un me dit:
-« Cours, ton frère meurt ! »
Je courus dans la chambre, en haut,
Et je poussai précipitamment la porte.
-« Je suis frappé au cœur ! »
Il dit, et je tombai (comme) morte.
De n'être pas morte alors, moi aussi,
C'est pour moi quelque consolation: (Je puis me venger.)
Je veux mettre des chausses (d'homme),
Je veux acheter un pistolet,
Pour montrer ta chemise (sanglante).
Aussi bien, personne n'attend
Pour se faire couper la barbe
Que la vengeance soit accomplie.
Pour te venger
Qui veux-tu que ce soit ?
Notre vieille mère, près de mourir ?
Ou ta sœur Marie ?
Si Lario n'était pas mort,
Sans carnage l'affaire ne finissait pas.
D'une race si grande
Tu ne laisses qu'une sœur,
Sans cousins-germains,
Pauvre, orpheline, sans mari…
Mais pour te venger,
Sois tranquille, elle suffit. »
 
 
Source : wikipédia.
Photo : © Elisa Di Gio
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