PAULU ORSONI : "LE CHE GUEVARA CORSE".
PAULU ORSONI : "LE CHE GUEVARA CORSE".
L'indépendantiste corse qui a participé à la création de la première armée républicaine irlandaise (IRA).
Un personnage resté longtemps dans l’ombre.
Qui est Paulu Orsoni ?
Indépendantiste avant l’heure engagé en Corse, notamment dans le journal A Muvra, il a également fait partie des fondateurs de la «vieille IRA» (Armée républicaine irlandaise) et a même combattu l’armée française sur les côtes du Rif, aux côtés d’Abdelkrim, où il perdra finalement la vie.
Né le 24 septembre 1889 à Bastia.
Son père était maçon et sa mère femme au foyer.
Il est parti à l’étranger pour gagner sa vie.
Il a fait partie du conseil administratif maritime de Gênes.
Puis, lors de la Première guerre mondiale, il s’engage dans la Légion étrangère, est blessé trois fois et reçoit cinq citations.
On pense qu’il a rejoint l’Irlande en 1918 car on en trouve aucune trace de lui lors de l’insurrection de Pâques en 1916.»
Après l’IRA il s’engage pour la Corse.
Joritz Larraza retrouve la trace de Paulu Orsoni au sein des fondateurs de l’IRA, aux côtés de Michael Collins et Éamon de Valera.
Puis, alors que la guerre civile débute en 1922, il décide de rentrer en Corse.
Où il passera quatre années.
De retour sur l’île, il se lie avec les frères Rocca, qui fondent la première revue corse : A Muvra.
Dans ce journal, il écrira de nombreux articles.
Il y dénonce le clanisme, la «voyoucratie ajaccienne» comme il la nomme.
Pour preuve à l’appui, des dizaines d’articles retrouvés dans les archives régionales de Corse du Sud - Archiviu di u Pumonte, signés de son nom.
Il est profondément romantique, c’est un érudit, un poète, qui écrit aussi bien en corse qu’en français, avec humour, sur des projets de société, remarque le jeune homme.
Il parle d’autonomie, d’agriculture, de politique.
Il est favorable à la création d’une voie de chemin de fer entre Bastia et Bonifacio.
Avec les frères Rocca, va se créer le Partitu Corsu d’Azione, qui s’engagera pour la commémoration de Ponte Novu.
On parle de régionalisme à une époque où le nationalisme corse n’existait pas encore.
C’est un avant-gardiste qui veut se montrer pragmatique et appelle à se reprendre en main économiquement.
Pourtant, Paulu Orsoni finira par se braquer contre les frères Rocca car, contrairement à eux, il prône la lutte armée.
Il quittera A Muvra et le Parti Corse d’Azione.
«Il était trop en avance sur son temps», commente Joritz Larraza.
Chef de bataillon d’Abdelkrim sur le Rif.
L’étudiant en histoire retrouve alors sa trace en avril 1925 dans la guerre du Rif, au nord du Maroc, où Orsoni combat aux côtés d’Abdelkrim contre l’armée française, et notamment contre La légion étrangère, dont il avait fait partie par le passé.
Abdelkrim le nomme chef de bataillon, reprend le jeune homme.
Il meurt les armes à la main vers la fin juillet 1925, près de la ville de Taza.
On ne sait pas où se trouve son corps mais on peut supposer qu’il a été enterré dans une fosse commune.
Il a certainement été déchu de sa nationalité française.
Un article paru dans A Muvra, signé «Pasquale Manfredi» - «qui était un des nombreux pseudonymes de Petru Rocca» - rendra hommage à cet «anzianu cumpagnu di fede», «di babbu pumunticu è di mamma curtinese », «natu in Bastia» qui «avìa fattu i so studii in Aiacciu ».
De nombreuses informations sur sa vie sont condensées dans un unique article de presse.
La guerre de 14-18, l’Irlande et sa mort.
Une lettre d’un ami à Londres apprend à Petru Rocca que Paulu Orsoni, parti à Tanger le mois d’avril précédent, avait offert ses services à Abdelkrim.
Il y reconnaît que «Paulu Orsoni hè mortu pè e so idee».
Avant de saluer «a memoria di u nostru cumpatriottu è anzianu cumpagnu di fede».
«Un proverbe rifain affirme que : la mort d’un homme sur le chemin du droit n’est pas la mort, mais l’immortalité », conclut le jeune homme.
Cette immortalité, c’est ce qu’aimerait offrir Joritz Larraza à Paulu Orsoni.
En levant le voiles qui obscurcit son incroyable destin.
«Che Guevara avant l’heure».
Mais des «zones d’ombre subsistent».
C’est pourquoi Joritz Larraza envoie «une bouteille à la mer»
«Si des gens ont des informations, des photos de Paulu Orsoni, je leur demande de bien vouloir me contacter.»
Joritz Larraza .
Contact : par téléphone au 06.73.93.07.06. ou par e-mail : joritz.larraza@gmail.com
Source : Corse Matin.
Photos : Doc Corse Matin.