LA MÉDITERRANÉE ASSÉCHÉE.

Formation de la Méditerranée :

2 ans seulement ont suffi pour créer la Méditerranée avec de l'eau venue de l'Atlantique, il y a 5,33 millions d'années.

L'Atlantique a brutalement Rempli la Méditerranée :

Il aura fallu moins de deux ans pour remplir 90 % du bassin de la mer Méditerranée il y a 5,3 millions d'années.

Coupée de l'océan Atlantique des centaines de milliers d'années auparavant, la Méditerranée s'était peu à peu transformée en un grand lac salé.

Les chercheurs ont mis en évidence un chenal de 200 km de long traversant le détroit de Gibraltar.

Il a été creusé par les eaux de l'Atlantique au moment de l'inondation gigantesque du bassin de la Méditerranée.

Selon leurs calculs, le débit était alors équivalent à 1000 fois celui de l'Amazone, et l'élévation du niveau de l'eau dans la Méditerranée aurait atteint jusqu'à 10 mètres par jour.

 

Quand la Méditerranée se Traversait à Pied Sec

Elle parait immuable, et pourtant... la Méditerranée s’est asséchée il y a 5,6 millions d'années.

Un événement longtemps contesté qui vient d’être reconnu.

On connait ses rivages, ses plages, ses eaux bleues synonymes de vacances et de farniente.

Comment imaginer qu’il y a moins de 6 millions d'années, la Méditerranée s'est totalement asséchée, n’offrant plus que le spectacle d’une épaisse couche de sel étalée sur ses fonds jadis marins.

Puisqu’elle a connu un véritable raz-de-marée, une remise en eau spectaculaire qui selon certaines estimations n’aurait duré que 14 ans !

Cet événement brutal, et peut-être unique au monde, eut alors pour conséquence, selon le principe bien connu des vases communicants, d'abaisser le niveau global des océans de 6 mètres !


Ces événements, désormais connus sous le nom de crise messinienne (du nom de l’étage géologique, il y a 5,3 à 7 millions d’années), font aujourd’hui l’objet d’un consensus.

Oui, la Méditerranée s’est bien évaporée voici 5,6 millions d’années.

Oui, elle s’est bien remplie à nouveau en quelques décennies à peine.

 

LES INDICES SE CACHENT AU FOND DES FLEUVES

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France opte pour la filière du nucléaire et décide de construire une série de centrales le long du Rhône : les installations pourraient en effet utiliser le fleuve pour leurs eaux de refroidissement.
 
Des géologues, dont le Français Georges Clauzon, procèdent à des sondages de terrain et dressent une coupe du sous-sol, préalable à toute construction de ce type.
 
Surprise : le Rhône semble avoir creusé un vrai canyon dans le socle rocheux, aujourd’hui rempli de sédiments.
 
Le lit du fleuve présentait donc dans le passé une forme de gorge étroite.
 
Du point de vue géologique, cette figure laisse supposer que le niveau de la mer, à l'embouchure du Rhône en Méditerranée devait être beaucoup plus bas qu'aujourd'hui, et que pour le rejoindre, le fleuve a dû creuser le socle.
 
Quand le niveau de la Méditerranée s'est remis à s'élever, l'eau est remontée dans le canyon : "les sédiments découverts lors des forages comportent des traces de plantes caractéristiques de bord de mer, et cela jusqu'à la hauteur de la ville de Beaune, en Bourgogne".
 
Or, dans les années 1960, l'idée même que le niveau de la Méditerranée ait pu être très bas n’avait jamais effleuré les esprits.
 
Le canyon du Rhône a donc été classé - au mieux - au rang des curiosités géologiques, tandis que certains spécialistes tentaient une explication en invoquant un effondrement de terrain.
 
Auparavant, les travaux du barrage d'Assouan, sur le Nil, avaient réservé la même surprise : le grand fleuve africain avait dû lui aussi creuser un canyon profond, aujourd'hui rempli de sédiments.
 
Et l'on retrouve également des fossiles de littoral marin jusqu'au barrage.
 
Comment expliquer un tel dénivelé ?
 
Seule la théorie de l'assèchement a permis de valider ces observations de terrain.

 

 

Assèchement Hier, Séismes Aujourd’hui

 


A l'origine, l’alimentation de la Méditerranée se faisait probablement par 2 chenaux naturels : l'un situé en Afrique du Nord (passant par Rabat, Fès et Oujda), l’autre en Espagne méridionale (passant par Séville et Murcie), même si leurs contours ne sont toujours pas bien connus.

Gibraltar était alors un isthme affleurant presque en surface entre Méditerranée et Atlantique.

"La Méditerranée devait alors être formée de 2 bassins profonds et de plusieurs bassins marginaux peu profonds", explique Bertrand Meyer, du laboratoire de tectonique de l’université Paris-VI.

Il y a 7 millions d’années, sous la poussée tectonique de l'Afrique, le canal espagnol se referme avec création de la Sierra Nevada.

Un million d'années plus tard, survient une baisse du niveau de la Méditerranée à cause d'une période glaciaire due aux grands cycles climatiques naturels : la formation de la glace dans les hautes latitudes mobilisant, une grande quantité d'eau, elle aurait fait descendre globalement le niveau de la mer de 150 mètres dans les bassins marginaux.

Les moins profonds se seraient alors asséchés, du sel s’y serait déposé, tandis que les bassins profonds ont simplement vu leur niveau diminuer.

Des niveaux de gypse - appelé aussi "évaporite" - étaient en effet connus de longue date dans les bassins marginaux.

A la fin du premier assèchement partiel, le niveau de l’eau est doucement monté.

On pense que tremblements de terre ou glissements de terrain auraient alors fermé le corridor marocain.

La Méditerranée serait devenue une "landlocked sea", une mer au milieu des terres, avec un seul petit passage vers l'Atlantique, à Gibraltar.

Ce blocage aurait coïncidé avec des conditions particulières :

"Un climat tropical subdésertique et une mer exposée est-ouest, dans la direction des vents et de l’évaporation.

Puis, un fond plat, qui favorise également l’évaporation rapide des eaux".

C'est la crise messinienne, il y a 5,6 millions d’années.

Pendant cette deuxième étape, la Méditerranée devient une immense lagune quasiment asséchée.

Et les canyons formés par le Rhône et le Nil correspondraient à cette période.

Ces conditions se seraient maintenues pendant plusieurs centaines de milliers d'années, le temps que l’évaporation soit totale.

 

"Tout au long de cette période, le fond de la mer a continué à être plus ou moins alimenté par des fleuves et l’eau océanique franchissant Gibraltar, ce qui explique un apport faible mais régulier d’eau.

C’est aujourd’hui l’hypothèse la plus probable pour expliquer la quantité de sel détecté".


Comment la Méditerranée s’est-elle enfin remise en eau ?

Les causes n'en sont pas encore connues : un changement du régime climatique général ? Un événement tectonique ?

Tout indique que la mer asséchée s’est remplie grâce à une capture des eaux de l’Atlantique, et cela en un temps record, de l’ordre de quelques dizaines d’années.

Deux observations sur le terrain plaident en faveur de cette rapidité.

Le goulot d’étranglement sous-marin de la Méditerranée se situe à 30 km à l'ouest du détroit de Gibraltar, qui s’est rouvert à ce moment.

Cela signifie qu’un courant marin rapide, d’ouest en est, a violemment déblayé la matière sous la surface de la mer, une trentaine de km avant le détroit, dans le socle atlantique.

 

PEUT-IL Y AVOIR UNE NOUVELLE CRISE ?


Nous ne pouvons pas exclure l'hypothèse d'un nouvel assèchement à long terme de la Méditerranée.

Et il est vrai que cela a été envisagé, et même pris en compte.

D’abord qu'il y a 80 millions d’années environ a débuté un lent mouvement de rapprochement entre l’Afrique et l'Europe et entre l’Inde et l'Asie, ce qui a donné naissance à la chaine des Alpes et des Pyrénées d'une part, à la chaine himalayenne et au plateau du Tibet d’autre part.

Ainsi, dans la continuité de ce mouvement de convergence - rapprochement de la plaque africaine vers la plaque Eurasie -, à l'échelle de quelques dizaines de millions d’années, la Méditerranée disparaitra lentement mais sûrement.


Mais même d’ici là, une nouvelle "crise messinienne" pourrait tout à fait survenir, car cette mer n'a qu'une seule porte d’entrée vers l'océan mondial, le détroit de Gibraltar.

Au niveau du détroit, la profondeur de l'eau n'est que de 300 m.

De fait, un événement tectonique, un séisme par exemple, pourrait totalement fermer ce passage.

Il faut savoir qu’aujourd’hui, le mouvement de l'Afrique vers l’Europe est légèrement orienté à l’ouest : il est de 6 mm/an au niveau du méridien d'Alger, alors qu'il atteint 11 mm/an au niveau du Caire.

Et que les 2 plaques sont plus proches aujourd'hui qu’elles ne l'étaient il y a 5 millions d’années.

Une nouvelle baisse du niveau de la mer et des événements tectoniques pourraient déclencher de nouvelles crises.

C’est compte tenu de toutes ces réflexions que le site de Marcoule, dans le Gard, n’a par exemple pas été retenu pour des déchets nucléaires à vie longue.

Source : planete.gaia.
 

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