La "personnalité régionale" corse.
La "personnalité régionale" corse.
Les réminiscences de l'antiquité.
"On retrouve en Corse beaucoup de choses antiques : caractère, couleur, profils de têtes.
On pense aux vieux bergers du Latium en voyant ces hommes vêtus de grosses étoffes rousses ; ils ont la tête pâle, l'œil ardent et couleur de suie, quelque chose d'inactif dans le regard, de solennel dans tous les mouvements [...].
Les liens de famille sont forts, il est vrai, mais à la manière antique, entre frères, entre cousins, entre alliés, même à des degrés éloignés.
Quand un membre de la famille est insulté, tout le reste est solidaire de sa vengeance"
(Flaubert (G.), Voyage dans les Pyrénées et en Corse, Paris, Editions Entente, 1983.
Les qualités de la "race".
"La race corse est une race aux mœurs pures, trempée par de longs siècles de combats héroïques, préservées de l'amollissement, pratiquant les vertus antiques, fidèle aux traditions, fidèle aux amitiés, mais par contre vindicative et susceptible à l'excès.
Les Corses ont toujours accepté la vie comme un rude devoir, comme une souffrance presque ;
ils sont pauvres et fiers, ardents à la lutte, prêts à tous les sacrifices".
(Vuillier (G.), Voyage en Corse exécuté en 1890, Paris, Editions Errance, 1982.
L'habitude de la violence.
"Et voici qu'à propos de ce meurtre le souvenir me revient d'un voyage en cette île magnifique et d'une beauté simple, toute simple, où j'ai saisi l'esprit même de cette race acharnée à la vengeance [...].
Parfois je rencontrais un habitant, soit à pied, soit monté sur un petit cheval maigre ; et tous portaient le fusil chargé sur le dos ;
sans cesse prêts à tuer à la moindre apparence d'insulte [...].
Je courus les ravins avec les souples montagnards qui me racontaient sans cesse des aventures de bandits, de gendarmes égorgés, d'interminables vendettas durant jusqu'à l'extermination de la race. Et souvent ils ajoutaient :
«C'est le pays qui veut ça»".
(Maupassant (G. de), Histoire corse, 1881).
Le goût de la paresse.
"On connaît que les indigènes de Corse ont un goût prononcé de la fénéantise [...].
Il faut les transplanter dans l'administration continentale pour les résoudre au mouvement.
Sur leur sol, quelques plans de châtaigniers pouvant suffire à leur frugalité et ce bon arbre ne voulant ni arrosage, ni labour, ni taille, ni engrais, quand les marrons pendent de l'extrémité de ses branches, on ne se donne même pas la peine de les recueillir :
encore qu'ils soient de grands gueux, nos gentilhommes corses trouvent dur et pénible d'avoir àse baisser".
(Maurras (C), Anthinea. D'Athènes à Florence, Paris, Librairie Champion, 1920.
Le refus du progrès.
"Activité, prospérité matérielle...
Ces mots, après tout, sont-ils donc les facteurs nécessaires du bonheur humain ?
Portent-ils en eux la vertu totale hors de laquelle il n'y a point de salut ?
Où est-il écrit que les forêts doivent nécessairement être débitées en merrains, les terres eventrées en sillons, les merisiers sauvages greffés d'espèces marchandes ?
S'il me plaît à moi, Corse, de me contenter de peu et de ne point contraindre les choses, ma façon de comprendre la nature n'est-elle pas faite de plus de respect et de plus de vérité que vos labeurs conventionnels ?
Je repousse vos raisonnements arrangés, je déteste votre bourgeoise économie politique.
J'aime mes chèvres pour bien des raisons que vous ne comprenez pas et parce que, leurs pattes de devant raidies sur les rochers dans l'attitude d'un bronze antique, elles regardent avec dédain passer le réformateur.
Mon âme, pour la connaître, il faut, dans les cabanes des hauts plateaux, savoir supporter la fumée du brasier nocturne afin de jouir au réveil de la splendeur de l'aurore"
(Quantin (A.), La Corse. La nature, les hommes, le présent, l'avenir, Paris, Librairie académique Perrin, 1914.
Source : Briquet Jean-Louis. In: Politix. persee.fr