Paoli génie visionnaire héros des Lumières inspire Napoléon mythe politique absolu.

 

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La France républicaine pourrait-elle, enfin, reconnaître l’apport décisif de Pascal Paoli et de la Corse à sa Révolution et à son Code civil ? 

Napoléon Ier Empereur des Français a-t-il bénéficié d'un autre génie que le sien ? Paoli est-il son portrait caché, son prédécesseur visionnaire, son double, quasiment son mentor en politique ? 

Après 250 ans de colonisation qui ont occulté la véritable histoire de la démocratie corse : voici les hypothèses venues du monde entier de la part des universitaires spécialistes de la Corse et de l’Epopée napoléonienne. Ils mènent des recherches tous domaines ( histoire et littérature) qui avancent en parallèle dans différents pays.

Ainsi le projet mémoriel et transdisciplinaire « Paoli-Napoléon » est co-dirigé par Jean-Guy Talamoni Président de l’Assemblée de Corse et par Jean-Dominique Poli Maître de conférence en  Littérature comparée à l’Université de Corse.

Ce dernier co-organise un autre cycle international de séminaires qui fera une étape à Moscou en octobre pour un symposium sur le « le Mythe de Napoléon dans la culture mondiale » (Napoléon, les imaginaires culturels de la Corse et la Révolution de Corse). 

La filiation de Paoli à Bonaparte . 

« Laïcité, Nation, Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ces idées caractéristiques de la modernité sont nées en Corse, terre pourtant catholique, et ce dès la première moitié du XVIIIè siècle. 

L’apport de la Corse aux Lumières a été d’abord théorique.

Il sera bientôt pratique  avec la constitution d’un Etat indépendant  en Corse, sous le généralat de Pascal Paoli en 1755 ». 

Dans un texte politique fulgurant titré :

 « Des théologiens d’Orezza à Napoléon Bonaparte » ( Iconosphère. Ed Alain Piazzola)  : Jean-Guy Talamoni expose la filiation allant des « premiers griefs laïcs » énoncés en 1731 en Haute-Corse par des pré-révolutionnaires corses… jusqu’à la l’épopée napoléonienne et ses oeuvres.

La Corse, qui a « inventé la Libération en 1943 » avec un an d’avance sur les plans des Alliés, s’est aussi octroyée en 1755 une Constitution démocratique (Consulta di Corti).

Une première en Europe.

Alors difficile d’ignorer le bain politique formateur et exemplaire, dans lequel est né et a évolué Bonaparte. Un constat qui atténue singulièrement la dimension mythique du personnage…pour re intégrer la Corse et Pasquale Paoli dans le continuum de l’épopée napoléonienne.

Un autre général corse visionnaire est-il le chaînon manquant qui annonce un tout autre décryptage de l’histoire de la démocratie en France ? Pascal Paoli, héros européen des Lumières et des Constitutionnels américains (des localités Paoli-City aux Etats-Unis), cristallisa et réalisa en grandeur nature,  et in situ, les principes de l’émancipation et de la modernité en politique. 

 

 


Ceux-la mêmes qui furent explorés, au fil du temps, par St Thomas d’Aquin, L’Ecole de Salamanque (Espagne) et sa célèbre « Controverse de Valladolid », puis Grotius, Machiavel, l’économiste politique Genovesi et enfin Don Gregorio Salvini qui publie concernant la Corse « La Giustificazione della Révoluzione » en 1758. 

Quels furent à l’aube du Siècle des Lumières, les apports des penseurs napolitains, corses, français ( Descartes et J-J Rousseau) dans cette maturation philosophique ?

Comment la Révolution de Corse a-t-elle inspirée Bonaparte, puis dans son sillage légendaire, toute l’Europe ? 

Quels furent à l’aube du Siècle des

Lumières, les apports des penseurs napolitains, corses, français ( Descartes et J-J Rousseau) dans cette maturation philosophique ?

Comment la Révolution de Corse a-t-elle inspirée Bonaparte, puis dans son sillage légendaire, toute l’Europe ? 

Depuis le « riasquistu » des années 70 ( réappropriation de la langue et de la culture corse) : l’île résiliente se reconnecte avec sa propre histoire. Un passé glorieux et précurseur, occulté par ce qu’il faut bien nommer une paradoxale mais effective colonisation.

Cette renaissance intellectuelle ensemence la pensée insulaire dans tous les domaines dont la politique, la littérature, le cinéma. Dans un même mouvement, une gouvernance autonomiste élue en 2015, dit d’elle-même qu’elle est « fondée sur l’Histoire »

Qu’en est-il de la pensée politique corse chez Napoléon ? 


Et puis, flux et reflux des idées, un autre phénomène insolite est apparait.

Après des années de désamour, Napoléon Bonaparte est redevenu fréquentable…ici en Corse.

A l’inverse, les universitaires  spécialistes mondiaux de l’épopée napoléonienne découvrent, enfin, « le paolisme » et la figure tutélaire de Pascal Paoli. 

Jean-Dominique Poli Maître de conférence en Littérature comparée à l’Université de Corse (CNRS-LISA Univ. P Paoli de Corte) organise à Moscou (3-5 oct.) 

 

 


un symposium international (avec Elena Galtsova):

« Le mythe de Napoléon dans la culture mondiale: épistémologie, littérature, historiographie et art » à l’Institut de Littérature mondiale de l’Académie des Sciences de Russie ( en partenariat avec Ekaterinbourg, l’Univ. d’Etat de Moscou (Lomonossov), l’Institut d'Histoire russe de l'Académie des Sciences de Russie, l’Ambassade de France à Moscou ).

Seront présents des universitaires corses, français, russes, chinois, espagnols, allemands.

Côté universités françaises seront présentes : Paris IV-Sorbonne, Lyon III, IRPHIL-Jean Moulin, les établissements de Haute-Alsace, de Tours et l’Institut Napoléon.

Un long et patient travail obstiné de Jean-Dominique Poli avec « dès 2014, des travaux universitaires  menés en Corse sur les liens entre les Paoli et l’Empereur.

L’universalité du mythe napoléonien a permis la constitution d’un réseau international de chercheurs, enrichi par la collaboration avec la Fédération Européenne des Cités Napoléoniennes.

Il fallait prendre acte du renouveau universel, étonnant, du mythe historique et héroïque de Napoléon. » 

Les séminaires et colloques internationaux se sont succédés dont : 


« Le mythe de Napoléon aujourd’hui » (2010), « Guerres napoléoniennes sur les cartes mentales de l’Europe» (Moscou - 2011) et enfin « Iconosphère de la figure mythique de Napoléon »  (2013). 

En 2014, la recherche historique a pris de l’ampleur pour installer ses ramifications, dans la vie de la cité et dans la vie politique insulaire, devenant un projet global mémoriel et territorial « Paoli-Napoléon ».

Il comporte « un volet scientifique et un volet de valorisation économique et culturelle ».

Il associe les figures de Paoli et de Napoléon et la Révolution corse du XVIIIe siècle, advenue dans le contexte des Lumières européennes. Les Rencontres Universitaires Internationales « Paoli-Napoléon » de juillet 2015 à Corté ont réuni des universitaires corses, français, polonais, chinois, japonais, américains et russes, tous spécialistes des révolutions du XVIIIe siècle, ainsi que du Consulat et de l’Empire. Ni abstraite, ni totalitaire, ni cartesienne, ni jacobine la doctrice paolienne... 

Peu portée sur l’abstraction, le cartesianisme ou le sacro-saint jacobinisme: la doctrine paolienne naît en Corse alors que la France vit encore sous l’ancien régime…

Pragmatique, elle « garantit l’autonomie du politique et la sécularisation de la société sans en éjecter le fait religieux » précise J-G Talamoni qui insiste sur les initiatives de Paoli, tout a fait inouïes pour l’époque.

Dont le concept de « Nation comme opérateur du bien commun », la politique éducative comme priorité, l’intégration sociale des Juifs, la séparation des pouvoirs, le vote des femmes etc…

Qu’en est-il de la pensée politique corse chez Napoléon ?

Opposées depuis des décennies, les figures de Paoli et Napoléon Ier, seront - elles enfin réconciliées par l’histoire au XXIème siècle ?

La France républicaine pourrait-elle enfin reconnaître l’apport décisif de Paoli à sa Révolution et à son Code civil ?  Comment raccorder les destinées de Napoléon géant de l’histoire avec Pasquale Paoli, qui reste son portrait caché, son « alter égo », son prédécesseur, son double et son mentor en politique ?

Comment l’histoire fabrique-t-elle le présent ?

L’historien et Membre de l’Institut Jean Tulard va directement à l’essentiel :

« Napoléon le mythe absolu. N’a-t-il pas depuis sa mort, inspiré plus d’historiens, de romanciers, de peintres et de cinéastes que Jésus lui-même ? (…) 

Le destin de Napoléon  est un résumé de la condition humaine…». 

Et aussi un résumé de la science politique moderne, puisque Jean-Guy Talamoni va encore plus loin.

Il attribue 


à Pasquale Paoli les origines de certaines notions fondamentales dont « la responsabilité du Chef d’Etat devant le peuple ", concept qui caractérise le Bonapartisme « et qui, étranger à la France continentale, sort directement du généralat de P Paoli. » . 

Idem pour « la paix religieuse », suivant l’exemple de Paoli, Napoléon propose « que le gouvernement soit au service de la communauté et non l’inverse ». 

On notera aussi la place accordée à l’éducation qui renvoie directement à Paoli créateur de l’Université, et à Napoléon « organisateur de l’Université ». 

Le projet « Paoli-Napoléon » explore pour la première fois, les liens entre la Révolution corse et la trajectoire politique de Napoléon Ier Empereur des Français.  

J-G Talamoni :

« il s’agit de faire connaître, à travers la porte d’entrée que représente Napoléon à l’échelle planétaire, Paoli et les acquis de la Révolution corse.

Le gouvernement républicain de 1755 a fonctionné pendant 14 ans, selon les idées des Lumières, avec une préparation théorique et une doctrine politique. » .

Des  recherches historiques représentant une plongée au cœur de la « science politique » , idéalisée et vécue en Corse au Siècle des Lumières. 

 

Source : Médiapart.

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