LA TORAH.
LA TORAH : Origine du mot
Le mot Torah est formé à partir d'une racine hébraïque yarah qui signifie "enseigner".
Torah désigne d'abord les cinq premiers livres de la Bible ou Pentateuque, mais aussi le rouleau de parchemin sur lequel est copié le texte de la Torah, et par extension, tous les écrits sacrés du judaïsme.
La Torah est devenue, au terme d'un millénaire, le Tanakh qui désigne l'ensemble des vingt-quatre livres composant la Bible hébraïque et fait référence, en reprenant les trois lettres initiales, à sa structure en trois parties :
Torah (le Pentateuque), Nevi'im (les Prophètes), Ketouvim (les Écrits sacrés ou Hagiographes).
La Torah, livre de la formation du peuple de l'Alliance
Le judaïsme repose sur un enseignement écrit ou Torah écrite, et un enseignement oral ou Torah orale, littéralement "la loi qui est sur la bouche", qui devient le Talmud et le Midrach et certains textes de la Kabbale de l'époque talmudique.
La Torah sous ses deux aspects est l'élément central de la vie juive, de la pratique et de l'étude.
Structure de la Bible hébraïque
La Bible hébraïque se présente comme une collection d'ouvrages dont le nombre et parfois le contenu diffèrent de celui du christianisme.
Elle contient vingt-quatre livres.
La Bible hébraïque est divisée en trois parties, subdivisées en livres et en versets :
La Torah (au sens strict, le Pentateuque), Nevi'im (les Prophètes) et Ketouvim (les Écrits sacrés ou Hagiographes).
La Torah ou Pentateuque
La Torah est pour le judaïsme d'origine divine et révélée.
C'est un code social, moral et religieux faisant écho aux textes juridiques existant au Moyen-Orient ancien :
la bibliothèque de Ras-Shamra (Ougarit) et le code d'Hammourabi.
Cependant, la Torah n'est pas uniquement un texte juridique.
Elle contient également des récits :
la création du monde, la naissance de l'Homme, le déluge, l'histoire de Joseph, la sortie d'Égypte, etc.
Neviim ou Prophètes
Neviim constituent le deuxième ensemble du Tanakh.
Ils couvrent une période allant de la conquête de Canaan par Josué à l'Exil imposé par Nabuchodonosor.
Ils relatent aussi l'institution de la royauté, le schisme des douze tribus en deux royaumes.
Ils comprennent les livres de Josué et des Juges, de Samuel et des Rois, les Derniers ou Petits Prophètes :
Isaïe, Jérémie, Ezechiel et douze écrits prophétiques courts regroupés en un seul livre.
Kétouvim ou Écrits
Dans cette troisième partie, on trouve les textes qui n'appartiennent pas à la catégorie historique, qui ne racontent pas l'histoire du peuple juif ni le récit des prophéties rattachées.
Ce sont des textes de sagesse ou des histoires symboliques.
Ils contiennent les Psaumes, les Proverbes, Job, le Cantique des cantiques, Ruth, les Lamentations, l'Ecclésiaste, Esther, Daniel, Ezra, Nehémie et les Chroniques.
Des livres composites
Les livres de la Bible sont le plus souvent des compilations d'ouvrages antérieurs.
C'est la raison pour laquelle leur rédaction est difficile à dater avec précision.
Leur rédaction date du IXe siècle pour les plus anciens au Ier siècle de notre ère.
Les fragments les plus anciens de manuscrits bibliques sont postérieurs au IIIe siècle avant notre ère.
Le caractère composite des livres de la Bible est particulièrement apparent dans la répétition d'un même épisode à plusieurs endroits :
le récit de la Création apparaît deux fois.
Les auteurs
On ne doit pas parler d'auteurs mais de compilateurs dont le rôle fut de collecter et d'harmoniser les différentes sources documentaires existantes.
Si la tradition fait de Moïse l'auteur du Pentateuque, David des Psaumes et Salomon des Proverbes, la critique biblique moderne née au XVIIIe siècle enseigne que la composition des livres de la Bible est intervenue le plus souvent après les événements qu'ils relatent, à partir de documents plus anciens, dont certains ont pu être composés à l'origine par le prophète ou son école.
Fixation du Canon
Le recueil biblique tel qu'il nous est parvenu n'a conservé que des morceaux choisis d'un très vaste corpus dont nous avons pu mesurer l'ampleur grâce aux découvertes de Qumran.
C'est au terme d'un processus de choix et de rejet que s'est constitué le texte officiel ou "canon".
Ce choix s'est effectué sur plusieurs siècles.
Le texte du Pentateuque s'est fixé en premier autour de la période de l'Exil au VIesiècle avant notre ère.
Les livres des Prophètes ont été fixés vers le IIesiècle.
Le canon fut définitivement clos à la fin du Ier siècle de notre ère au terme de longues discussions sur le caractère inspiré des livres.
Les variantes
Le texte de la Bible hébraïque fut définitivement fixé entre le VIe et le IXe siècle de notre ère et s'est imposé sur les autres versions du texte.
Certains courants issus du judaïsme tels les Samaritains ou les Juifs éthiopiens ont adopté un canon différent et possèdent des versions différentes du texte.
La traduction en grec des Septante témoigne de l'existence d'un état du texte disparu aujourd'hui.
Ces variantes du texte, incluses dans les éditions modernes, permettent de comprendre le texte hébreu original devenu parfois obscur.
Les massorètes
Le texte biblique nous est parvenu grâce aux massorètes et aux scribes.
Les premiers sont des grammairiens constitués en écoles dont la plus importante est celle de Tibériade ;
leur nom dérive de massora, étymologiquement "transmettre".
Les massorètes ont élaboré un système de vocalisation, de ponctuation ainsi que le système de notes critiques, la massore.
Ils ont permis de fixer le texte.
Aussi appelle-t-on le canon texte "massorétique".
Les scribes
Les scribes peuvent être considérés comme les auteurs de la Bible.
Ils ont tout d'abord été chargés de compiler les différents récits connus.
Ils ont eu ensuite la charge de veiller à l'intégrité du texte et à sa transmission à travers la copie en respectant des règles strictes d'écriture et de présentation.
Le texte hébreu comporte certaines particularités graphiques :
des lettres au format inhabituel, des lettres retournées, ou d'autres coupées en deux.
Erreurs et corrections
Les scribes ont pu être à l'origine d'altérations du texte.
Ces erreurs ont parfois été identifiées voire "corrigées" par les massorètes au moyen d'un système de notation marginale appelé Ketiv-Qere que l'on peut traduire par :
"cela s'écrit ainsi mais cela se lit autrement".
Tout en se gardant de modifier le texte, la lecture jugée correcte est indiquée dans la marge tandis que le mot erroné est laissé tel quel sans vocalisation.
Certaines variantes, dites "perpétuelles", ne sont pas indiquées.
C'est le cas de la vocalisation du tétragramme YHWH.
L'hébreu, langue sacrée
La Bible hébraïque a été rédigée en hébreu à l'exception de certaines parties du livre de Daniel, d'Esdras et de Néhémie écrites en araméen.
Selon la tradition rabbinique, on doit à Esdras l'adoption de l'alphabet hébreu dit "carré" rapporté de l'exil à Babylone et l'abandon des caractères hébreux anciens, dits caractères phéniciens, qui subsistèrent cependant de façon anachronique jusqu'aux premiers siècles de notre ère comme en témoignent certains fragments des manuscrits de la mer Morte.
L'hébreu, langue sacrée ne fut jamais supplanté par une autre langue.
Les Targumim, premières traductions en araméen
Dès le premier exil à Babylone, il fut nécessaire de traduire le Pentateuque en araméen, langue officielle de l'empire perse, lieu de l'exil.
C'est ainsi que naquirent au IIIe siècle les premières traductions de la Bible en araméen comme en témoigne le livre des Rois et le récit de la lecture publique de la Loi par Esdras.
Les Targumim se divisent en deux familles :
l'une proche de la paraphrase s'est développée en Galilée, l'autre en Babylonie, littérale.
On attribue traditionnellement à Onqelos, peut-être un païen converti au judaïsme, le targum du Pentateuque.
La Septante
Au IIIe siècle avant notre ère, apparaît une traduction officielle de la Torah en grec.
La légende relate le miracle de cette traduction :
soixante-douze rabbins sur l'île de Pharos au large d'Alexandrie auraient tous traduit de la même façon la bible hébraïque.
D'où le nom de Septante qui sera donné à cette traduction assez littérale, destinée aux juifs d'Alexandrie avant d'être abandonnée aux chrétiens.
Contrairement à ce qui se pratique de nos jours, sa lecture était autorisée dans les synagogues.
L'aventure des traductions
Au IXe siècle, Saadia Gaon traduisit la Bible en arabe.
Puis, en Espagne et dans l'empire ottoman, en Perse, ainsi qu'en Europe centrale, on prit l'habitude de traduire en judéo-espagnol (ladino), en judéo-persan et en yiddish, langue vernaculaire des juifs, la Bible pour les femmes et les enfants ne sachant pas lire l'hébreu.
Ces traductions sont marquées par une très grande littéralité et le refus des anthropomorphismes.
Les supports
Les plus anciens supports de la Bible sont le parchemin et le roseau comme en témoignent les fragments de Qumran.
Le rouleau a été abandonné au profit du codex, livre formé de cahiers de parchemin reliés par la tranche, à l'exception de l'usage liturgique.
Le rouleau
Aujourd'hui encore le rouleau contient le texte du Pentateuque, la Torah, destiné à être lu à la synagogue, non vocalisé, dépourvu de ponctuation, de tout apparat critique, de notes ou de gloses.
Les seules séparations licites sont les espaces que le scribe doit laisser à la fin de certaines parties.
Seul le rouleau de parchemin a été reconnu valable pour la lecture liturgique de la Torah telle qu'elle a été définie et fixée à l'époque d'Esdras.
Il doit être copié selon les règles précises fixées dans le traité soferim du Talmud.
Le codex
Dans l'antiquité, le codex fut réservé à l'usage profane et à l'étude.
Progressivement, il s'enrichit de notes et des variantes de lecture provenant souvent d'erreurs de scribes, et devint un objet à moitié profane.
Le rapport à l'image
L'interdit du second des Dix commandements – "tu ne feras point d'idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel ou en bas sur la terre ou dans les eaux au-dessous de la terre" – a été interprété avec plus ou moins de rigueur.
La micrographie permet de contourner cet interdit :
souvent abstraite ou géométrique mais parfois figurative, elle affecte les notes critiques (massore).
Elle peut être simplement ornementale ou proposer parfois des significations profondes en résonance avec le texte.
Source : expositions.bnf