PASCAL PAOLI : PREMIER ÉXIL.
PASCAL PAOLI : PREMIER ÉXIL.
Gênes qui a perdu toute chance de reprendre le pouvoir en corse monnaye son retrait en vendant l'île à la France.
Deux millions de livres payables en dix ans.
"Vente à réméré" en négligeant les conditions de rachat impossibles à remplir par les Génois.
Celle-ci, au lendemain des pertes désastreuses de ses colonies désire trouver dans cette affaire une légère compensation à son impérialisme et s'assurer d'un lieu stratégique en Méditerranée convoité par de nombreuses nations.
Paoli ne voit en la France qu'une puissance amie qui va l'aider à sortir son pays des malheurs dans lesquels les Génois l'avaient plongé.
Il lui faut vite déchanter.
Le ton arrogant employé par Choiseul qui feint de croire qu'une solution au problème est encore possible alors que le traité est déjà signé depuis deux semaines ne laisse aucune ambiguïté sur la manière dont furent menées les tractations.
Loyauté qu'on retrouve dans la politique de Chauvelin (Cf. lettre du 26/4/1735 adressée à l'Ambassadeur de France auprès de Gênes) Sa Majesté estime qu'il y aurait un grand inconvénient à laisser soupçonner nos vues sur cette "le... Il faut dès aujourd'hui commencer à former sourdement un parti en Corse... bien discrètement."
Les philosophes diront leur sympathie au peuple corse " l'expédition de Corse inique et ridicule qui choque toute justice, toute humanité, toute politique et toute raison" dira Rousseau ;
"En cédant la vaine et fatale souveraineté d'un pays qui lui était à charge, Gênes faisait en effet un bon marché, et le roi de France en faisait un meilleur. Il restait à savoir si les hommes ont le droit de vendre d'autres hommes"
écrira Voltaire dans " le Siècle de Louis XV".
Il semble pourtant qu'avec des notions plus moderne de politique la France aurait pu régler ce problème dans l'honneur et l'intérêt bien compris des parties.
Paoli, maître à penser de Napoléon, n'est pas comme lui un fin statège militaire.
"Toute grandeur, toute habileté, furent donc représentée à l'esprit de Napoléon enfant, par ce nom : Pascal Paoli. Et, par un étrange hasard, Paoli fut comme le type de vie future de Napoléon... Paoli fait en Corse, et en petit, tout ce que Napoléon devra faire parmi nous..."
Stendhal, Vie de Napoléon.
"...Paoli... défenseur de l'indépendance, son dieu, son héros..."
Bainville, Napoléon.
Le 9 mai 1769 c'est le désastre de Ponte Novo.
" N'épargnez ni les moissons, ni les vignes, ni les oliviers de ceux qui refuseront de se soumettre, c'est le seul moyen de leur imprimer la terreur et de les ramener à l'obéissance."
Instructions du comte de Vaux, 3 mai 1769.
Le 13 Juin Pascal Paoli s'embarque à Porto Vecchio à destination de Livourne.
De nombreux compatriotes le suivent en exil.
Certains se rendent en Sardaigne ou en Vénétie, d'autres le rejoignent en Toscane.
Afin de ne pas nuire aux bonnes relations qu'entretient le Grand Duc avec le roi de France Paoli choisit de gagner l'Angleterre.
Il fait étape à Vérone, Vienne, Munich, Francfort (où il rencontre Goethe ), Utrecht, Amsterdam, La Haye et arrive à Londres le 19 septembre.
Il y demeurera une vingtaine d'années utilisant une grande partie de la pension que lui verse le roi Georges III pour secourir ses fidèles réfugiés en Toscane.
Il habite Old Bond Street où il recevra souvent son ami Boswell, puis prés d'Edgware Road où il terminera sa vie.
Son ami James Boswell lui fait connaître les plus grands écrivains et artistes de Grande Bretagne.
Membre de la Société Royale il retrouve dans la capitale britannique le milieu intellectuel qu'il avait côtoyé à Naples dans sa jeunesse.
Il n'en oublie pas son pays pour autant.
En 1776 le gouvernement français lui demande de revenir afin d'apaiser les esprits et lui propose quelques fonctions importantes.
Il répond par l'intermédiaire de son ami Ventura Benedetti qu'il ne peut concevoir pour son pays qu'une totale liberté sous couvert d'un protectorat français.
Emmanuelli dit :
" ... conscient de la difficulté pour la Corse de conserver une indépendance absolue, il aurait consenti, dès avant 1768, qu'elle fut modérée par la protection d'une grande puissance, mais exercée de loin et limitée à quelques avantages matériels".
C'est un trait permanent de sa pensée politique.
Source : genealogieprovence