Il était une fois ... Chez nous.
Il était une fois ... Chez nous.
J’ai sous les yeux, un texte d’une émouvante et élégante simplicité.
Il est de Marie-Antoinette Quilici-Ougier (1921-1986) - la maman de Dany Ougier - une enseignante dont la sensibilité n’avait d’égale que son affection pour Porto-Vecchio, son village.
Elle évoquait avec beaucoup d’émotion et de talent les scènes de la vie passée dans son livre: Corse, pays de mon enfance. P.U. Paris 1977.
Elle nous rappelle l’arrivée d’un événement important, l’électricité à Portivecchju.
J’ai vécu ce fait marquant et voudrais le partager avec vous...
Et avec sa mémoire.
« C’est vers la même époque, peut-être en 1932 - que qu’on vit arriver de nouveaux ouvriers avec des échelles, des poteaux en bois, des fils, des tuyaux... des sortes de clochettes en porcelaine, enfin tout un matériel assez extraordinaire.
Nous regardions tout ce remue-ménage, en allant à l’école, avec des yeux fureteurs et curieux.
Mais, nous savions parfaitement ce que cela signifiait.
La rumeur publique nous avait apporté la bonne nouvelle.
Et puis, “ U Jo Camillu ” n’avait-il pas promis :
« nous aurons bientôt l’électricité ».
Eh bien, voilà, elle arrivait.
Et tous les gens disaient: « è l’elettricità... è l’elettricità».
Encore un mot nouveau, mais vous voyez qu’on ne s’est pas creusé la tête.
« Ce fut un beau chantier pendant plusieurs semaines; nous levions la tête pour regarder les électriciens penchés sur leurs échelles.
Nous avons assisté, jour après jour, à la pose des poteaux, à la pose des fils, à la pose des tubes puis des lampes abat-jour dans toutes les rues et un jour, tout fut en place.
Et le soir, le grand soir arriva...
« Que la lumière soit et la lumière fut ».
Jamais parole biblique ne fut plus vraie.
Comme dans les contes de fées, un coup de baguette magique et toutes les lampes des rues se sont allumées en même temps, projetant aussitôt sur le sol un grand cercle de lumière...
Et que vous dire de nos poètes-chanteurs ?
Dans notre famille, nous avions le nôtre:
c’était “ zi Pasquinu ”, le cousin germain de mon grand-père “zi Daniéli Vischi ”.
On le surnommait “ u merulu biancu ” ,“ le merle blanc”...
Sa voix était charmeuse et son répertoire comptait, sans doute, des chansons pour le moins originales !...
Une bonne preuve ?
Il chantait souvent... en français... et en vers, s’il vous plaît !
Reconnaissez que c’était une performance pour l’époque !
Qui, à cette époque, n’a pas chanté les chansons de zi Pasquinu Valli ? ...
Des mots si simples, aux rimes modestes.
C’était un poète...
Adieu Cyrnos, île de Beauté,
Adieu berceau de mon enfance,
Les souvenirs que j’ai laissés
Sont l’âme de mon existence...
À chaque regard du passant,
Souvenez-vous du Merle Blanc.
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À Porto-Vecchio, j’ai mes amis,
Vieux compagnons de ma jeunesse;
Si jamais je meurs à Paris,
Chantez les vers que je vous laisse.
Vous qui aimez musique et chants;
Chantez les vers du Merle Blanc.
Qui pourrait résister à une telle évocation ?
Simon Grimaldi.