Plus de détails Le général Paoli. Gravure par Antoine de Marcenay de Ghuy. Antoine de Marcenay de Ghuy (1724-1811)

Plus de détails Le général Paoli. Gravure par Antoine de Marcenay de Ghuy. Antoine de Marcenay de Ghuy (1724-1811)

 PASCAL PAOLI L'ARRIVEE AU POUVOIR.

 

Suite à la réforme du régiment Corsica, en juillet 1749, il passe au régiment Real Farnese qui tient garnison à Syracuse. Les événements  se précipitent.

 

La guerre de Succession d'Autriche attire à nouveau l'attention sur la position stratégique de la Corse. L'Angleterre qui voudrait  y édifier une digue contre la France encourage Charles Emmanuel III, Roi de Sardaigne de Savoie et du Piémont, à intervenir contre Gènes. 

 

 Par l'entremise de   Buttafoco, Pascal Paoli envisage de se faire enrôler au Royal Corse en France dans le secret espoir de retourner dans son pays où, depuis le traité d'Aix la Chapelle, le marquis de Cursay commandant en chef des troupes d'occupation se taille une solide réputation d'honnête homme plein de sagesse et de générosité.  

 

Ce projet restera sans suite.

 

L'heure de son intervention est proche.

 

Déjà l'avènement de Gaffori aux fonctions suprêmes se devine.

 

Il est l'interlocuteur privilégié du commandant français et progressivement s'impose aux clans des nationaux.

 

L'assassinat de Gaffori en octobre 1753 crée un vide politique énorme et amplifie la lutte des divers clans.  

 

Les hommes qui les dirigent sont plus avides de pouvoirs que capable de les exercer.

 

Au cours du mois de février 1754 Pascal Paoli se fait affecter à la garnison napolitaine de Porto Longone dans l'île d'Elbe afin de se rapprocher de la Corse.

 

Sur la recommandation de son frère Clément, le Directoire lui écrit pour lui proposer le gouvernement. Nous sommes en Octobre 1754.

 

Il ne donne pas suite à cette proposition mais soumet un projet de Constitution. 

 

 Celui-ci est adopté en Avril 1755 par le Conseil Suprême à la Consulte de Caccia. 

 

C'est la déclaration d'indépendance. 

 

Le 29 avril 1755 Pascal Paoli débarque à Puraghja (Porraggia) près de l'embouchure du Golo et se rend directement chez lui à Merusaglia.

 

La Consulte tenue dans le Couvent de saint Antoine à  Casabianca du 13 au 15 juillet 1755 lui donne les pleins pouvoirs.

 

Un mois plus tard, le 10 août 1755 une contre consulte réunie à Alisgiani proclame Mariu Matra Général de la Nation.

 

Bipartisme qui se poursuivra en 1756 entre les "paolistes" et les "gafforistes" ( Matra, beau-frère de Gaffori, estimait être "l'héritier" du pouvoir).

Il semble être une constante de l'histoire transalpine et pourrait avoir  pour origine  la lutte des partis Guelfes et Gibelins du Moyen Age.

 

C'est le début de luttes intestines qui contribueront à ruiner l'avenir de la Corse indépendante.

 

La mobilisation des forces et des esprits qu'elles impliquent  va ralentir la mise en application  du plan stratégique et économique que Paoli a rêvé pour son pays.

 

Gènes appuie de tout son poids l'action du clan des Matra.

 

A la mort de son chef Marius Emmanuel Matra ( Le 28 mars 1757 à Bozio. ) le clan des Colonna, que Gènes n'a pu corrompre, se rallie à Paoli.

 

Antoine Colonna sera nommé Commandant pour le Delà des Monts.

 

Cette reddition fait tâche d'huile. 

 

Plusieurs provinces restées fidèles au génois se soumettent au gouvernement insulaire. 

 

 La province de la Rocca sera représentée au Gouvernement National par Anton Paduanu de Peretti qui se rallie  en 1759. 

 

La lutte contre le clanisme n'en finit pas pour autant.

 

Incapable d'agir ouvertement Gènes profite de l'esprit individualiste des autochtones pour attiser les conflits et prolonger l'agitation.  

                                                                                             

LE GOUVERNEMENT  (LA CONSTITUTION).

 

En novembre 1755 Pascal Paoli convoque une consulte générale à Corti (Corte ) afin de faire ratifier la nouvelle constitution. 

 

 Habile mélange de lois ancestrales ( Charte du roi Théodore en partie élaborée par le législateur Costa, règlement de la commune de Sambucuccio, constitution de Gaffori.) et de théories nouvelles dans l'esprit de Voltaire et  de Montesquieu elle va devenir la première Constitution démocratique d'Europe.

 

Royaume démocratique dont la Souveraineté officielle est offerte à l'Immaculée Conception mais dont la souveraineté de fait appartient  à la population.

 

Tous les hommes âgés de plus de 25 ans sont électeurs.

 

Le peuple élit un député pour mille habitants.

 

Celui-ci participe à la Consulta, sorte d'Assemblée Nationale. 

 

La Consulta élit le Conseil Suprême qui élit lui-même le Général de la Nation qui est le chef de l'état.

 

A la base de l'édifice se trouve la commune administrée par le podestat (maire ) assisté de deux pères du commun, tous trois élus au suffrage universel.

 

Un Capitaine d'Armes nommé par la Consulte assure l'ordre communal tel, de nos jours, la gendarmerie ou la police municipale.

 

La Justice est rendue par le tribunal communal présidé par le podestat et les deux pères du commun.

 

Ce tribunal est coiffé par le tribunal cantonal (présidé par le podestat de la piève) qui dépend lui-même de la Rota (cour suprême composée de trois magistrats docteurs en droits nommés par le Conseil suprême).

 

Cette délégation de la Justice aux élus communaux répond à un besoin de rapidité 63 (les délits et les vendetta sont forts nombreux à cette époque) et à la philosophie paoline que résume cette phrase :

" Pour administrer la Justice pas besoin d'être homme de lois, le bon sens suffit."  

 

"Je ne conçois pas les délais de la justice humaine dans le châtiment des coupables." P.Paoli, Circulaire aux magistrats provinciaux.

 

Sur ce sujet Pascal Paoli disait aussi :

" Dans les mains du magistrat irrésolu, le glaive de la justice n'effraie pas plus que la quenouille d'une femme " Circulaire aux Podestats, 1761.

 ou

" Là où il est peu de sentiments religieux, il faut beaucoup de lois répressives. Il serait plus facile d'aplanir le Monte Rotonde que de conduire une société sans idées morales."

 

 

On a parfois considère la justice paoline  excessive ou expéditive en oubliant que chaque année une moyenne de 900 meurtres étaient perpétrés  en corse (Environ  un pour cent de la population).

 

 Il faut aussi se souvenir que le supplice de la question sera encore longtemps  appliqué en France.

 

Cette moyenne tombe à 2 par an dans les années suivantes.

 

La réorganisation de l'agriculture, l'exploitation du sous-sol, l'éducation de la population avec la création d'écoles populaires ouvertes dans chaque piève grâce au généreux concours du clergé, la création de l'Université de Corte, la réforme de l'imposition, la création d'une monnaie et d'une imprimerie nationale avec la publication d'un journal officiel sont les autres actes les plus importants à retenir de son administration.

 

 Il introduisit la culture de la pomme de terre en Corse bien avant que Parmentier ne le fasse en France.

P.Paoli s'honorait du titre de "Général des Patates" que lui donnaient par dérision ses détracteurs.

 

Le point d'orgue de cette dernière demeure toutefois la mise en place de la Constitution  sur laquelle Jean-Jacques Rousseau n'a pas encore travaillé et qui servira de modèle à  celle des Etats Unis d'Amérique trente deux ans plus tard.

 

Voir "Projet de constitution pour la Corse"(Il semble que cet appel ˆ Rousseau n'est eut pour but que d'attirer l'attention et la sympathie de l'Intelligenzia française)

 

Source : genealogieprovence

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