LA RÉVOLTE DES CORSES RACONTÉE PAR JEAN JACQUES ROUSSEAU.
Portrait de face d'un homme à l'aspect bienveillant, soigneusement vêtu et perruqué, assis sur une chaise de paille. Pastel de Quentin de La Tour, Jean-Jacques Rousseau, en 1753 (alors âgé de 41 ans).
LA RÉVOLTE DES CORSES RACONTÉE PAR JEAN JACQUES ROUSSEAU.
Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat Social.
« Après une suite de mouvements, plus ou moins vite réprimés, les Corses s’ameutèrent de nouveau en 1729, par l’imprudence d’un collecteur des impôts Génois, qui voulut, pour être payé, saisir les effets d’une pauvre femme.
Ils se choisirent deux chefs qui s’emparèrent de la capitale.
Gènes, après bien des efforts, eut recours à l’empereur Charles VI, qui envoya d’abord des troupes insuffisantes.
Leur mauvais succès détermina la cour de Vienne à y envoyer une plus forte armée.
Les Corses se prêtèrent alors à un accommodement, dont l’empereur fut le garant, ce qui fut signé en 1733.
Dès l’année suivante, les Corses reprirent les armes, soutenant que les Génois avaient violé le traité.
Ce furent des combats continuels jusqu’à l’apparition du baron Théodore de Neuhoff, du comté de la Marck en Westphalie, qui fut proclamé roi de Corse en 1736.
Il ne finit pas l’année sur son trône et, fugitif de lieu en lieu, arrêté à Londres pour dettes, il dut sa liberté au bénéfice de l’acte d’inviolabilité.
Cependant, Gènes ne pouvant réduire les rebelles eut recours à la France, qui envoya en 1738, des troupes pour soutenir la médiation et pour combattre les Corses.
Après plusieurs combats et beaucoup d’exécutions sévères, les Corses furent contraints de rendre les armes à la fin de 1739, et en 1740 toute l’île fut soumise à la France.
A la fin de 1741, les troupes françaises remirent l’île aux Génois et se retirèrent.
À peine furent-ils partis, les troubles recommencèrent…
La guerre depuis 1748 continua sous différents chefs, jusqu’en 1755, où Pascal Paoli… fut élu général de l’île par le conseil général du royaume (de Corse).
Il chassa les Génois de plusieurs villes de l’intérieur du pays ; il s’appliqua avec autant de sagesse à rétablir l’ordre et la sûreté partout.
Il serait peut-être parvenu à chasser enfin les Génois, si, en 1764, la France n’avait fait un nouveau traité avec cette république pour envoyer des troupes…
La République de Gènes fatiguée de commander à des sujets toujours mécontents, les a remis à la France en 1768, par un traité qui eut son effet par les armes victorieuses des Français.
La Corse fut presque toute conquise l’année suivante par les armes de cette nation, sous les ordres du comte de Vaux.
Cependant Paoli et ses compatriotes se défendirent avec un courage incroyable ; souvent ils emportèrent des avantages signalés sur les Français ; enfin ils furent obligés de céder à la force.
Paoli, ne pouvant sauver sa Patrie, prit le parti de la quitter. »
Article « Corse » de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert