Le Carême n’est pas un temps de mortifications, mais de vivifications.
Le Carême n’est pas un temps de mortifications, mais de vivifications.
"Jamais Jésus n’a invité à faire pénitence, à se mortifier, vocables absents dans son enseignement, et encore moins à faire des sacrifices...".
L’intervention du frère Alberto maggi, bibliste, qui parle de la signification du Carême a commencé le Mercredi des Cendres.
Pour comprendre la signification de cette période, il faut examiner la différente liturgie pré et post-conciliaire.
Avant la réforme liturgique, l’imposition des cendres était accompagnée par les paroles lugubres, selon la malédiction du Seigneur à l’homme pécheur contenue dans le Livre de la Genèse.
Et avec cet avertissement funèbre, dans lequel la nouveauté de l’annonce évangélique est totalement absente, commençait une période caractérisée par des pénitences et des jeûnes, des renoncements et des sacrifices, et des mortifications.
Plus orienté vers le Vendredi saint qu’à la Pâque de Résurrection.
Aujourd’hui, l’imposition des cendres est accompagnée de l’invitation de Jésus "convertissez-vous et croyez à l’évangile".
Les premières paroles prononcées par le Christ selon l’Evangile de Marc sont une invitation au changement, dans un processus continu de renouveau qui doit être le moteur de la vie du croyant.
Et croire à l’évangile signifie orienter sa propre existence au bien de l’autre.
L’homme n’est pas poussière, et il ne reviendra pas poussière, mais il est fils de Dieu, et il a pour cela une vie d’une qualité telle qu’on l’appelle éternelle, non pas pour la durée indéfinie, mais pour la qualité, indestructible, capable de surmonter la mort, comme Jésus l’a assuré :
"Si quelqu’un observe ma parole, il ne verra jamais la mort se produire".
"Puisqu’il vit et croit en moi, il ne mourra jamais".
Dans ces deux approches théologiques différentes se trouve la signification du Carême.
Jamais Jésus n’a invité à faire pénitence, à se mortifier, vocables absents dans son enseignement, et encore moins à faire des sacrifices.
Au contraire, il a dit exactement le contraire :“Misericordia io voglio e non sacrifici”
Miséricorde je veux et non des sacrifices.
Ce que Dieu demande n’est pas un culte envers lui (sacrifice), mais l’amour envers les autres (miséricorde).
Les sacrifices et les pénitences concentrent l’homme sur lui-même, sur sa propre perfection spirituelle, et rien ne peut être plus dangereux et mortel que cette attitude trompeuse, qui fait croire à la personne de s’approcher de Dieu alors qu’en réalité elle ne sert qu’à l’éloigner des hommes.
Paul de Tarse, qui en tant que fanatique pharisien était un ardent partisan de toutes ces pratiques pieuses, une fois connu Jésus, écrira dans la Lettre aux Colossiens que ces attitudes n’ont de valeur que pour satisfaire la chair et c’est pourquoi il n’hésite pas à les définir comme étant ordures.
Le Carême n’est donc pas un temps de mortifications, mais de vivifications.
C’est pourquoi l’action de Jésus n’est pas celle d’abattre l’arbre qui ne porte pas de fruit, mais de le fertiliser pour lui donner une nouvelle vigueur, parce qu’il n’est pas venu casser la canne fendue ou éteindre a flamme brumeuse, mais à libérer chez l’homme les énergies d’amour qui sont enfouies et à lui faire découvrir des formes inédites, originales et créatives de pardon, de générosité et de service, qui élèvent la qualité de son amour pour le mettre en harmonie avec celui du Vivant, et ainsi expérimenter la Pâque non seulement comme plénitude de la vie du Ressuscité, mais aussi de la sienne.
De même que les paysans, à la fin de l’hiver, distribuaient sur le sol les cendres accumulées dans le temps froid pour donner une nouvelle vigueur à la terre, la Parole du Seigneur est capable d’insuffler de nouvelles énergies aux hommes.
L’AUTEUR :
– Alberto Maggi, frère de l’Ordre des Servites de Marie, a étudié dans les Facultés théologiques mariales et Grégoriennes de Rome et à l’école biblique et archéologique française de Jérusalem.
Fondateur du Centre d’Études bibliques «G. vannucci» (www.studibiblici.it) à montefano (Macerata), il veille à la divulgation des écritures sacrées en les interprétant toujours au service de la justice, jamais du pouvoir.
Il a publié, entre autres :
- Des choses de prêtres;
- Notre Dame des hérétiques;
- Comment lire l’Évangile (et ne pas perdre la foi);
- des paraboles comme des pierres;
- La folie de Dieu et des versets dangereux.
– Mon voyage de foi et de joie entre la douleur et la vie.
Source : illibraio.it