LES TOURS DE L'ÂGE DU BRONZE EN CORSE.
LES TOURS DE L'ÂGE DU BRONZE EN CORSE.
LES TOURS DE L'ÂGE DU BRONZE EN CORSE.
LES TOURS DE L'ÂGE DU BRONZE EN CORSE.

LES TOURS DE L'ÂGE DU BRONZE EN CORSE.

Bilan historiographique

Foce et Balestra, les premières torre répertoriées à la fin des années 1950, ont été fouillées dans la foulée par R. Grosjean.

Jusqu’au milieu des années 1970, c’est ce chercheur qui monopolise les travaux sur ce type de monument (Foce, Balestra, Filitosa, Araghju, Cucuruzzu, Torre, Tappa, Bruschiccia, Ceccia, Alo-Bisughjè pour les plus connus).

Il convient donc de rappeler les principaux traits du discours évènementiel de R. Grosjean, devenu célèbre sous le nom de « théorie shardane ».

 

Celle-ci envisage l’invasion de l’île par un peuple belliqueux, les Shardanes, illustre groupe de la coalition des « Peuples venus des îles de la Grande Verte » ou des « Peuples de la Mer » en fonction des traductions, arrivés de Méditerranée orientale pour s’installer en Corse et en Sardaigne à la suite de leur tentative manquée en Égypte ramesside dans le troisième quart du IIe millénaire.

Après avoir repoussé la résistance indigène grâce à leur supériorité technologique (métallurgique surtout), les Shardanes s’implantent et édifient les torre, caractéristiques temples circulaires en forme de tours et dédiés au culte du feu et/ou des morts, souvent à l’endroit où vivaient leurs adversaires d’hier.

Ils sont à cette occasion rebaptisés « Torréens ».

Afin de mieux stigmatiser leur victoire, ils détruisent les sanctuaires des autochtones dits « Mégalithiques », plus particulièrement ceux élaborés pour commémorer les victoires de ces derniers sur les envahisseurs : les alignements de statues-menhirs armées représentant les chefs shardanes abattus avec tous leurs attributs guerriers (poignards, casques et cuirasses).

Ces éléments gravés sur les monolithes sont d’ailleurs comparés (et identifiés) à ceux représentés sur les bas-reliefs de plusieurs temples égyptiens.

Dans le cas du monument central de Filitosa, des fragments de monolithes récupérés dans l’un de ces sanctuaires détruits sont remployés comme simple matériau de construction.

Cet évènement souligne le dédain supposé d’un premier groupe constructeur de torre pour un second sculpteur de statues-menhirs.

 

 

Depuis quelques décennies déjà, la plupart des chercheurs s’accorde pour l’abandon de ce modèle et plusieurs éléments sont « tour à tour » venus ébranler les différents pans de la théorie shardane.

Les travaux de G. Camps à Terrina IV ont tout d’abord permis de savoir que les indigènes maîtrisaient la métallurgie près de deux millénaires avant le prétendu débarquement des Shardanes dans le golfe de Porto-Vecchio.

Autre argument décisif, les datations réalisées dans les niveaux inférieurs de plusieurs torre montrent que ces monuments émergent probablement dès la fin du IIIe millénaire et ne peuvent donc avoir été élevés par un peuple arrivé dans l’île aux alentours du XIVe s. av. J.-C.

Il faut noter, pour être tout à fait honnête, que R. Grosjean, alerté à la fin de sa vie par ces datations hautes, modifie son schéma global pour proposer une présence des Shardanes en Corse dès avant les expéditions en Orient.

La tendance actuelle est relativement calquée sur les schémas archéologiques dits « autochtonistes » qui se sont développés en Europe occidentale ces trente dernières années, mettant ainsi en évidence une évolution des groupes locaux passant d’un stade néolithique à un stade protohistorique selon un modèle méditerranéen assez classique.

On soulignera ici, en s’autorisant une digression, qu’une relecture des sources orientales pourrait remettre au premier plan certains aspects des théories de R. Grosjean, en faisant des populations corses et sardes de l’époque des membres à part entière des expéditions (de piraterie ?) menées contre l’Égypte pour le compte de princes mycéniens.

Ces opérations, formées de mercenaires recrutés dans toute la Méditerranée et conduites au cours de la deuxième moitié de notre Bronze moyen, ont pu intégrer des contingents insulaires (Shardanes : populations de Sardaigne ?) aux velléités impérialistes dominantes de leur époque comme ils le feront un millénaire plus tard à Himère (Hérodote, VII, 165) sous la bannière carthaginoise…cette fois-ci contre des Grecs.

Si cette vision s’avère la bonne, ce que l’on ne saura probablement jamais, on pourrait affirmer que, d’une certaine façon, la théorie shardane est toujours recevable, à condition de la dépouiller de ses relents diffusionnistes.

Les fouilles de torre se poursuivent après le décès de R. Grosjean, jusqu’au milieu des années 1990.

Ces nouveaux travaux concernent les monuments de Calzola, Cuntorba, Pozzone, I Calanchi-Sapar’Alta (J. Cesari) et Tusiu (F. de Lanfranchi).

Les excavations se démarquent des précédentes par l’emploi de procédures plus scientifiques et par la prise en compte de toutes les focales et non plus seulement l’architecture.

Source : cuciurpula.fr
 
Posté par Kewin Peche-Quilichini dans Archéologie
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