LES SAINTS PROTECTEURS DE LA CORSE AU TEMPS DES PANDÉMIES.
En ce temps de pandémie, on peut rappeler quelques croyances liées aux épidémies qui ont régulièrement touché la Corse dans les siècles passés.
Quelques saints guérisseurs, vénérés des insulaires, ont contribué à combattre la peste et d’autres maladies.
Une histoire est toujours bien présente dans la mémoire collective di u Taravu, celle de la peste, symbolisée par une vieille « a vechja », qui avait décidé de s’attaquer au village di Zìcavu.
C’est d’abord San Roccu qui l’a empêché d’entrer dans le village.
La peste a voulu à nouveau pénétrer mais elle a été repoussée par Santa Maria.
Une troisième fois San Bastianu puis San Ghjàcumu l’ont repoussée.
Elle a donc tenté de passer par u Cuscionu, mais San Petru, qui veillait, l’a fait arrêter et brûlée.
Sur le lieu, sans doute les bergeries di Matalza, où « a vechja » a été brûlée, les voyageurs et les bergers avaient l’habitude d’entasser des morceaux de bois.
Tous les ans le 31 juillet, la veille de la fête de saint Pierre aux liens célébrée dans la chapelle di San Petru di a Faietta, ce tas de bois nommé a mora di a vechja était brûlé.
Ghjuliu Quilichini, berger di Vighjaneddu, se souviens de cette croyance racontée par ses parents bergers sur u Cuscionu :
- Toutes les chapelles situées autour di Zìcavu et celle « di San’Petru di a Faietta » ont été construites quand une épidémie de peste a touché la région.
Cette peste était symbolisée par une vieille dame, hideuse, édentée, qui représentait la mort.
Ces chapelles ont été dressées pour chasser la peste des villages.
Dans u Cuscionu, il y a « a mora di a vecchja », (le tas de la vieille), c’est un endroit où l’on entasse du bois sec qui était brûlé le 31 juillet.
Ce feu éloigne le mal et brûle la « vieille dame pour l’empêcher d’atteindre les gens ».
A Venzulasca et Loretu di Casinca, dans les anciens temps chaque année, au début de janvier, on faisait une quête dite « quête du vœu à la Vierge », au profit de l’église.
Ce rite remonterait à 1448, date à laquelle une horrible peste fit de nombreuses victimes en Corse.
Dans la cathédrale San Ghjuvanni de la citadelle de Calvi se trouve un Christ noir qui serait daté du 15ème siècle.
Selon la légende, comme celui de Bastia, des pêcheurs l’aurait trouvé, flottant sur les flots au large de Calvi.
La tradition attribue de nombreux miracles à ce Christ.
Depuis sa découverte, il a été sorti trois fois en procession.
L’épisode le plus célèbre est celui du siège de Calvi par les Turcs en 1555.
Les calvais décidèrent d’exposer le Christ noir sur les remparts, ce qui eut pour effet de faire fuir les assaillants.
Le Christ Noir a été sorti une deuxième fois en procession pour mettre fin à une grave épidémie de peste au 17ème siècle.
La troisième sortie, est datée du 15 mars 1961 (voir la photo).
Un curé nommé Flori qui organisa cette procession avec le Christ noir qui attira de très nombreux fidèles.
San Roccu aussi est vénéré en Corse comme protecteur contre la peste, on lui attribue le fait d’avoir pétrifié à Aiacciu des navires porteurs de la peste à proximité de la pointe di e Setti Navi.