PLACE LENCHE : QUARTIER CORSE DE MARSEILLE.
PLACE LENCHE : QUARTIER CORSE DE MARSEILLE.
La femme corse, qui a une profonde noblesse, une incroyable énergie n’est pas d’un abord particulièrement avenant, elle ne sourit guère et son grave visage n’est que le reflet de sa résignation et de sa douleur.
Durant la guerre, elle ne parle plus.
Elle va au champ, à la fontaine, à la messe, en pensant au fils, à l’époux, au frère, au cousin qui est là-bas, dans cet enfer et qui peut-être ne reviendra jamais.
Elle prie, elle égraine le chapelet qui pend à sa ceinture. Il n’en fut pas de même pour grand-mère Lùnetta.
Durant la guerre de quatorze, Lùnetta, qui était sans mari commença à débloquer très fort.
Afin de calmer ses angoisses, elle se mit à hanter les salles obscures, de façon telle, qu’il lui arrivait d’aller à quatre séances, dans un après-midi.
Les films étaient relativement courts à l’époque du muet.
J’étais stupéfaite, lorsqu’elle me confiait qu’elle démarrait, sur le cinéma de Lenche, devenu aujourd’hui un théâtre, qu’elle courait au cinéma Caisserie, qu’elle cavalait vers le Chevalier-Roze, pour finir dans le cinéma du Port que j’ai fréquenté étant adolescente.
Elle habitait, si j’ai bonne mémoire, Rue Fontaine de Calus.
Rédigé par Monique Bellini. MBGC Editions.
Photo : source Pinterest.