RETOUR DU TROUPEAU.
RETOUR DU TROUPEAU.
« Les voilà ! » et là-bas, au lointain, nous voyons le troupeau s’avancer dans une gloire de poussière.
Toute la route semble marcher avec lui…
Les vieux béliers viennent d’abord, la corne en avant, l’air sauvage ; derrière eux le gros des moutons, les mères un peu lasses, leurs nourrissons dans les pattes ;
— les mules à pompons rouges portant dans des paniers les agnelets d’un jour qu’elles bercent en marchant ;
puis les chiens tout suants, avec des langues jusqu’à terre, et deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux qui leur tombent sur les talons comme des chapes.
Tout cela défile devant nous joyeusement et s’engouffre sous le portail, en piétinant avec un bruit d’averse…
Il faut voir quel émoi dans la maison.
On dirait que chaque mouton a rapporté dans sa laine, avec un parfum de maquis sauvage, un peu de cet air vif des montagnes qui grise et qui fait danser.
ALPHONSE DAUDET.
Source photo : Pino di Maria.