OPINION : AUTONOMIE ET NATIONALISME.

OPINION : AUTONOMIE ET NATIONALISME.

 

Nous donnions au mot "nationalisme" une signification précise, en rapport avec la défense de notre Peuple, la reconstruction d'une Nation vaincue, la résistance face aux pratiques d'un état jacobin et en réaction à des positions regionalistes réformistes jugées trop timides.


Les régionalistes devenus "autonomistes", le qualificatif "nationalistes" était plutôt réservé aux indépendantistes, puis le concept s'est élargi à tout ce que la Corse comptait de personnes engagées, avec un sentiment d'appartenance à un Peuple, à une vieille Nation, même si les autonomistes n'envisagent pas de quitter le giron de la République française. 


A chaque occasion où il a été décidé de former des unions électorales, les idéologies propres aux différents partis composant le mouvement national, ont été mises de côté, l'important étant de remporter des victoires, lesdits partis remettant à plus tard les débats de fond politiques qui auraient mis au jour les divergences. 


Et les victoires électorales sont arrivées.  


Grâce à 3 facteurs déterminants à mon avis: 
- l'arrêt de la lutte clandestine décidée par le FLNC, 
- l'union des autonomistes et des indépendantistes derrière le plus petit dénominateur commun à savoir la revendication d'un statut d'autonomie, 
- l'ouverture à des personnalités nouvelles, qui n'avaient jamais ou très récemment milité au sein de partis dits "nationalistes ".


Et la Corse s'est découverte majoritairement autonomiste. 


Le sentiment nationaliste lui, s'est développé, enraciné dans des pans entiers de notre société.


Une réflexion s'impose désormais autour des prochaines élections. Et celles d'après. 


Je voudrais faire un peu de politique fiction pour y contribuer :
Imaginons que la Corse obtienne rapidement l'autonomie qu'elle réclame majoritairement : 
il subsisterait certainement un tout petit parti réactionnaire, réfractaire aux réformes et nostalgique du bon vieux temps, mais de quoi serait composé le reste du paysage politique ?


Forcément de "nationalistes", mais tant de personnes aussi différentes, aussi éloignées politiquement ne peuvent être toutes réunies sous cette même appellation, trop floue, trop imprécise, et trop souvent connotée négativement. 


La nature ayant horreur du vide, le courant autonomiste au pouvoir, ayant atteint son objectif institutionnel, serait dans l'obligation d'intégrer les "autonomistes" de droite ou de gauche qui sont déjà présents sur l'échiquier politique et qui seront certainement leurs alliés.

 

Il leur faudra donc se structurer, construire un programme, autour de choix de société.

 

Et nous devrions assister à l'émergence de tendances, (de partis?) tous autonomistes, reflétant les idéologies forcément divergentes des courants de pensée composant cette mouvance.


Les partis militant pour l'autodétermination et l'indépendance pourront être associés au pouvoir, s'ils ont contribué à la victoire, mais leur combat institutionnel à eux ne sera pas terminé.

 

Et il est fort à parier que les sujets de désaccord pourraient être nombreux avec leurs partenaires autonomistes. 


Alors ils pourraient se retrouver dans l'opposition. 


Eux non plus d'ailleurs n'échapperont pas aux débats idéologiques internes et à la formation de tendances ou de partis car l'indépendance doit avoir un contenu politique. 


L'union électorale entre tous les nationalistes a créé une dynamique de victoire.

 

Elle en était l'une des conditions.

 

Elle l'est certainement encore.

 

Il faut donc que les uns et les autres fassent encore des concessions et des efforts pour maintenir l'union, consolider un électorat et le développer encore.

 

Comment prétendre à la victoire si chacun reste enfermé dans son parti en rejetant les apports de nouvelles voix, de nouvelles personnes acquises aux thèses des nationalistes ? 


L'exercice du pouvoir après des décennies de combats dans l'opposition n'est pas facile.

 

On le voit tous les jours.

 

Il suppose beaucoup de qualités dont la première doit être l'endurance pour résister aux critiques acerbes et le plus souvent injustifiées.


Et je crois qu'il apprend aussi à ceux qui l'exercent et à ceux qui les soutiennent l'humilité, le pragmatisme et le réalisme.


Il est donc permis de dire que pour gagner une élection il faut réunir plusieurs forces sans pour autant qu'elles soient obligées de se compromettre ou de se renier.


Forces différentes certes, mais convergentes sur des objectifs concrets, à court terme, partageant un dénominateur commun, une première étape sur le chemin de l'émancipation. 


Bien sûr ce n'est pas très gratifiant pour quelqu'un qui a milité dans les conditions les plus dures, qui a fait tous les sacrifices, de devoir accepter qu'un nouveau venu, un "néo- nationaliste " lui soit préféré à un poste de responsabilité. 


Bien sûr les visions de ce qui peut ou doit être fait sont quelques fois en opposition totale.

 

Mais peut-on se dispenser de rechercher cette union le plus souvent possible?


Je ne le crois pas.

 

Cette union est pour le moment indispensable.

 

Elle se ferait d'ailleurs dans de meilleures conditions si certains acceptaient d'admettre les difficultés que rencontrent les élus nationalistes et reconnaissaient de temps en temps leur mérite et leur sincérité.

 

A moins que le retour en arrière ne séduise quelques nostalgiques, toutes ces critiques sur le terrain choisi des réseaux sociaux sont contre- productives et dangereuses.


J'espère vraiment que nous verrons cette union se réaliser à l'occasion des prochaines échéances.

 

Les enjeux le valent bien. `


Jusqu'à l'accession à l'autonomie. 


Car ensuite, les Corses devront pouvoir choisir la société dans laquelle ils veulent vivre.

 

Et voter librement.

 

Ce ne sera sûrement pas pour une Corse dominée par un parti unique.


Chacun reprendra son identité propre, sa capacité à s'opposer au pouvoir en place ou à le soutenir et défendra ses idées devant le Peuple.


Le remplacement du pouvoir central exercé par Paris, pour une large part, par un pouvoir régional autonome va changer en profondeur notre société et notre façon de concevoir la politique.

 

Il faut s'y préparer et sortir des schémas de pensée du passé. 


Dans une Corse autonome quel sens aura le mot "nationaliste"?

 

S'il s'agit de définir un sentiment d'appartenance à un Peuple, presque tous pourront se reconnaître dans ce vocable. 


Même si nous y sommes attachés au regard de ce qu'il représente pour nos générations, il n'aura plus de réel contenu politique.


Par contre il sera possible à chacun de se retrouver dans l'un ou l'autre des partis qui représentera le mieux ses idées.

 

Chacun pourra décider si l'autonomie est le statut dont la Corse a besoin pour assurer la survie de son Peuple, ou s'il faut aller plus loin et reconstruire notre Nation, par l'accession à l'indépendance en empruntant la voie de l'autodétermination. 


Nous sommes depuis Paoli des républicains, des démocrates, attachés à la liberté de penser.

 

Nous le resterons, dans toute notre diversité.

 

Et pour le bien des générations futures il faut qu'il en soit ainsi.

 

 

 

 

Photo : Les nationalistes corses revendiquent un "statut de très large autonomie". 

ARCHIVES AFP
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