IMMIGRATION ITALIENNE EN CORSE JUSQU'À 1850.

IMMIGRATION ITALIENNE EN CORSE JUSQU'À 1850.

 

La situation migratoire jusqu’au début des années 1850.


Instauration de la deuxième indépendance (1793-1794).

Création du royaume anglo-corse (1794-1796).

Retour français (1796-1814) ; 

Tentative de conquête russe (1799-1801).

Diverses révoltes populaires.

 Retour fugace de la présence britannique (avril-juin 1814).

Telle est la situation politique turbulente dans laquelle se trouvait la Corse jusqu’en 1815, date à laquelle, après la chute du premier empire français, on en arriva au processus d’intégration politique que l’on voulait désormais irréversible, de la Corse à la France. 


Bien que tumultueux, ces années furent propices à des mouvements migratoires très courts et d’origine politique :

- entre 1790 et 1793, des patriotes italiens favorables aux idées nouvelles furent accueillis sur l’île comme Filippo Buonarotti, par ailleurs rédacteur du journal Patriotico di Corsica.

Après 1796, ce sont des révolutionnaires sardes, comme Gio Maria Angioy, qui trouvent refuge dans l’île.


Entre 1801 et 1804, sous le Consulat (période prépolémique) et l’Empire, presque tous les 700 Maltais, partisans des Français et réfugiés à Marseille et Toulon, furent envoyés en Corse pour servir de colons agricoles. 


Une partie d’entre eux essaya même de développer la culture du coton en Corse, mais sans succès. 


Les immigrations précitées, à l’exception de celle maltaise, avaient été presque exclusivement individuelles , de sorte que, par la suite, aucun d’eux ne finissait par rester en Corse.


L 'île fut aussi une terre de confinement, en particulier sous le premier Empire, pour prêtres catholiques romains, forcés napolitains ou patriotes de Santo Domingo et de la Guadeloupe (Antilles). 

Mais personne ne semble être resté en Corse après la chute de l’Empire, exactement comme les soldats croates affectés à Bastia jusqu’en 1814.


Ensuite, la Corse continua à s’insérer dans les flux migratoires précédents qui, bien que contrastés par les vicissitudes de l’histoire, restaient largement liés à l’espace italien. 

Les territoires les plus proches - Toscane et Sardaigne - fournissaient toujours leurs contingents de migrants saisonniers lors des grandes activités agricoles, en particulier dans le Sartenais (sud-ouest de la Corse) et participaient également à une immigration définitive avec la présence d’artisans établis en ville comme à la campagne; 

dans ce dernier cas, leurs activités s’exerçaient essentiellement dans le secteur de la construction.


À ceux-ci s’ajoutaient des bergers sardes, mais aussi des charbonnages et des bûcherons.

 Ces derniers, originaires de Lucques, étaient affectés à des travaux particulièrement lourds dans la forêt de Vizzavona (dans la province de Haute-Corse) ou dans l’Alta Rocca (Lévite).

 Le Mezzogiorno italien fournissait lui aussi son contingent de migrants à partir des années 1840 avec la présence permanente, en particulier à Bonifacio et à Ajaccio, de nombreuses familles de pêcheurs napolitains. 


Les Napolitains apportèrent d’une part de nouvelles techniques de pêche et un vocabulaire particulier, et d’autre part de nouvelles formes de religiosité comme l’introduction de prénoms en relation avec les saints napolitains, en particulier celui de Gennaro, plus tard francisé en Janvier.

 Linguistiquement, par contre, ils se sont assimilés aux populations locales - comme les autres Italiens - en adoptant la langue corse ou, dans le cas de Bonifacio, l’origine ligure.


Cette immigration péninsulaire constituait la quasi-totalité de la population étrangère de l’île.

Dans le recensement de 1851, les citoyens italiens étaient 3.800 pour une population étrangère totale de 4.245 personnes, soit environ 1,6% de la population corse.

Cela dit, la présence italienne ne fut pas seulement liée aux activités économiques.

La Corse servit en effet aussi de refuge à de nombreux Italiens ayant des problèmes avec les autorités politiques de leur pays dans la période précédant la première guerre d’indépendance (1848-1849).

C’est notamment le cas des patriotes qui fuyaient la répression autrichienne pendant les premières luttes pour l’émancipation et l’unité


Entre 1820 et 1848, plusieurs centaines de fugitifs se retrouvent sur l’île, comme l’écrivain florentin Francesco Domenico Guerrazzi, le napolitain Giovanni La Cecilia ou encore le génois Giuseppe Mazzini pour s’en tenir aux plus célèbres. 

Si certains d’entre eux choisissent définitivement la Corse, la grande majorité retourna en Italie dès que furent faites les premières tentatives de conduire le pays à l’unité, et après 1861 et l’institution du Royaume d’Italie, cette immigration disparut de fait.


Cette présence de hauts responsables politiques eut, entre autres conséquences, celle d’inscrire mentalement la Corse dans l’espace national italien pendant un certain temps. 

Les délaissés précités ne se considéraient nullement en terres étrangères, au contraire, ils estimaient, comme certains Corses - que l’île devait retourner à la "mère patrie", contrairement aux Français qui s’y sentaient étrangers.


Les Còrsi aussi, de leur côté, ont toujours eu le sentiment que les Français n’étaient pas leurs compatriotes.


Par exemple, à Ajaccio, en mars 1910, pendant les exercices d’un bataillon d’infanterie, les insultes qu’un officier français avait proférées à l’encontre des Còrsi présents autour du champ de manœuvre engendrèrent un échange de coups de feu entre l’officier et les civils.

 

Source : Corsica Italiana / Gabriele Bini.

Source photo : Altritaliani.

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