UNE FAMILLE CORSE: LES BALESI DE MANDRIALE La Corse : une ile et son peuple
Carte de répartition des sites corses relatifs au Bronze ancien (2200 à 1650 av. J.-C.) de la Corse, 1. Sites de tous types ; 2. Sites à pierres dressées potentiellement attribuables au Bronze ancien.
UNE FAMILLE CORSE:
LES BALESI DE MANDRIALE
La Corse : une ile et son peuple
La Corse n’est pas la plus grande ile de la Méditerranée mais elle en est la plus diverse géographiquement et, de loin, celle dont l’environnement demeure le mieux protégé.
L’ile est un fragment détaché de l’ensemble géologique ibérique qui s’éloigna vers l’Est il y a environ vingt-cinq ou trente millions d’années donnant néanmoins l’apparence d’un morceau des Alpes qui aurait fait école buissonnière avec ses quelques vingt sommets dépassant les deux mille, dont le Monte Cinto, le plus haut avec ses 2,706 mètres.
La géographie détermine l’histoire.
A la fin de la période glaciaire la Corse n’étant séparée de la Sardaigne que seulement par un canal de onze kilomètres de large et, au nord, de la péninsule italienne que par trente kilomètres de mer, il était logique que les immigrations atteignant ces deux destinations auraient un impact sur elle.
Les premières apparences humaines le sont du mésolithique, entre 9500 et 6000 avant notre ère.
Le dernier lien terrestre entre Corse et Sardaigne est maintenant a quelques soixante mètres sous l’eau, date de la dernière glaciation.
Si les populations du Mésolithique vivaient de chasse et cueillettes nous n’en trouvons trace en Corse car aucun des sites connus et explores n’a révélé la présence d’os de larges mammifères que l’on trouve partout ailleurs.
Seuls les restes de milliers de petits animaux terrestres et de poisson ont été identifies.
Peut-être que cette singularité facilita la transition a l’époque suivante dite du Néolithique qui commençant en 4500 avant notre ère amena bergers et agriculteurs dans l’ile.
Traces d’une occupation continue sur les mêmes sites portent a croire a une coexistence de cultures, les pratiquant de la première adoptant la seconde.
La découverte récente de la présence des gènes de Neandertal dans l’ADN de l’homme moderne partageant une origine eurasienne démontre que contrairement a l’hypothèse originelle la norme durant les temps préhistoriques aurait été marquée par transition, coexistence avec les nouveaux venus dominateurs amenant a l’absorption plutôt qu’extermination.
L’arrivée de l’Homme dans cette unité qu’était alors Corse et Sardaigne fut donc relativement tardive considérant que l’Homo sapiens apparut sur le continent euro-asiatique entre quarante et trente-cinq mille ans avant Jésus-Christ.
La plus ancienne trace humaine a été détectée sur un site en Géorgie, près des montagnes du Caucase, remontant a un million huit cent mille ans.
Des restes plus récents, environ datant d’un million d’années ont été découverts sur la cote méditerranéenne française, montrant une progression vers l’Ouest extrêmement lente.
Nous connaissons très peu quant a la navigation durant le Mésolithique ; seuls des canoës façonnés depuis de troncs d’arbres, suffisant pour négocier ruisseaux et rivières (bien faits par ailleurs) ont été mis a jour, tous jusqu’à présent dans le nord de l’Europe.
Ils auraient été insuffisants pour la traversée du canal entre Toscane et Cap corse même durant la période ou les eaux furent les plus basses, tout en considérant l’absence d’une architecture navale adéquate pour l’époque, il n’en demeure pas moins que des petits groupes durant les périodes du Mésolithique et du Néolithique ont, en fait, trouver moyen de coloniser les iles.
Déjà a partir de 2000 ans avant notre ère, la Méditerranée orientale était traversée par marchands et guerriers de toutes espèces et de toutes allégeances.
Par contre les iles a l’ouest de l’Italie demeuraient alors toujours plus ou moins terra incognita, une situation que la pression d’une démographie croissante allait changer.
Les choses changèrent particulièrement avec l’arrivée d’un peuple connu comme « le Peuple de la mer », les Sardanes, guerriers qui, avec leurs allies les Philistins avaient plusieurs fois défié l’Égypte des Pharaons.
Les chercheurs ne sont pas entièrement d’accord quant au lieu d’origine des Sardanes.
L’Asie mineure est suggérée par certains, la Lybie, les iles de la Méditerranée orientale par d’autres.
Les Sardanes donnèrent leur nom a la Sardaigne et, en Corse, a la ville de Sartène.
Leur arrivée en Corse est estimée entre 1400 et 1200 avant Jésus-Christ ;
le site archéologique de Cucuruzzu témoigne de leur pouvoir militaire.
Ils construisirent des tours (Torre, semblables aux Nuraghe de la Sardaigne), des constructions de pierre, casteddi ou châteaux, lentement étendant leur empire vers le nord de l’ile, combattant les peuples de l’âge de bronze qui les avaient précédés.
Cela n’avait rien a voir avec la guerre éclair.
Les défenseurs, peuples mésolithiques et néolithiques confondus, essayèrent de parer au pouvoir des envahisseurs par l’utilisation de rituels magiques, en érigeant des statues de granit de géants portant dagues et épies, stazzone ou menhirs, dont les groupements silencieux peuvent se voir aujourd’hui sur le site de Filitosa.
Ces effigies de Sardanes en armes plus grandes que nature furent témoins d’un conflit majeur, le premier d’une série qui créa et moula les Corses.
Les hommes représentés par ces sculptures quelques douze siècles avant Jésus-Christ s’établirent essentiellement dans les montagnes du sud que l’on appelle le Pumonti ou bien Di la dei monti, ou encore, l’Alta Rocca, parfois simplement La Rocca, se faisant l’imprégnant de cette particulière culture fierté ombrageuse qui éventuellement donnera le ton a la Corse jusqu’à ce jour.
Quoique que nous ne puissions avoir pas tous en nous les gènes du « Peuple de la mer », innombrables générations plus tard leurs empreintes marquent toujours nos cœurs et nos âmes.
Environ huit cent ans séparent la fondation d’Alalia, en 564 avant Jésus-Christ sur la cote orientale de la Corse par des Grecs réfugies de l’ile Ionique de Phocée ou Phokaia du début de la conquête romaine, une conquête achevée seulement après pas moins de douze expéditions durant deux siècles.
Ce long sanglant conflit entre les légions romaines et les Corses fit beaucoup pour convaincre unanimement écrivains et chroniqueurs de l’Antiquité qui décriront peuple et géographie de l’ile comme un environnement sauvage sans aucune valeur positive.
La Geographia du savant grec Ptolémée (90-168) liste les noms de douze tribus vivant dans trente-huit polis ou « villes », peuples qui, selon le philosophe romain Sénèque (4- 65) qui passa des années d’exil en Corse, évoque une langue « barbare » dont les traces peuvent se retrouver dans la toponymie et l’inflexion gutturale plus évidente dans le sud de l’ile en contraste avec la langue parlée dans le nord plus tuscanighiata ou influencée par le toscan du a la proximité du continent italien.
Et pourtant, en dépit de toute cette mauvaise réputation, tous les pouvoirs successifs jaillis de l’écroulement de Rome, tentèrent la conquête d’une ile dont l’abondance de ports naturels la rendait stratégiquement valable.
Ce furent les Vandales en 455, les Byzantins en 534, les Goths en 550, Lombards et Maures en 725, encore les Maures en 806, les Toscans en 829.
Leurs séjours furent toujours brefs et leurs impacts négligeables.
Source : balesifamily.wordpress