ÉPIPHANIE.
L'Epiphanie, une solennité aux multiples aspects !
Epiphanie
Fête des lumières, l’Épiphanie apporte un deuxième rayonnement aux célébrations de la Nativité du Seigneur.
La venue des mages à Bethléem, le baptême du Seigneur et le miracle de Cana forment la gerbe des trois mystères de l’Épiphanie, c’est-à-dire de la manifestation de Jésus au monde.
Fête des lumières, l’Épiphanie est la manifestation au grand jour d’un mystère déjà révélé dans la nuit de Noël. Elle apporte en effet un deuxième rayonnement aux célébrations de la Nativité du Seigneur. C’est d’ailleurs ce jour où nos frères orthodoxes célèbrent la Nativité.
Noël mettait l’accent sur l’abaissement d’un Dieu qui se fait petit enfant ; lors de l’Épiphanie, le nouveau-né est proclamé Roi et il est honoré dans tout l’éclat de sa divinité.
Ce ne sont plus seulement les bergers d’Israël qui sont appelés par les anges à le reconnaître, mais tout homme de bonne volonté, issu des nations et porteur d’un grand désir de Dieu.
Giotto - La Nativité
Giotto - L'adoration des mages
« La solennité de l’Épiphanie nous découvre et nous révèle de plusieurs manières que Dieu est venu dans un corps d’homme.
Aujourd’hui, les mages considèrent avec une profonde stupeur ce qu’ils voient ici : le ciel sur la terre, la terre dans le ciel ; l’homme en Dieu, Dieu en l’homme.
Aujourd’hui, le Christ qui va laver les péchés du monde est entré dans le Jourdain,
Aujourd’hui, le Christ fait commencer les signes du ciel en changeant l’eau en vin »
(St Pierre Chrysologue – Texte repris dans la liturgie des vêpres romaines)
En Occident, c’est avant tout la venue des mages à Bethléem qui attire l’attention, mais on ne manque pas d’évoquer aussi le baptême du Seigneur et le miracle de Cana, liant ainsi en une seule gerbe les trois manifestations de Jésus, car ces trois mystères se fondent merveilleusement en un seul, celui de l’alliance du Christ et de l’humanité, des noces du Christ et de l’Eglise, comme le chante avec bonheur l’antienne du Benedictus, à laudes :
« Aujourd’hui, l’Eglise s’unit à son Epoux céleste parce que dans le Jourdain le Christ a lavé ses péchés ; les mages courent avec des présents aux noces royales et les convives se réjouissent de voir l’eau changée en vin. »
Ce sont comme trois rayons de lumière qui descendent jusqu’à nous pour manifester à nouveau le mystère du Christ, fils de Marie et Fils de Dieu, par qui l’Eternel est entré dans le temps.
L’adoration des Mages
Ils se sont mis en route parce qu’ils éprouvaient un grand désir qui les poussait à partir ; ils ont bravé la fatigue du chemin sans céder au découragement, tendus vers l’heure de la rencontre avec le « roi des Juifs ».
Giotto - Les mages (détail)
« Entrant dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage, puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » (Mt 2,11)
L’étoile n’a pas lui en vain ! Ils repartent par un autre chemin : ils étaient venus païens, ils s’en vont croyants ! Dès lors, l’étoile ne marche plus devant eux, elle n’est plus nécessaire pour les conduire à Jésus : ils le portent à jamais dans leur cœur. Ils ont de plus découvert la Bethléem éternelle, l’Eglise, maison du Pain de vie.
L’aventure des mages n’est-elle pas celle de tout homme en ce monde ? Leur marche laborieuse à la clarté de l’étoile n’évoque-t-elle pas celle de la foi à la recherche du Christ ?
Depuis toujours, les chrétiens voient en eux leurs ancêtres dans la foi. En eux, c’est la vocation des nations païennes qui est célébrée : elles sont associées au partage de la même promesse et au même héritage que les juifs (Cf. Ep 3, deuxième lecture de la fête de l’Épiphanie) et tous les peuples en sont illuminés, comme l’avait entrevu Isaïe : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux, regarde autour de toi, tous ils se rassemblent, ils arrivent » (Is 60, première lecture de la fête de l’Épiphanie).
Le baptême du Seigneur
Alors que l’Eglise d’Orient célèbre dans l’Épiphanie le mystère du baptême du Seigneur, l’Occident le mentionne sans y insister, se réservant d’en faire mémoire plus amplement le dimanche suivant.
La venue des bergers puis des mages dans le secret de l’étable de Bethléem a commencé à révéler en Jésus le Fils de Dieu fait homme. Mais au bord du Jourdain, à l’aube de sa vie publique, le Christ se manifeste avec plus d’éclat encore : sa venue est annoncée par Jean : « Il vient celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » (Lc 3,16), la foule qui s’empresse auprès du Baptiste en est témoin, Dieu révèle en lui son Fils Bien Aimé : « C’est toi mon Fils Bien Aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11) et l’Esprit Saint, en reposant sur lui, atteste qu’il est le consacré par excellence.
Giotto - Le baptême du Christ
Les noces de Cana
Certains voient dans l’évocation de cette troisième manifestation glorieuse du Seigneur Jésus une sorte de surcharge liturgique, venant enrichir les consonantes du mystère.
Giotto - Les noces de Cana
Dans le signe de Cana, c’est Jésus lui-même qui manifeste sa divinité et sa puissance lorsqu’il change l’eau en vin.
« Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (Jn 2,11)
Cette troisième épiphanie proclamait ainsi devant ses disciples sa gloire de Fils de Dieu.
Saint Augustin va plus loin encore et contemple dans cette scène l’image nuptiale des noces du Christ et de l’Eglise, ce qui nous ramène au berceau de la foi, au mystère de Noël, qui déjà célèbre les épousailles de la terre et du ciel, de l’homme avec son Dieu.
Gloire au Christ, trois fois manifesté et trois fois glorieux !