CORSE : PARTIE DE POKER MENTEUR A TROIS, ET LE GAGNANT EST…..
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CORSE : PARTIE DE POKER MENTEUR A TROIS, ET LE GAGNANT EST…..

 

Nous sommes le 14 juillet 1755, la république de Corse est proclamée, avec à sa tête Pasquale Paoli.

La guerre s’amplifie avec les génois.

Ils sont battus dans le Boziu (1757) et les corses s’emparent du cap corse, sauf Macinaggiu.

L’armée corse occupe et fortifie Furiani coupant ainsi les communications génoises entre San Fiurenzu et Bastia.

L’aura de Pasquale Paoli ne cesse de s’amplifier à travers l’Europe, les génois n’osant mettre un pied hors des murailles de leurs forteresses côtières, réclament des renforts de toute urgence.

Gènes envoie l’ancien doge Grimaldi et également ancien gouverneur de Corse, avec 6000 hommes armés avec pour objectif faire sauter le verrou de Furiani (1759).

Ce fut un désastre pour les génois.

Paoli, enhardi par ses succès, entreprit de créer une marine de guerre avec une majorité de vaisseaux pris aux génois.

Comble de l’ironie et pour faire bonne mesure, il déclara la guerre aux génois sur mer.

Après de nombreuses défaites, Gènes comprend qu’elle ne pourra soumettre la Corse par la voie des armes, elle opte donc pour des moyens plus doux.

Elle envoie 5 sénateurs conduits par Grimaldi (le vaincu de Furiani) pour parlementer avec Paoli.

Grimaldi propose aux corses des distinctions, des récompenses, une justice équitable (elle ne l’était donc pas avant) et une amnistie générale à condition que l’ile revienne dans le giron de Gènes.

Refus catégorique de Paoli.

La délégation retourne à Gènes la tête basse.

Suite à cette entrevue, une consulte fut organisée (1761, Venzolasca) et 2 décisions importantes furent adoptées :


- Ne faire aucun accord avec les Génois sans qu’au préalable ils eussent évacué entièrement l’ile et formellement reconnu son indépendance.


- Pour mieux marquer leur indignation les corses décident de pendre au gibet un mannequin de paille représentant Grimaldi en attendant de le pendre en chair et en os.


Ce qui devait arriver arriva, les génois piqués au vif, débarquèrent avec de nouvelles troupes à Aléria et de nouveau ils furent battus.

Gènes ne baissa pas les bras, elle envoya un autre contingent qui débarqua à Padulella (Moriani), bis repetita les génois furent obligés de s’enfuir par mer à Bastia (1762).

Têtus, les génois voulurent encore une fois faire sauter le verrou de Furiani (1763) et encore une fois ils furent défaits.

Obligés de se terrer dans les citadelles côtières avec un moral au plus bas, et la crainte de perdre définitivement la Corse, il ne leur restait plus qu’une possibilité : demander une aide étrangère.

Gènes s’adressa, encore une fois, à la France.

Cette dernière devait à la république de Gènes une forte somme d’argent, la demande génoise sembla donc un moyen facile de se libérer de cette dette.

Ce fut donc la signature du 2ème traité de Compiègne (1764) d’une durée de 4 ans.

Le rôle de la France se cantonnait à la seule protection des places fortes côtières et si possible à un rôle de médiateur dans la recherche d’une paix durable.

Marbeuf débarqua en 1764 et installa ses troupes dans les cinq cités côtières de l’ile.

Paoli entama rapidement des relations cordiales avec Marbeuf, en espérant que l’une des plus grandes nations européennes reconnaisse sa république et son indépendance, le naïf !

Poussé par sa renommée européenne, Paoli osa même demander à la France des dédommagements financiers pour l’occupation des places fortes qu’il n’a jamais possédé.

Les relations restaient quand même au beau fixe avec les français.

Paoli, sur la demande de Marbeuf, débloqua les communications entre San Fiurenzu et Bastia.

Marbeuf intervint auprès de Gènes pour procéder à un échange respectif de prisonniers génois et corses.

Les corses furent indignés de revoir un si petit nombre des leurs, la plus grande partie était morte dans les geôles génoises.

Paoli plus généreux avait pris soin des prisonniers génois et cet épisode mis à mal la bonne harmonie entre corses et français (1766).

Très remonté, Paoli décida alors de s’emparer de l’ile de Capraia, possession génoise, et affaiblir ainsi les actions commerciales de Gènes en méditerranée.

Cela fut fait en peu de temps.

En position de force, Paoli en profita pour proposer un traité de paix sous la garantie du roi de France.

Très brièvement le traité proposé par Paoli stipulait le départ des génois et la remise des cités occupées par les français, ainsi que la reconnaissance solennelle de la république corse et son indépendance.

En outre, l’ile de Capraia devait faire partie intégrante de la Corse.

Bien entendu les génois, outrés par les prétentions de leurs « serviteurs » rejetèrent cette proposition.


C’est alors que survient l’incident des jésuites (1767).

Ces derniers furent chassés du royaume d’Espagne allié à la France.

Gènes commis l’erreur d’offrir l’asile en…Corse à ces moines proscrits par tous les monarques.

La France mécontente, donna l’ordre à ses troupes d’évacuer des cités corses.

Paoli profita de cette aubaine pour essayer de les récupérer.

Les français l’en dissuadèrent et lui firent savoir que les cités devaient rester en l’état jusqu’à la fin du traité de Compiègne c'est-à-dire en aout 1768.

Pour apaiser le roi de France et la cour de Madrid, Gènes renvoya les jésuites.

La France proposa à Paoli un nouveau traité de paix résumé ainsi :


- Gènes conserve le titre de roi de Corse.


- Gènes conserve quelques places côtières.


Bien entendu les corses rejetèrent la 2ème proposition.


Pour Gènes le temps pressait car en aout 1768 les français quitteraient l’ile et les génois allaient se trouver seuls et en difficulté devant les armées de Paoli, avec de grandes chances de perdre la souveraineté de la Corse.


C’est à ce moment là que la partie de poker devint intéressante.

Chacun des trois protagonistes jouant un double jeu.

Les corses négociant en sous main avec l’Angleterre, Gènes demanda et espéra une aide militaire de la cour de Madrid pour remplacer les troupes françaises sur le départ.

La France, utilisa la fibre familiale avec le roi d’Espagne pour isoler la république de Gènes à présent ruinée et à sa merci.


Gènes compris très vite qu’elle se trouva dans une impasse, seule possibilité traiter directement avec le roi de France, ce qu’elle fit et les nombreuses tractations plus ou moins secrètes se concrétisèrent le 15 mai 1768 par le traité de Versailles.

La Corse passa exclusivement sous domination française pour une durée de …10 ans.

ET LE PERDANT EST…

On connaît la suite.

Source bibliographique : Histoire de l’isle de Corse. Publié en 1774.
Auteur : François René Jean de Pommereul, lieutenant de l’armée du roi de France lors de la « Campagne de Corse » 1764-1769.

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