LE CARDINAL ZIGLIARA : Illustre et méconnu.
LE CARDINAL ZIGLIARA :
Illustre et méconnu.
(1833-1893)
C’est en prêtre, orateur, pédagogue et grand lettré, en professeur rénovant l’étude de saint Thomas d’Aquin, en théologien, que Zigliara se fait d’abord connaître.
Il œuvrera ensuite dans la définition nouvelle de la pensée sociale de l’Église.
Son parcours est restitué par Raphaël Lahlou.
Une jeunesse bonifacienne.
Une vieille maison de famille rattache les Zigliara au village éponyme de l’île.
Mais c’est à Bonifacio que François-Toussaint Zigliara est né le 29 octobre 1833.
Il prendra, à moins de vingt ans, une autre identité, d’autres prénoms choisis :
- ceux de Thomas- Marie, quand il deviendra frère dans l’Ordre dominicain.
Bonifacio, à sa naissance, compte 3 000 habitants ;
- il naît dans une famille modeste, premier de huit enfants du couple formé par François Zigliara (1801-1873) et Marie-Magdeleine Costa, alors âgée de vingt ans.
Le père est marin, pêcheur et navigateur-caboteur.
La jeune mère est alors ménagère, elle tiendra plus tard un petit magasin de sel.
Dès 1840, on pousse le garçon vers des études, celles du français et du latin ;
- ce sont d’abord les Frères des Écoles chrétiennes qui lui apprennent le français.
Quant au latin, de manière fort poussée, c’est le père Louis Piras qui s’en chargera, à partir de 1848 et jusqu’en 1851.
Piras jouera un rôle d’extrême importance dans l’enseignement religieux à Bastia.
Ce professeur subtil repère les goûts et les dons de son jeune élève ;
- en mai 1851, Zigliara gagne l’Italie, Rome puis Viterbe.
Ses études seront financées par l’Ordre dominicain.
Nouvelle étape, Anagni, entre 1851 et 1853 : une année de noviciat s’achève là.
Puis en mai 1853, Zigliara, qui n’a pas encore vingt ans, devient frère dominicain ;
- il entre alors sans attendre au couvent de La Quercia de Viterbe.
Trois ans plus tard, le 12 mai 1856, il sera ordonné prêtre.
C’est l’archevêque Vincenzo Giovanni Pecci qui lui imposera les mains : né en 1810, mort en 1903, il s’agit du futur Léon XIII.
Théologien et philosophe.
Zigliara fait de solides études universitaires, puis, en 1860, devenu lecteur en théologie sacrée, il peut désormais enseigner.
Il sera docteur en théologie en 1862.
Il va provisoirement retrouver son île natale.
Ce sera le temps d’un bref séjour d’enseignement (en théologie et en italien) au couvent de Corbara, dès 1860.
Puis c’est dans les Etats du pape, à Viterbe, jusqu’en 1870, qu’il enseigne la philosophie et la théologie.
A La Minerva de Rome, enfin, pendant neuf ans, il enseignera et dirigera aussi les études.
En 1873, son enseignement est transféré à Santa Chiara, toujours à Rome, sous l’égide de La Minerva.
C’est pour Zigliara le temps d’un intense travail professoral.
Il se penche de manière décisive sur l’ensemble des travaux de saint Thomas d’Aquin et de saint Augustin.
La pensée thomiste va trouver en lui le plus grand rénovateur et maître d’œuvre depuis 1570.
Relevant le thomisme après presque trois siècles d’éclipse, Zigliara va devenir son meilleur éditeur et son meilleur analyste.
Le prestige savant de Zigliara, entre 1870 et 1880, va devenir mondial. En février 1878, Vincenzo Giovanni Pecci devient le pape Léon XIII.
Il avait dit à Zigliara :
« Si je deviens pape, Zigliara, tu seras cardinal. »
Cela, en effet, viendra vite !