L’ABBE ANDREI (1733-1815)
L’ABBE ANDREI (1733-1815)
LE SEUL DEPUTE DE LA CONVENTION NATIONALE A AVOIR DEFENDU PASCAL PAOLI A LA TRIBUNE N'A PAS VOTE LA MORT DE LOUIS XVI EXECUTE LE 21 JANVIER 93.
Antoine Andrei député à la Convention, membre du Conseil des Cinq-Cents, est né Antoine François Andrei le à Moïta, Pieve di Serra (Corse), fils de Antoine, meurt à Moïta le .
Député girondin de la Corse (donc anti-jacobin) à la Convention nationale du 10 septembre 1792 au 26 octobre 1795 pendant 3 ans, 1 mois, 16 jours.
Puis député au Conseil des Cinq-Cents du 15 octobre 1795 au 26 décembre 1799.
Prêtre, il fut aussi homme de lettres et librettiste.
Il est le fils d’Antoine Andrei de Moïta (Pieve di Serra), en Haute-Corse.
Moïta est historiquement le chef-lieu de la micro-région de la Serra à l'orée de la Castagniccia (région riche de la châtaigneraie), à une vingtaine de km du littoral de la plaine orientale, à environ 40 km de Corte et 23 km d'Aleria.
Antoine a grandi dans ce petit village à une altitude moyenne de 450 m, dominé, à l'Est, par le mont Sant'Appianu (1100m), sur un territoire de jolies collines viticoles descendant au Sud-Est vers la Bravone, qui se jette dans la Méditerranée.
Le village était alors parmi les plus peuplés de la Serra (502 habitants en 1800, 575 en 1806 lors de la mort de l’abbé survenue en 1815) alors qu'il ne compte plus en 2015 que 79 habitants recensés l’hiver.
Village de montagne dans l'île, Moïta jouit d’un bel habitat ancien regroupé autour de l'église Saint-Siméon (récemment restaurée), de pur style baroque et qui contient aujourd’hui nombre d’objets classés.
Ses maisons avec un beau four à pain (aujourd’hui restauré), et dans certaines demeures de beaux moulins à huile à traction animale, et leurs fuconi, foyers alors allumés en permanence afin d’assurer le séchage des châtaignes ne parut toutefois guère propice à l’éducation d’Antoine et son père décida de l’envoyer très tôt dans la péninsule Italienne à l’instar des Lusinchi, alliés aux Andrei (de Tralonca, Zicavo et Bastia).
Il faut dire qu’on est ambitieux dans le village et chez les Morandini, beau-frère et neveux de l’abbé Andrei, on comptera bientôt Antoine-François Morandini (Moïta 1766-Moïta 1831), chevalier d’Empire !
Antoine Andrei reçut donc son premier enseignement scolaire à Venise.
Son père était en effet l’ami du baron de Balandrier, ministre (c’est-à-dire ambassadeur) de la République de Venise à Turin, auprès du duc de Savoie.
Et c’est Balandier qui fut le tuteur d’Antoine pour son éducation à Venise où la plupart des Lusinchi étaient officiers (famille de Tralonca dont une branche, celle de Zicavo, a donné nombre d’officiers généraux à la République des doges, famille actuellement présente à San Francisco depuis les années 1820 et qui a donné Jaime Lusinchi, Président de la République du Vénezuela mort en 1980).
Antoine grâce à son protecteur, fit des études brillantes et rentra à Moïta du temps du généralat de Paoli.
Il contribua notamment à attacher au Babbu ce village de « montagnardi ».
Lors de l’exil du Père de la Patrie en Angleterre, après la défaite des 2000 Paolistes de Pontenovo (9 mai 1769), il séjourna beaucoup à Londres et prit grand goût aux études littéraires.
Homme de caractère, et de lettres, pour subvenir à ses besoins, il se fit aussi parfois compositeur et traducteur de plusieurs opéras-bouffes italiens, et s’installa bientôt dans la capitale belge puis à Paris.
Ami intime de Paoli (1725-1807) (et mentionné dans M. Vergé-Franceschi, Paoli, Un Corse des Lumières, Fayard, couronné par l’Académie française), qui le cite à différentes reprises), il en devint le secrétaire les deux hommes étant de la même génération.
A l’époque de la Révolution, Paoli le persuada d'entrer en politique en raison de son habileté.
Pozzo di Borgo (1764-1842), député à la Législative ne voulant pas retourner à Paris où il avait vécu les émeutes de 1792 (cf. M. Vergé-Franceschi, Pozzo di Borgo, l’ennemi-juré de Napoléon 1er, Payot, Prix de la Fondation Napoléon 2016), Paoli s’arrangea pour faire élire Andrei comme député à la Convention (où il fut élu du temps du Babbu et non nommé par lui –erreur grossière !- comme on le lit parfois !).
Elu à la Convention le 18 septembre 1792, il voit la République proclamée le 22 septembre suivant et vote pour l'emprisonnement de Louis XVI et non pour son exécution qui a lieu le 21 janvier 1793.
C’est à tort que l’on prétend que ce vote eut lieu le 31 mai 1793, soit après la mort du Roi.
Il est un des rares conventionnels à avoir signé très lisiblement sa position.
Le 2 juin 1793, la Commune de Paris fait cerner la Convention et procède à l’arrestation d’un groupe de députés Girondins.
L’abbé Andrei s’étant mêlé aux projets des Girondins (tout comme Paoli), est l’un des premiers à manifester son horreur pour les excès populaires, et il condamne alors vivement le régime de la Terreur, tout comme Paoli et Pozzo di Borgo.
Mis hors la loi, après avoir plaidé la cause de Paoli mis en accusation suite à l’échec de l’affaire de Sardaigne, Antoine Andrei fut sauvé de l’échafaud par la condamnation puis l’exécution de Robespierre le 9 thermidor an II.
Le 23 vendémiaire an IV, il entre de plein droit au Conseil des Cinq-Cents présidé par Lucien Bonaparte (1775-1840).
Il y termina sa carrière parlementaire.
Andrei, mort à 81 ans à Moïta est mort trop tôt pour avoir vu arriver dans son village natal en août 1836 le Padre Albini, aujourd'hui béatifié, venu de son couvent de Vico pour porter la bonne parole aux habitants du village.
La tradition lui attribue la réalisation d'un miracle dont témoignerait encore la fontaine située près de la Grande-Croix à l'entrée du village, et que Padre Albini éleva comme marque de son passage.
Le R.P. Albini, avec le baron Morandini et le R.P. Andrei sont les trois « gloires » qui ont marqué la vie de Moïta.
Auteur : Vergé-Franceschi Michel.
Source photo : Oriente-Corsica