LES COLONIES FRANÇAISES : UNE AFFAIRE CORSE.

LES COLONIES FRANÇAISES : UNE AFFAIRE CORSE.

 

Kayes, Soudan, 1925.

Entourée de ses élèves, Marie-Jeanne Nicoli pose pour la photographie de classe.

Image d'une colonisation présentée comme émancipatrice hier et liberticide aujourd'hui, le portrait figure en bonne place dans l'exposition que le musée de Corte consacre au rôle prépondérant joué par les Corses dans l'expansion de l'empire colonial.

« Sans la Corse et les Corses, pas de colonisation française », affirmait le général Gouraud.

De fait, de l'Algérie au Niger en passant par le Tonkin, 22 % des conquérants français sont des insulaires.

Les civils sont, eux aussi, nombreux à quitter une île en marge de la révolution industrielle et en proie à une grave crise agricole.

Quelque 100.000 Corses en Algérie, plus de 20.000 en Tunisie devenus planteurs, négociants mais également hauts fonctionnaires, tel François Pietri, directeur général des finances du Maroc de 1917 à 1924.

Tous sont liés à cette colonisation que l'exposition Corse-Colonies illustre via 257 pièces prêtées par des musées et des particuliers.

Drapeaux, uniformes, documents administratifs évoquent cette aventure.

Dans le Constantinois, une centaine d'entre eux créent un village de toutes pièces, à Sidi Merrouane.

À Saigon, l'Hôtel Continental est le point de ralliement des Corses d'Indochine.

Ces expatriés n'en demeurent pas moins viscéralement attachés à leur île.

« S'ils se sont totalement identifiés à la France à travers l'aventure coloniale, ils restent, paradoxalement, corses avant tout », souligne Anne Meistersheim, commissaire de l'exposition.

Dans les années 60, la décolonisation rompt ce bel équilibre.

À la Mère-Patrie, ces « émigrés-immigrés » reprochent à la fois l'abandon des colonies et celui dans lequel ils retrouvent leur île, « oubliée » d'une République qu'ils estiment avoir fidèlement servie.

Corse-Colonies met en exergue cette relation ambiguë qui a sans nul doute favorisé la montée en puissance du nationalisme corse.

SYLVIE ACQUAVIVA.

Source : LES ÉCHOS.

Photo : Kayes, Soudan, 1925. Entourée de ses élèves, Marie-Jeanne Nicoli pose pour la photographie de classe.

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