Photo : Robert Lindneux. National Library Washington.

Photo : Robert Lindneux. National Library Washington.

INDIAN REMOVAL ACT (1830)

LOI DE DÉPLACEMENT DES INDIENS.

 

Loi adoptée en mai 1830 par le Congrès des Etats-Unis à l’instigation du président Andrew Jackson prévoyant le déplacement de tous les Indiens vivant encore à l’est du Mississippi vers les terres de l’Ouest.

Dès son élection à la présidence des Etats-Unis en 1828, Andrew Jackson présente au Congrès un projet de loi prévoyant la déportation vers l’Ouest des Indiens vivant encore à l’est du Mississippi.

Cela avait été l’un des thèmes majeurs de sa campagne électorale qui avait certainement assuré sa popularité.

loi est adoptée par le Congrès le 26 mai 1830.

 

Andrew Jackson, par Thomas Sully (1845, Washington, National Gallery of Art). Le 7e président des Etats-Unis d'Amérique, Sudiste bon teint, suscita aujourd'hui son lointain successeur, Donald Trump.

Andrew Jackson, par Thomas Sully (1845, Washington, National Gallery of Art). Le 7e président des Etats-Unis d'Amérique, Sudiste bon teint, suscita aujourd'hui son lointain successeur, Donald Trump.

En septembre 1830, certains Choctaws signent le traité de Dancing Rabbit par lequel ils déclarent échanger leurs territoires du Mississippi contre des terres sur la bordure sud du Territoire Indien, un territoire réservé aux Indiens déplacés et qui correspond en gros à l’actuel Etat d’Oklahoma.

Plusieurs milliers de Choctaws prennent la route de l’Ouest à l’automne 1830, dans des conditions effroyables.

Environ 1 500 Choctaws trouveront la mort en route.

Une partie de la nation choctaw réussit cependant à demeurer dans l’Est.

John Ross, Cherokee chief (19th century photograph) died 1866.

John Ross, Cherokee chief (19th century photograph) died 1866.

John Ross est né à Turkeytown dans l'Alabama, le long de la Coosa, près de Lookout Mountain situé à l'angle nord-ouest de la Géorgie, le coin nord-est de l'Alabama, et le long de la frontière sud du Tennessee à Chattanooga.

Il sert dans l’armée avec Andrew Jackson contre les Creeks en 1812.

Il est nommé président du conseil national des Cherokees de 1819 à 1826 et élu chef de la nation Cherokee de 1828 à 1839.

En mai 1831, sous l’impulsion du chef John Ross, les Cherokees déposent devant la Cour Suprême des Etats-Unis un recours contre le décret de déplacement.

La Cour donne raison aux Cherokees et annule le décret, estimant que la nation cherokee est une entité distincte qui a le droit de se gouverner elle-même et n’a pas à se soumettre aux lois des Etats-Unis.

Le président Jackson ignore l’arrêt de la Cour Suprême et déclare :

"Maintenant que Marshall (le président de la Cour Suprême) a pris sa décision, qu’il la fasse donc appliquer ! "

INDIAN REMOVAL ACT (1830)  LOI DE DÉPLACEMENT DES INDIENS.

"La Piste des Larmes"

En 1832, les Chickasaws, abandonnant leurs terres du Tennessee, partent aussi vers l’Ouest.

Ils vont au Kansas, le Territoire Indien n’étant pas encore prêt à les accueillir.

Les Choctaws leur céderont ensuite une partie de leur réserve.

Persuadés que toute résistance est inutile, des Cherokees, souvent les plus riches, conduits par Elias Boudinot, Stand Watie et John Ridge, acceptent le déplacement vers l’Ouest.

Le 29 décembre 1835, une poignée de chefs de la Nation cherokee, parmi lesquels Major Ridge et son neveu Stand Watie, signent avec le gouvernement des États-Unis le traité de New Echota (Géorgie).

Par ce traité proposé par le président Andrew Jackson, les Indiens acceptent de renoncer à leurs terres ancestrales de Géorgie et de Caroline du Nord, en échange d'argent et de nouvelles terres à l'ouest du Missisipi, en Oklahoma.

Ils partent dans d’assez bonnes conditions, emportant une grande partie de leurs biens et même leurs esclaves noirs.

Ils s’installent dans l’est du Territoire Indien.

Dissensions tragiques :
Mais le texte est rejeté par la très grande majorité des Cherokees et scinde la communauté en deux factions rivales qui vont s'opposer violemment jusqu'au milieu des années 1840.
 
2 000 Cherokees seulement se rendent volontairement sur leurs nouvelles terres, qualifiées de « Territoire indien ».
 
Il faut l'intervention des forces fédérales, aidées de la milice de Géorgie, en 1838, pour faire appliquer les clauses du traité et transférer les autres Indiens.
 
4 000 périssent lors de cet exode forcé et un millier s'échappent en se cachant dans les montagnes.
 
Cet épisode dramatique de l'histoire cherokee est connu sous le nom de « Chemin des Larmes » (Trail of Tears).
 
Les signataires du traité sont assassinés en juin 1839 par des vengeurs, à l'exception de Stand Watie qui, averti, a pu s'enfuir à temps et deviendra un riche propriétaire d'esclaves et un brillant général de l'armée confédérée sudiste pendant la guerre de Sécession.
 

 

Le traité de New Echota. Alban Dignat.

Le traité de New Echota. Alban Dignat.

La déportation des Creeks.

Cette même année voit la déportation des Creeks.

Un premier contingent prend la route au début de l’été 1835.

La chasse aux Creeks qui résistent s’intensifie.

Certains parviendront à se réfugier chez les Cherokees.

Un second groupe est rassemblé à l’automne et poussé vers l’Ouest, dans des conditions particulièrement rudes.

Des bateaux qui les transportent sur le Mississippi font naufrage provoquant des centaines de morts.

La moitié des 20 000 Creeks déportés trouve la mort sur les routes de l’exil, certainement le plus fort taux de mortalité enregistré sur ce qui sera appelé "la Piste des Larmes".

Menawa par Charles Bird King.

Menawa par Charles Bird King.

MENAWA.

Menawa est un chef politique et militaire de la Nation creek.

Il participe notamment à la bataille de Horseshoe Benddurant la guerre Creek de 1813-1814.

En 1825, il est chargé par le Conseil national creek d'exécuter William McIntosh et deux autres signataires du traité d'Indian Springs jugé contraire à leurs lois.

La déportation des Cherokees.

Jusqu’en 1838, le chef John Ross parvient à empêcher la déportation d’une grande partie des Cherokees.

Mais début juillet 1838, l’ordre est donné d’expulser les Cherokees par la force.

C’est la garde nationale de Georgie qui s’en charge.

Les Indiens sont brutalement raflés chez eux, dans leurs champs, leurs ateliers, leurs boutiques, leurs écoles.

L’Etat de Georgie met en loterie les propriétés des Cherokees.

Des Blancs s’installent dans les maisons cherokees, s’emparent des terres, mais détruisent l’imprimerie du "Tsalagi Phoenix", le journal de la nation, ainsi que les écoles.

Les soldats parquent les Indiens dans des enclos à ciel ouvert.

Les captifs sont alors victimes des pires exactions de la part des soldats et de la population blanche.

Plusieurs centaines de Cherokees mourront dans ces camps de concentration.

Un premier groupe est emmené vers l’Ouest en août.

Un second contingent, parti fin octobre, devra voyager en plein hiver.

Un quart des Cherokees mourra durant cette déportation.

Environ un millier de Cherokees a réussi à se cacher dans les Smoky Mountains de Caroline du Nord.

Ils constitueront la nation indépendante des Cherokees de l’Est.

INDIAN REMOVAL ACT (1830)  LOI DE DÉPLACEMENT DES INDIENS.
SEQUOYAH.
 (vers 1760-1843)


Cherokee.

Sequoyah est né à Taskigi au Tennessee.

Sa mère est une Cherokee et son père est un commerçant blanc, George Gist.

Il participe en 1813-1814, sous les ordres du général Andrew Jackson, à la guerre contre les Creeks, "la Guerre des Bâtons Rouges".

Une écriture cherokee.

Dès 1809, il commence à chercher le moyen de doter la langue cherokee d’une écriture.

Il veut donner à son peuple le moyen d’avoir une constitution et des lois écrites, d’éditer des livres et des journaux.

Il recherche une écriture pictographique, mais il y renonce, découragé par le trop grand nombre de symboles.

Il s’oriente alors vers une écriture syllabique.

Il réduit la langue cherokee à quatre vingt-six sons de base qu’il représente par autant de symboles.

Il utilise des signes trouvés dans des alphabets latins, grecs et hébreux.

Certains Cherokees l’accusent alors de sorcellerie et brûlent sa maison.

"Tsalagi Phoenix".

Son alphabet, ou plutôt son syllabaire, est définitivement mis au point en 1821.

Très performant, il connaît aussitôt un grand succès.

Le conseil cherokee l’adopte comme écriture de la nation.

La constitution, les lois cherokees ainsi que la bible sont mises à l’écrit en 1827. Le premier journal cherokee, le "Tsalagi Phoenix", paraît en 1828.

Dix ans plus tard, après la déportation des Cherokees en Territoire Indien, il aide le chef John Ross à reconstruire le gouvernement cherokee et écrit une nouvelle constitution.

Il meurt en 1843, lors d’un séjour au Mexique.

On a donné en 1872, pour honorer sa mémoire, le nom de "séquoia" aux conifères géants de la côte californienne.

Aujourd’hui, les Cherokees utilisent toujours l’écriture inventée par Sequoyah.

 

Beaucoup de textes officiels, d’inscriptions sont bilingues (anglais-cherokee).

 

Des universitaires cherokees travaillent actuellement à améliorer le système de Sequoyah.

 

Publié par François Hameau.

Source photo : ancient-origins.net

Source photo : ancient-origins.net

Tsali.

En mai 1838, deux soldats de la garde nationale de Georgie viennent s’emparer de Tsali, de sa femme et de ses deux fils qui vivent dans les Smoky Mountains de Caroline du Nord, menant la vie indienne traditionnelle, vivant d’agriculture et de chasse.

Ils ont l'ordre de les conduire dans l’un des enclos où les Cherokees déportés par ordre du président Andrew Jackson attendent de prendre la route de l’exil.

Comme sa femme ne marche pas assez vite au gré des soldats, l’un d’eux la frappe d’un coup de baïonnette. Indignés, Tsali et ses fils se jettent à main nues sur les soldats.

Dans la lutte, l’un d’eux est tué, probablement accidentellement, par son propre fusil, tandis que l’autre parvient à s’enfuir.

Tsali et sa famille se cachent dans une caverne des Smoky Mountains.

Ils sont bientôt rejoints par trois cents Cherokees qui refusent la déportation en Territoire Indien.

Le général Winfield Scott fait parvenir à Tsali un message dans lequel il lui promet que si lui et ses fils se rendent, l’armée ne poursuivra pas les autres rebelles.

Quelques jours plus tard, connaissant le sort qui les attend, Tsali et ses fils se constituent prisonniers.

Après un procès en cour martiale, ils sont tous les trois fusillés.

L’armée tient sa promesse et les résistants cherokees pourront continuer à vivre dans leur pays.

Tsali est maintenant honoré comme un martyr de la cause cherokee.

Micanopy. Lithograph from the McKenney-Hall History of the Indian tribes of North America (1858), after an 1825 painting from life by Charles Bird King

Micanopy. Lithograph from the McKenney-Hall History of the Indian tribes of North America (1858), after an 1825 painting from life by Charles Bird King

Osceola. Auteur : George Catlin.

Osceola. Auteur : George Catlin.

Les Seminoles.

C’est en 1832 que le président Jackson obtient de certains Séminoles la signature du traité de Payne Landing par lequel ils acceptent de vendre l’ensemble des territoires de la nation séminole pour la somme ridicule de 15 000 dollars.

Les signataires, des hommes riches, propriétaires de plantations et d’esclaves, prétendant parler au nom de tous les Séminoles, se partageront le prix de la vente.

Le traité enjoint à tous les Séminoles de partir pour les Territoire Indien dans un délai de trois ans.

Retranchés au cœur des marais de Floride, les Séminoles résisteront avec la dernière énergie à la déportation, conduits par des chefs charismatiques comme Micanopy, Wild Cat, Bowlegs, Arpeika et surtout Osceola.

 

Fin 1838, ceux qui suivent le chef Micanopy font leur reddition et sont déportés vers l’Ouest.

 

C’est seulement en 1841 que Wild Cat et les siens, à bout de résistance, se rendent et sont conduits enchaînés vers le Territoire Indien.

 

Bowlegs, Arpeika et leurs clans, cachés dans les marécages, réussiront à demeurer en Floride.

 
Chef Billy Bowlegs, peinture de Carl Wimar (1828-1863), d’après une photographie.Source : Serge Noirsain.

Chef Billy Bowlegs, peinture de Carl Wimar (1828-1863), d’après une photographie.Source : Serge Noirsain.

Indian Removal Act (1830)

Par François Hameau.

Source : Les Nations indiennes. Dictionnaire historique et culturel des Indiens d'Amérique du Nord

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