Quelques Corses ont participé à la guerre de Sécession, aux États-Unis, dont le natif de Canale di Verde qui, après avoir combattu, a écrit un livre sur la guerre civile américaine.
Dans les archives de l'US Army, son nom est parfois écrit sous les formes les plus anglicisées.
Il y est question de "Morris Grimaldi", ou encore de "Maurice Greenald", mais ces approximations ne laissent aucune place au doute.
Maurice Grimaldi, né le 5 novembre 1841 à Canale di Verde, a figuré parmi les combattants de la guerre de Sécession dans les rangs nordistes.
Présent dans "l'enfer de Fredericksburg" où l'armée de l'Union fut laminée, il vécut également Gettysburg, le jour où la victoire changea de camp.
Au coeur de cette tragique et sanglante histoire américaine, Grimaldi eut sa part de gloire et survécut aux assauts confédérés.
15 février 1922 : mort de Maurice Grimaldi." Quand j'ai compris qu'il avait participé à la guerre de Sécession, j'ai mis ça de côté, avec l'intention d'y revenir."
Il n'a pas 20 ans quand il s'embarque pour les États-Unis.
On ne connaît pas vraiment les raisons de cet appel du large.
Sûrement pas la quête d'une vie meilleure, car il avait achevé ses études secondaires au lycée de Bastia.
À l'époque, avec ce niveau scolaire, un jeune était promis à un bel avenir.
"C'est pourtant à New York qu'il débarque au printemps 1861. La guerre de Sécession vient tout juste d'éclater, il choisit de rejoindre l'armée nordiste."
Ont-ils été nombreux ces Corses partis au bout du monde pour livrer une guerre qui n'était pas la leur ?
Didier Rey en a identifié quelques-uns.
"Six ou sept.
J'ai notamment retrouvé la trace de Raphaël Ferrandini et Paul Sanguinetti chez les sudistes".
Mais le parcours de l'enfant de Canale di Verde a retenu, et retient encore, toute l'attention du chercheur qui passe au peigne fin les archives américaines, identifie les quelques sources corses, propose un nouvel éclairage.
"Contrairement à ce qu'a écrit Le Petit Bastiais , Maurice Grimaldi ne s'est pas engagé dans les Gardes de Lafayette, ce régiment composé de Français émigrés aux États-Unis, mais dans le 82sd New York Volunteers.
" Rares ont été, en effet, les Français engagés dans cette guerre au sein des régiments américains.
Encore plus rares ont été ceux qui ont pris la plume, par la suite, pour écrire sur ces combats.
Grimaldi a pourtant laissé ses mémoires de la guerre de Sécession : Souvenirs d'un volontaire de l'Armée du Potomac .
Écrit aux États-Unis et en français, le récit de Maurice Grimaldi a, de toute évidence, été édité pour une diffusion forcément confidentielle.
Combien d'exemplaires ont circulé ?
L'auteur est-il rentré en Corse avec son seul livre sous le bras ?
C'est une possibilité.
C'est là qu'apparaît une tache dans l'existence de cet ancien combattant pas comme les autres : le destin moins reluisant de son fils, Eugenio, né en Sicile et condamné en 1946 par le tribunal de Bastia pour collaboration avec l'occupant italien.
Cheminement à l'opposé de son glorieux géniteur.
C'est pourtant sur la base d'un écrit de ce fils unique, qui n'eut aucun enfant, que Le Petit Bastiais cite, le 1er juin 1916, le seul passage connu de l'oeuvre de Maurice Grimaldi sur ses souvenirs de guerre*.
"J'assistais alors à un spectacle inoubliable... Six fois je vis les divisions fédérales, en masses profondes, s'élancer follement à l'assaut... On eut dit des vagues furieuses déferlant sans cesse et allant mourir sur les récifs. Héroïques soldats !"
* Nous n'en publions ici que quelques lignes. Le texte figurera en intégralité dans l'ouvrage de Didier Rey.
Source : Corse Matin. Par Noël Kruslin.