LE CAPITAINE JACQUES CASELLA ULTIME DÉFENSEUR DE LA TOUR DE NONZA.
LE CAPITAINE JACQUES CASELLA :
ULTIME DÉFENSEUR DE LA TOUR DE NONZA.
La meilleure intelligence régna entre les Français et les insulaires, jusqu'au jour où Louis XV, ayant voulu s'interposer comme médiateur, et exiger pour première condition, que les Corses reconnussent la domination ligurienne, Paoli refusa d'une manière absolue de traiter sur cette base, et la république de Gênes dut chercher un autre moyen de terminer une guerre plus désastreuse pour elle que pour les insulaires.
Un audacieux coup de main enleva à Gênes l'île de Capraja:
- c'est alors qu'elle signa, le 15 mai 1768, un nouveau traité par lequel elle abandonnait la Corse au roi de France, se réservant la faculté de rentrer elle même en possession de cette île, en remboursant à son alliée les frais qu'elle aurait faits.
Les Corses ne furent point appelés à ratifier le traité qu'ils devaient subir.
Paoli essaya vainement de résister;
- mais l'indignation de se voir vendus comme un vil bétail ne pouvait balancer, dans l'âme des populations, la haine de la domination génoise.
On aimait les Français, alors même qu'ils venaient dans l'île comme alliés de la puissance génoise.
Il fut donc facile à M.de Marbeuf, gouverneur de l'île, de se faire remettre les places occupées par les nationaux; mais les imprudences du marquis de Chauvelin, général en chef de l'expédition, et une proclamation insolente du gouverneur, rallumèrent la guerre.
L'armée française s'avança vers le cap Corse, et les nationaux prirent les armes.
Le capitaine Jacques Casella se trouva chargé de la défense de la tour de Nonza.
Comme il n'avait que quelques hommes sous ses ordres, cette faible troupe hésita à se défendre, sous prétexte que l'ennemi était trop considérable, et qu'elle-même n'avait pas d'armes.
Comment! s'écria Casella, il y a des canons, des fusils, des munitions, et l'on croit toute résistance impossible ?
- nous tiendrons jusqu'à la dernière extrémité; ensuite, nous ferons sauter la tour.
Les soldats suivent leur capitaine et paraissent animés de meilleurs sentiments;
- mais, pendant la nuit, la peur s'empare d'eux, et ils prennent la fuite.
Le matin, Casella met le feu à la pièce de canon, se montre partout, tire des coups de fusil à droite, à gauche, et fait si bien que le général français Grandmaison croit que la tour est bien défendue.
Il fait proposer une paix honorable, à savoir:
- Que la garnison sortira avec armes et bagages, et qu'on lui rendra les honneurs militaires.
Casella accepte ces conditions.
Lorsque les signatures sont échangées, un capitaine fait avancer une compagnie au pied de la tour pour rendre les honneurs à la garnison et prendre possession de la tour.
Casella sort armé de son fusil, de ses pistolets et de son épée.
Le capitaine fait ouvrir les rangs, et attend que la garnison quitte la place;
- mais, ne voyant personne, il s'écrie avec colère:
«Commandant, où est la garnison?
–Vous la voyez,» répond Casella.
L'officier royal prend cette réponse pour une insulte, et s'avance l'épée à la main sur Casella;
- celui-ci l'attend de pied ferme.
Cependant, le général Grandmaison arrive, met aux arrêts l'officier, et témoigne toute son admiration à Casella, qu'il fait accompagner, avec les honneurs de la guerre, jusqu'aux avant-postes du général Paoli.
Source : Léonard de Saint germain.
Itinéraire de la Corse. Descriptif et Historique.
Librairie Hachette.
Photo : ©Fumey-Dumoulin / CC-BY-SA