JOSEPH GABRIELLI, BERGER CORSE, FUSILLÉ POUR L'EXEMPLE.
JOSEPH GABRIELLI :
BERGER CORSE, FUSILLÉ POUR L'EXEMPLE.

 

Le 8 juin 1915, au cours d’une attaque, il est légèrement blessé.

Son chef de section l’envoie se faire penser au poste de secours.

En revenant, il s’égare et ne retrouve plus sa compagnie.


On le retrouve cinq jours plus tard, terré au fond d’une cave à Colincamps (Pas de Calais) près du front.


Interrogé par les gendarmes, il parle très mal le français.

Il tente d'expliquer que, dans la nuit du 12 juin, lors d'une attaque, il a perdu sa compagnie dès la fin des combats.

Il est revenu à sa tranchée.

Ne trouvant plus personne de son régiment, il a erré pour atterrir à Colincamps.

Il est descendu deux jours dans une cave où les gendarmes l'ont retrouvé.


Le rapport de la prévôté militaire dit autre chose :

«  Le soldat Gabrielli a disparu de sa compagnie le 8 juin au matin et a été signalé par son caporal d’escouade comme manquant à l’appel. Dans la même journée, des soldats de la compagnie faisant le service de ravitaillement ont attesté avoir vu Gabrielli au poste de secours du bataillon. »


Mais d’après l’enquête faite auprès de ses chefs et de ses camarades, Joseph Gabrielli est considéré comme un débile profond, élevé à l’état sauvage et surtout employé à creuser des latrines ou des tranchées.


Il est néanmoins traduit devant le conseil de guerre spécial du 140e RI et un interprète corse traduit les questions des juges et les réponses de Joseph Gabrielli.


Malgré les témoignages de ses compagnons et de son commandant de compagnie confirmant l’irresponsabilité de l’accusé, le conseil de guerre, le déclarant coupable d’abandon de poste devant l’ennemi, le condamne à mort à 20h.

Il est fusillé une heure plus tard.


L'avocat Louis Dupommier, qui a défendu Joseph Gabrielli devant le conseil de guerre, témoigne:


« Au cours de ces quatre années de guerre, j’ai vu de terribles choses.

Je ne crois pas avoir assisté à un plus triste spectacle que cette exécution.

Gabrielli, affolé, courrait devant les fusils en criant :

» Maman, maman, je ne veux pas mourir… »

Il se cramponnait convulsivement, tantôt à l’aumônier, tantôt à moi ; il a fallut planter un poteau sur la tranchée de deuxième ligne pour l’y ligoter.

Cela a duré une demi-heure.

Les hommes du peloton d’exécution étaient terriblement émus.

Un seul être demeurait impassible : c’était le commandant Poussel (tué quelques mois plus tard en Champagne).

Après le coup de grâce, cet officier m’a dit  « Voila une mort qui épargnera bien des vies humaines » J’ai répondu « Vous avez mon commandant, une étrange conception de la justice et vous venez d’assumer une bien effroyable responsabilité devant Dieu ».

Le 4 novembre 1933, la cour spéciale militaire annule le jugement du conseil de guerre et réhabilite Joseph Gabrielli, suite à une révision demandée par sa famille.

Tiré du site Monuments aux morts pacifistes.

Source : le-blog-de-roger-colombier.com

Photo : archives.lorient.fr

 

 

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